Dans toutes les séries de course à pied au Québec, il est difficile de trouver meilleur rapport qualité/plaisir/prix. Depuis 2006,  la Série du Diable, à Shawinigan, permet de participer à une course de cinq kilomètres pour un minime coût d’inscription fixe de cinq dollars ! Et en prime, tous les participants reçoivent une bière de la microbrasserie le Trou du Diable à la fin de l’épreuve. En cette période où foisonnent les différentes épreuves de course partout au Québec et où les frais d’inscriptions sont parfois exorbitants, il est rassurant de voir qu’il est encore possible de prendre part à une course organisée sans pour autant se ruiner.

 

Je me suis entretenu avec le directeur de la Série du Diable, Jean Lemoyne. Il m’expliquait que l'idée de fonder celle-ci est venue de l'exemple de courses aux États-Unis et au Canada où la performance n'était pas l'objectif premier, mais plutôt la socialisation et la fraternisation. Entre autres, la défunte course de West Brome à Sutton lors de laquelle les discussions d'après course étaient intéressantes. Il y avait également la New England Pub Series au Massachusetts où les pubs de l'endroit organisaient les courses. Dans tous les cas, aucun jugement n'était associé à la performance.

 

« La Série du Diable en est cet été à sa neuvième année d'existence. Lors de la toute première course, en juin 2006, 67 coureurs s'étaient inscrits. Cet été, malgré une météo peu clémente, la moyenne d'inscription dépasse les 800 coureurs à l'épreuve du cinq kilomètres. Si on additionne les coureurs qui participent aux épreuves de trois et un kilomètres, ce seront plus de cinq mille personnes qui auront pris le départ d'une épreuve en 2014. Plusieurs d'entre-eux seront même des six courses au programme du calendrier estival.  L'an dernier, ils étaient 170 à avoir réalisé l'exploit », explique avec fierté monsieur Lemoyne.

 

L'origine du nom de cette série de course vient de son association avec un commanditaire de la première heure, la microbrasserie de grande renommée le Trou du Diable qui loge à Shawinigan. Cette dernière est située directement sur la promenade du Saint-Maurice, au centre de Shawinigan. « Nous trouvions que c'était le lieu idéal de rassemblement pour socialiser avant et après une course », précise le directeur de la course.  « Lors des huit premières saisons, les lignes de départ et d'arrivée se trouvaient directement en face de la microbrasserie. Le parcours empruntait une piste cyclable qui longe la rivière Saint-Maurice à Shawinigan et fait le tour du parc Saint-Maurice. Un tracé magnifique bordé d'arbres et où plusieurs spectateurs se rassemblaient pour encourager les coureurs qui passaient devant eux à plus d'une reprise. »

 

Tel que je le mentionnais au début de mon texte, une des plus belles qualités de cette série est son coût d'inscription. Il est incroyablement bas et n'a pas changé depuis 2006. Imaginez, pour cinq dollars, vous obtenez votre dossard de course et, en prime, une bière de la microbrasserie le Trou du Diable à la fin de votre épreuve (une limonade est également offerte au choix). Étant moi-même un amateur des produits de qualité de cette microbrasserie, je peux vous garantir que la bière à elle seule vaut plus que cinq dollars! Jean Lemoyne se dit fier de pouvoir offrir une série de course aussi abordable qui mise sur autre chose que la performance pure. « On doit beaucoup à nos différents commanditaires. C'est un moment de plaisir. On se sent beaucoup moins coupables de boire une bonne bière après un aussi bel effort tout en discutant avec les autres coureurs au parc Saint-Maurice! »

  

Cet été, le parcours diffère des années précédentes en raison du nombre grandissant d'inscriptions. Les responsables commençaient à manquer d'espace devant la microbrasserie du Trou du Diable pour donner le départ et y organiser l'arrivée. Des travaux majeurs de réfections de la chaussée ont également été entrepris à plusieurs endroits ce qui a entraîné la fermeture de certaines artères importantes. Il fut donc décidé d'exploiter d'autres parcours mais qui se retrouvent toujours au coeur de Shawinigan en plus d'utiliser le parc Saint-Maurice comme lieu de rassemblement, une endroit accueillant que les gens de la place comparent au parc Lafontaine, à Montréal, mais en plus petit. Toutefois, les organisateurs sont déjà à tenter de trouver des solutions leur permettant de revenir à leur parcours des dernières années dès l'été prochain tout en conservant le nouveau de cette année.

  

La distance maximale d'une course de la Série du Trou du Diable est de cinq kilomètres. « Nous jugeons que cette distance est parfaite le mardi soir puisqu'elle ne bouleverse pas trop la planification d'entraînement des coureurs réguliers qui participent à des compétitions de plus longues distances les fins de semaine ou qui viennent de prendre part à une course organisée le dimanche précédent. C'est une distance qui n'est pas trop taxante pour les bons coureurs qui souhaitent y aller à fond ou pour le néophyte qui découvre ce sport. Le parcours permet également aux nouveaux coureurs d'arrêter au troisième kilomètre s'ils veulent y aller graduellement », affirme Jean Lemoyne.

 

Lors des premières années de la série shawiniganaise, un thème était souvent rattaché à chacune des courses. Par exemple, la Course de Nostradamus où il était interdit de porter une montre. Le gagnant n'était pas nécessairement celui qui avait été le plus rapide, mais bien celui qui arrivait le plus près de la prédiction de son chrono final. La Soirée des Dames laissait partir les coureuses trois minutes avant les hommes. À eux de tenter de les rejoindre! Les organisateurs ont déjà également présenté une course de catégories de poids. Les chronos tenaient compte du poids des participants. Elle a rapidement été retirée du calendrier puisque les gens n'aimaient pas nécessairement dévoiler leurs poids! Ces thématiques, plus intéressantes les unes que les autres, ont été abandonnées en raison du trop grand nombre d'inscriptions.  Jean Lemoyne donne en exemple la Soirée des Dames. Lorsque les hommes les plus rapides rattrapaient les femmes les plus lentes, une congestion parfois dangereuse survenait. Cette saison, les thèmes des courses visent plutôt à remercier les commanditaires associés à la série.

 

Lors de sa création, le chronométrage se faisait à la main. La plus grande affluence au cours des années suivantes fut un heureux problème pour les responsables du chronométrage qui devaient filmer l'arrivée et la visionner à nouveau jusqu'aux petites heures du matin pour établir les temps officiels de tous les participants. L'utilisation d'une puce électronique de chronométrage, tout en maintenant l'inscription à seulement cinq dollars, est venue régler bien des soucis.

 

Le dénivelé du parcours est relativement faible, mais offre tout de même un défi intéressant sur cette courte distance. « La grande majorité de la course se fait sur le plat mais les deux premiers kilomètres montent un peu. Nous évaluons qu’un coureur sera une vingtaine de secondes plus lent comparativement à son meilleur temps obtenu sur un tracé plat et facile. Rien de trop difficile pour tous les coureurs qui étaient habitués à l'ancien parcours et à sa fameuse montée parfois fatale du quatrième kilomètre. Lors d'une récente course, quatre participants ont terminé en moins de 16 minutes. C'est exceptionnel », conclu Jean Lemoyne.

 

Avis aux intéressés, il reste encore deux courses au calendrier de cette saison, soit le 19 août et le 2 septembre. Il est possible de s'inscrire sur le site officiel de la Série du Diable ou tout simplement aux tables d'inscriptions le soir même de l'événement. Le départ des courses est à 19h. Je me promet bien d’aller faire un tour prochainement à Shawinigan pour découvrir cette belle série de course… et gouter sa bière !