Début de la grande histoire: l'échiquier...":http://www.rds.ca/grand-club/billet/l-%C3%A9chiquier-1.1230756
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Dès la première partie, la rivalité grandissante entre LE Canadien et les Bruins retint l’attention : pas nécessairement parce que les Bruins vinrent se moquer DU Canadien, par le compte de 4 à 0, au Forum, lors de la partie inaugurale, mais surtout par le style de jeu adopté par les Bruins qui déplu beaucoup aux partisans du tricolore et à Léo Dandurand... Ce dernier n’hésita pas à dénoncer publiquement le jeu « trop défensif » des Bruins et envoya une lettre au directeur général Charles Adams et à l’entraineur chef Art Ross pour dénoncer leurs méthodes « propres à tuer l’essence même du hockey »...
Les gardiens Georges Hainsworth, DU Canadien, et John Roach, des Red Wings, démontrèrent leur savoir faire, lors de la partie suivante : une victoire DU Canadien, 1 à 0, grâce à un but marqué par Wildor Larochelle dans la dernière minute de jeu de la période de prolongation... Les « blanchis » avaient, ironiquement, porté, pour la première fois de leur histoire, un tricot blanc par-dessus leur chandail rouge pour se distinguer des joueurs DU Canadien dont le chandail est également rouge...
Malgré le brio de Morenz et d’Hainsworth, LE Canadien perdit les trois parties de son premier voyage à l’étranger, à Chicago, Détroit et Toronto... Insatisfait que son attaque n’ait marqué que quatre buts en cinq rencontres, Newsy Lalonde « brassa » quelque peu ses trios : Lépine vint rejoindre Joliat et Gagnon, sur le premier trio, alors que Morenz fut inséré entre Mondou et Larochelle, sur le deuxième... De retour au Forum, Lalonde expliqua les défaites de l’équipe par le fait qu’elle avait du jouer trois parties en cinq jours, qu’elle n’avait pas pu pratiquer, et que ses meilleurs attaquants, Morenz, Joliat et Gagnon, souffraient tous trois d’un rhume...
Le 26 novembre 1932, LE Canadien vainc les Black Hawks de Chicago, 2 à 1, devant seulement 9000 partisans mais, ce qui devait passer à l’histoire fut le fait que Reggie Grant, l’annonceur officiel du Forum, donna les résultats des parties jouées à l’étranger, pour la première fois, en français...
À la partie suivante, le Forum était plein à craquer pour la première partie Canadien-Maroons de la saison : 13000 partisans assistèrent à ce que certains qualifièrent de « meilleur partie de l’histoire entre ces deux clubs »... Malheureusement, LE Canadien, qui menait 3 à 1 en début de la troisième période, vit Paul Haynes égaler le pointage trois secondes avant la fin de la troisième période, puis donner la victoire aux Maroons, vingt cinq secondes avant la fin de la prolongation...
Il s’agissait d’une cinquième défaite en sept parties et d’une dernière position au classement... Deux jours plus tard, Lalonde annonçait que Lépine était suspendu indéfiniment pour avoir enfreint les règlements à l’entrainement... L’ailier droit Art Giroux était rappelé des Reds de Providence et, le jour même, l’ailier gauche Walt McCartney était prêté AU Canadien, par les Castors de Québec, de la ligue Can-Am...
Dès sa première partie dans la NHL, Giroux marqua un but permettant d’égaler le pointage, mais fit une erreur qui mena à la défaite : une première d’une série de trois autres défaites, en cinq jours, lors de son deuxième voyage de la saison : rien n’allait plus... Lalonde accepta de relever la suspension de Lépine, et celui-ci joua une partie brillante, remportée par LE Canadien, 3 à 2, sur un but de Morenz, en prolongation...
Après un verdict nul de 1 à 1, contre les Rangers, premiers de leur division, LE Canadien montrait une fiche de trois victoires, huit défaites et une partie nulle... Sans paniquer, Dandurand senti tout de même le besoin de donner ses explications aux médias et de démentir les rumeurs d’un congédiement imminent de l’entraineur chef : « Lalonde pourra rester gérant de l’équipe tant et aussi longtemps qu’il le désirera »...
