On dit de lui qu’il aurait rempli ses poches d’une dizaine de livres de roches pour « faire le poids » et convaincre le président DU Canadien de l’engager, alors que celui-ci le trouvait trop petit et trop léger…
On dit surtout qu’il aurait fait un miracle, en ayant rendu la parole à un muet… Le 30 janvier 1932, lors d’une partie disputée entre LE Canadien et les Red Wings de Détroit, un partisan du bleu-blanc-rouge, soldat canadien de la Première Guerre mondiale, aurait effectivement crié sa joie lorsque le « chat noir » marqua son troisième but de la soirée… Il y avait quinze ans que le soldat n’avait pas parlé, depuis son accident de guerre…
On le surnommait « Chat noir », ou « Black Cat », probablement à cause de son teint basané, de ses cheveux noirs et de ses yeux noirs, mais aussi à cause de sa grande rapidité, et de son agilité à sortir du coin de la patinoire avec la rondelle comme un chat l’aurait fait avec une souris…
Jean « Johnny » « Black Cat » Gagnon est né le 8 juin 1905, à Chicoutimi, en la province de Québec, au Canada… Il a fait partie d’une famille qui comptait onze enfants…
Âgé de dix-sept ans, Gagnon participa à sept rencontres, lors de la saison 1922–23, avec les Bleuets de Chicoutimi, de la Québec Professional Hockey League (QPHL), puis partit pour Québec ou il prit part à trois parties avec les Bulldogs de la ligue Big-4… La saison suivante, il s’aligna avec le Renards de Trois-Rivières, de la ECHL, ou il récolta ses deux premiers buts en carrière… Gagnon se fit ensuite remarquer lors de sa deuxième saison chez les Renards, en marquant dix-huit buts en seize matchs, tout en ajoutant cinq autres buts en deux parties éliminatoires…
Il disputa la saison 1925–26 avec les Sons of Ireland de Québec, de la Quebec Amateur Hockey Association (QAHA), et fit la connaissance de Léo Dandurand, président DU Canadien, en mars 1926, lors des funérailles de Georges Vézina, à Chicoutimi… Dandurand se dit très intéressé par les habiletés de Gagnon, mais le trouva trop petit et pas suffisamment lourd… Gagnon tricha et signa son premier contrat professionnel…
Considérant qu’il n’était tout de même pas prêt pour la National Hockey League (NHL), LE Canadien l’envoya aux Castors de Québec, de la Ligue Can-Am, en 1926–27… Gagnon termina au premier rang des marqueurs de la ligue, fort d’une fiche de vingt sept buts et six assistances, mais il lui fallut patienter trois autres saisons, cette fois avec les Reds de Providence, également de la Ligue Can-Am, avant de jouer dans la NHL…
Il entreprit donc la saison 1927–28 avec les Reds, devint un citoyen permanent de Providence, et y rencontra sa femme, Gertrude Mayer… Gagnon connut des saisons de vingt, sept et vingt un buts… Le 21 octobre 1930, il fut échangé par les Reds AU Canadien en retour de Gerry Carson, du prêt de Jean Pusie, et d’une somme d’argent…
L’un des plus petits joueurs de l’histoire DU Canadien, Gagnon ne mesurait que 5 pieds 5 pouces, et pesait 140 livres… Ailier droit, et lançant de la droite, Gagnon était, selon certain, la « fusée de Chicoutimi »... Il participa à une première partie avec LE Canadien le 15 novembre 1930, à Montréal, face aux Senators d’Ottawa, marqua son premier but, trois jours plus tard, à Boston, contre les Bruins, et récolta une première assistance le 27 novembre, à Détroit, contre les Red Wings…
Gagnon, jumelé aux excellents Aurèle Joliat et Howie Morenz, porta les numéros 6 et 14… Il termina cette saison recrue au troisième rang des marqueurs de l’équipe, derrière ses deux compagnons de trio, avec une fiche de dix-huit buts et sept assistances en 41 parties… Il fut un élément important lors des séries éliminatoires, inscrivant six buts et deux assistances en huit rencontres… Alors que LE Canadien était au pied du mur, en série finale, contre les Black Hawks de Chicago, Gagnon récolta deux buts et ajouta une assistance sur le but vainqueur de Lépine, permettant à l’équipe de niveler la série… Gagnon marqua le but victorieux lors de la partie suivante, gagnée par LE Canadien au pointage de 2 à 0… Le nom de Gagnon fut inscrit sur la Coupe Stanley de 1931…
La deuxième saison de Gagnon fut aussi productive… Il récolta dix-neuf buts et totalisa trente sept points, son plus haut en carrière… Il termina troisième marqueur, derrière Morenz et Joliat… Cette saison, Gagnon rendit même la parole à un muet…
Mais la saison 1932–33 fut plus tumultueuse… Il entreprit d’abord une grève d’une journée, après avoir refusé le contrat proposé par l’équipe; Newsy Lalonde fut nommé entraineur DU Canadien en début de saison, et les relations entre Lalonde et Gagnon ne s’annoncèrent pas très bonnes; il alterna entre le numéro 14 et le 11; il participa à une centième partie dans la NHL, le 10 décembre 1932, à Montréal, face aux Senators d’Ottawa; il fut relégué au deuxième trio au profit de Pit Lépine en milieu de saison; et Dandurand lui imposa même une amende de 200$, prétextant une indifférence au jeu… Gagnon termina tout de même la saison avec une fiche de douze buts et vingt trois assistances, bon pour un autre troisième rang des marqueurs…
Gagnon connaitra ensuite une saison moyenne, en 1933–34… Endossant le numéro 5, il inscrivit un centième point en carrière, le 2 décembre 1933, à Montréal, face aux Americans de New York, et termina la saison avec neuf buts et quinze assistances… Sa production le classa à nouveau au troisième rang des marqueurs de l’équipe…
Le 1er octobre 1934, LE Canadien annonça qu’il envoiyait Howie Morenz, Marty Burke et Lorne Chabot aux Black Hawks de Chicago, en retour de Lionel Conacher, Roger Jenkins et Leroy Goldsworthy… Le lendemain, c’était au tour de Gagnon d’être échangé… Il prennait le chemin de Boston, pratiquement en pleurs, pour se joindre aux Bruins, en retour de Joe Lamb… La situation avec Lalonde ne pouvait plus durer, et Gagnon en paya le prix… Très triste, il ne récolta qu’un but et une assistance en vingt quatre parties… Pour sa part, Lamb ne disputa que sept parties avec LE Canadien, ses droits étant vendus aux Bruins… Ces derniers s’empressent, la même journée, à l’échanger aux Eagles de Saint-Louis…
Quelques parties après le début de la saison 1934–35, l’équipe n‘allait nulle part et Dandurand, insatisfait du travail de son entraineur, alla même à lui suggérer des stratégies… Les rumeurs d’un retour du « chat noir » circulaient… Lalonde démissionna le 29 décembre, et le 9 janvier 1935, les Bruins vendirent les droits de Gagnon AU Canadien… Redevenu heureux, Gagnon participa à une deux centième partie, le 21 février 1935, face aux Black Hawks de Chicago, à Montréal, et termina cette saison avec une fiche de un but et cinq assistances, en plus des deux points récoltés avec les Bruins…
La saison suivante, Gagnon ne récolta que sept buts et neuf assistances, mais le retour de Morenz, en 1936–37, réanima l’ailier droit… Réunis à nouveau à Joliat, les trois compagnons de trios reprirent les commandes de l’équipe qui termina première de la division canadienne… Gagnon termina au premier rang des marqueurs de l’équipe, sixième de la NHL, et fut proclamé le joueur le plus utile à son équipe, grâce à une fiche de vingt buts et seize assistances… Morenz se blessa à une jambe, le 28 janvier 1937, face aux Black Hawks, et décéda le 8 mars… Gagnon participa à une trois centième rencontre, le lendemain, à Montréal, contre les Maroons…
Gagnon connut ensuite une saison de treize buts et dix-sept assistances, puis une de douze buts et vingt deux assistances, en 1938–39… Il entreprit la saison 1939–40 en marquant quatre buts et récoltant cinq assistances en dix rencontres, avant que ses droits ne soient vendus aux Americans de New York, le 3 janvier 1940… Gagnon y termina la saison, participa aux séries éliminatoires, puis mit fin à sa carrière professionnelle…
En 406 parties disputées avec LE Canadien, Gagnon marqua 115 buts, ajouta 137 assistances, et fut puni pour 286 minutes…Il marqua onze buts et ajouta douze assistances en trente une parties éliminatoires… Sa fiche montre 47 minutes de pénalité… Il participa aux parties d‘étoiles de la NHL en 1937 et 1939…
Gagnon enfila ensuite les couleurs des Cataractes de Shawinigan, de la Quebec Senior Hockey League (QSHL) lors de la saison 1940–41, signa avec les Victorias de North Sydney, de la CBSHL, le 18 décembre 1941, y joua la saison complète, et revint aux Reds de Providence, maintenant de la American Hockey League (AHL), en début de saison 1942–43… Gagnon ne joua pas la saison 1943–44, occupant le poste d’entraineur des Reds, puis participa à une dernière saison,avec les Reds, lors de la saison 1945–45… Il fut également entraineur des Scarlets de Rhode Island, de la ATHL, en 1947–48…
Gagnon devint ensuite dépisteur pour les Reds pendant quatorze saisons, puis dépisteur en chef des Rangers de New York jusque à sa mort… Il est d’ailleurs celui qui convainquit Émile Francis de faire l’acquisition du célèbre gardien Ed Giacomin…
En 1974, on inaugura un petit aréna, auquel on donna son nom, à Chicoutimi… Cet aréna fut par la suite converti, plusieurs années plus tard, en gymnase… Demeurant toujours au Rhode Island, Gagnon rendit l’âme le 21 mars 1984, à l’âge de 78 ans, des suites d’un cancer du foie… Il repose au Saint Anns Cemetery, à Cranston, dans le comté de providence, au Rhode Island…
Références
http://fr.wikipedia.org/wiki/Johnny_Gagnon
http://en.wikipedia.org/wiki/Johnny_Gagnon
http://notrehistoire.canadiens.com/player/Johnny-Gagnon
http://ourhistory.canadiens.com/player/Johnny-Gagnon
http://www.findagrave.com/cgi-bin/fg.cgi?page=gr&GRid=10283923
http://pucktavie.blogspot.com/2009/02/johnny-le-chat-noir-gagnon.html
http://kkkimo.tripod.com/jog.htm
http://kkkimo.tripod.com/numero.htm
http://kkkimo.tripod.com/joga.htm