La deuxième partie entre LE Canadien et les Maroons opposa, pour l’occasion, le premier et le dernier rang de la division canadienne : plus rapide, LE Canadien disposa de ses rivaux montréalais par la marque de 3 à 1... Les Maroons furent rejoint, au classement, par les Maple Leafs, les prochains adversaires DU Canadien, qui dut donc affronter le premier rang pour une deuxième partie consécutive : IL s’inclina 2 à 1 après avoir livré une chaude et brillante lutte...
Voulant se venger de la tactique employée par les Bruins lors de leur visite au Forum, LE Canadien prit la décision, bizarre, de leur rendre la pareille lors de leur voyage au Boston Garden : IL joua très défensif, n’attaqua presque pas la forteresse protégée par Tiny Thompson, et perdit 1 à 0... Plus de 15000 spectateurs, dégoutés, huèrent LE Canadien, mais également le jeu dans l’ensemble de cette partie bien terne...
Lors d’une assemblée annuelle, tenue le 4 janvier 1933, la NHL prit la décision de modifier le rôle des arbitres sur la patinoire : l’arbitre en chef allait dorénavant être chargé de voir à tout ce qui se passe sur la glace, à l’exception des hors-jeux qui allaient être surveillés par l’arbitre adjoint... Une règle qui ne fit pas l’unanimité au départ, mais qui fut acceptée petit à petit...
Après les fêtes, LE Canadien continua de montrer de belles choses, comme le fait de n’accorder aucun tir aux Black Hawks pendant une période entière, mais n’arrivait pas à aligner les victoires... IL termina cette première moitié de saison par une victoire intéressante de 5 à 2, sur les Bruins, au Forum, alors que ceux-ci avaient promit, et tinrent promesse, de joueur un style offensif : mal leur en prit, LE Canadien fut plus rapide...
Le tricolore entama la deuxième moitié de la saison par une défaite de 3 à 2 au Boston Garden avec deux nouvelles figures : Hago Harrington et Léo Murray, prêtés AU Canadien par les Reds de Providence, en retour de Léo Gaudreault et Armand Mondou... Le 6 février suivant, Gizzy Hart, Art Alexandre et Bobby Trapp, étaient également prêté AU Canadien par les Reds : Dandurand voulait secouer l’équipe...
Mais le troisième quart de saison ne fut pas meilleur : quatre victoires, sept défaites et une partie nulle... En lutte avec les Americans de New York, LE Canadien perdit une chance de rattraper du terrain lorsqu’IL fit partie nulle de 1 à 1 avec eux, le 26 janvier, et qu’IL se fit blanchir par les « tricots étoilés », 5 à 0, sept jours plus tard... Même les Maroons profitèrent de l’occasion pour battre le tricolore 7 à 2, chez lui, et pire, ce quart de saison se termina par une défaite humiliante de 10 à 0 au Boston Garden...
Insatisfait du rendement de ses vétérans, Dandurand menaça cinq ou six d’entres eux de les suspendre : le 13 février 1933, Gagnon, que le tricolore avait tenté d’échanger aux Black Hawks de Chicago contre Lola Couture, était mit à l’amende pour 200$... Deux jours plus tard, la formation changea quelque peu lorsque LE Canadien procéda à un échange temporaire avec les Senators d’Ottawa : Marty Burke prenait le chemin de la capitale fédérale alors que Harold Starr et Léo Bourgeault s’amenait à Montréal...
Heureusement pour LE Canadien, les Americans ne gagnaient pas plus souvent... Deux victoires consécutives, une de 6 à 2 sur les Red Wings et une autre de 6 à 0 sur les Senators, firent en sorte que LE Canadien put monter au quatrième rang de la division canadienne en repoussant les Senators au dernier échelon, tout en s’approchant à quatre points des Americans...
En début mars, le Bleu-Blanc-Rouge surprit en battant les Maple Leafs, premiers de leur division, deux fois en trois soirs, grâce surtout au brio de la ligne Lépine-Hart-Larochelle... Deux jours plus tard, les Americans rendirent visite AU Canadien, qui parvint à remporter trois parties consécutives pour la première fois de la saison, et prendre une légère avance au classement sur les Americans...
Cette légère avance au classement fut perdue pas moins de trois jours plus tard lorsque LE Canadien s’avoua vaincu, 2 à 1 en prolongation, au domicile des Americans... Tout était à recommencer, mais cette fois, les joueurs avaient raison d’être confiants puisque LE Canadien semblait avoir retrouvé ses performances des beaux jours... Une victoire de 3 à 1 sur les Maroons, grâce à deux buts de Morenz, vint confirmer les possibilités...
Malheureusement pour LE Canadien, les choses se compliquèrent lorsque Georges Mantha se fractura une cheville à l’entrainement, mettant fin à sa saison : Dandurand parvint à mettre sous contrat l’agent libre Len Grosvenor, une acquisition qui ne devait pas avoir beaucoup d’impact sur la saison DU Canadien...
Loin de la Coupe Stanley, LE Canadien vit les Maroons remporter la Coupe Kennedy de 1933 lors de la sixième et dernière rencontre entre les deux rivaux montréalais : une partie que LE Canadien avait pourtant dominée, sans parvenir à profiter de ses chances, avant que le but vainqueur ne soit marqué à quarante huit secondes de la fin de la troisième période... Mathématiquement, LE Canadien ne pouvait plus rejoindre les Maroons au deuxième rang de sa division : IL se concentra donc sur la dernière place disponible et récolta deux points importants lorsqu’IL vainc les Rangers au Forum...
La troisième position fut assurée deux jours plus tard, à l’avant dernière partie de la saison, grâce à une partie nulle de 0 à 0 face aux Bruins de Boston : pour l’occasion, les Bruins portaient un chandail où un grand « B » remplaçait l’habituel « ours » au dessus du nom BOSTON, sur le devant... IL termina sa saison par une défaite de 4 à 2, face aux Rangers, au Madison Square Garden...
Au classement final, LE Canadien montrait une fiche de dix huit victoires, vingt cinq défaites et cinq parties nulles, bonne pour un total de 41 points, le même nombre que celui des Americans, qui avaient cependant moins de victoires... Pour les partisans, une confrontation Canadien-Rangers, en un duel des « troisièmes positions » « deux parties au total des buts » ne laissait présager rien de bon, puisque la fiche DU Canadien, contre les Rangers, n’était qu’une victoire, quatre défaites et une partie nulle...
Déjà à New York puisqu’IL y avait terminé sa saison régulière, LE Canadien n’eut pas à voyager... La courte série s’ouvrit sur une punition à Morenz, dès le début de la partie, qui coûta deux buts en vingt sept secondes... Immédiatement, les Rangers profitèrent de l’occasion pour refermer le jeu, adopter un système très défensif, et attendre les chances de marquer... 3 à 0, 4 à 0, 5 à 0, LE Canadien, qui n’était plus dans le coup depuis la punition coûteuse, parvint à s’inscrire à la marque deux fois dans les dernières minutes...
« Nous allons combattre avec toutes nos ressources et jusqu’à la fin », déclara Dandurand sur le train ramenant l’équipe à Montréal... Et c’est ce que le tricolore fit : après des buts de Larochelle et Joliat, les Rangers devinrent soudainement bien nerveux, mais encore une fois, LE Canadien ne parvint pas à profiter de ses chances... À 3 à 1 dans la partie, mais en retard 6 à 5 dans la série, LE Canadien envoya cinq attaquants sur la glace, mais les Rangers profitèrent de l’occasion pour marquer deux fois, et éliminer LE Canadien...
Le voyage que devaient faire le Canadien et les Rangers en Europe tomba à l’eau, seule une partie d’exhibition contre les Maroons, à Québec, eut lieue : Jean Pusie et Jacques Toupin, deux amateurs qui évoluèrent pour LE Canadien pour l’occasion, aidèrent le tricolore à disposer des Maroons, 8 à 7, en prolongation... Pour les joueurs, il ne restait plus qu’à partir chacun chez soi et oublier vite une saison frustrante... Pour Dandurand, des négociations avec les Black Hawks de Chicago étaient déjà en cours...
Les Rangers, vainqueurs des Red Wings puis des Maple Leafs, remportèrent la Coupe Stanley de 1933... Eddie Shore, des Bruins, remporta le trophée Hart, Frank Boucher, des Rangers, se vit décerner le trophée Lady Byng, Tiny Thompson, des Bruins, reçu le trophée Vézina, et Carl Voss, des Red Wings, devint le premier récipiendaire de l’histoire du trophée Calder, remis au joueur recrue de l’année...
à suivre...
Références:
Diverses éditions quotidiennes du journal La Presse, du 1er octobre 1932 au 30 avril 1933