Une mission d'inspirer les gens à partir du baseball
MLB mercredi, 25 mars 2020. 08:00 mercredi, 25 mars 2020. 08:11MONTRÉAL – À l’été 1980, Derek Aucoin a eu une rencontre marquante avec Andre Dawson. Au moment de lui dire qu’il rêvait de jouer pour les Expos de Montréal, celui qui a été son idole lui a répondu un «Go for it! » si inspirant. Il a accompli son rêve ultime en 1996, mais si son destin était plutôt d’influencer les gens positivement avec le baseball comme outil?
Cette réflexion s’impose en lisant sa touchante biographie, Derek Aucoin La tête haute, écrite via la plume de son ami et complice Benoit Rioux, qui est disponible en ligne en attendant de pouvoir se la procurer en magasin. Un projet qui a été enclenché à la suite du terrible diagnostic de cancer appris par Aucoin en 2019.
Ce qu’il faut savoir, c’est que, au quotidien, Aucoin est fidèle en tout point à l’animateur que vous aviez l’habitude d’entendre au micro du 98,5. Un homme attachant comme il s’en fait peu, qui se fait un devoir de prendre soin des autres et qui tisse des liens authentiques avec ses collègues, ses confrères, ses auditeurs, ses amis et bien plus.
À travers ce récit fascinant, vous allez dévorer les détails de son parcours dans l’univers du baseball incluant les injustices qui l’ont ponctué, vous allez vous délecter d’anecdotes incluant de grands noms comme Robert De Niro, Susan Sarandon, Tim Robbins, Jerry Seinfeld, Cuba Gooding Jr., mais vous allez surtout déduire qu’il n’aurait pas eu un impact aussi significatif si sa carrière dans le Baseball majeur s’était étendue sur 20 saisons plutôt que ses deux parties avec Expos.
Rapidement durant son cheminement vers le plus haut niveau de «balle» sur la planète, Aucoin s’est découvert une immense passion pour l’enseignement. Il s’y est consacré particulièrement à New York où sa réputation d’entraîneur a fait fureur. Il a notamment enseigné aux enfants de Jerry Seinfeld à leur maison et cet acteur américain l’avait en si haute estime qu’il a rédigé une lettre d’appui pour la demande de résidence permanente aux États-Unis déposée par Aucoin.
En 2009, l’ancien lanceur droitier a été invité, tous frais payés, au Japon pour partager ses méthodes avec des entraîneurs japonais fascinés par les progrès effectués par l’un de ses élèves, Ari, à ses côtés. Le père de ce jeune homme était nul autre qu’un conseiller de Barack Obama.
De retour au Québec depuis 2014, c’est avant tout par l’entremise de la radio qu’Aucoin a touché bien des gens. Il n’a pas tardé à développer une relation de proximité avec son auditoire et les exemples sont nombreux.
«Je me souviens aussi d’Yvan. C’était en 2018. Les fêtes ne se déroulaient pas bien pour lui. Il avait faim et n’avait rien à manger. Honnêtement, je l’écoutais au téléphone et je me demandais s’il se rendrait à la fin de la soirée. Personnellement, je ne peux pas rester les bras croisés devant quelqu’un qui a besoin d’aide. Pendant une pause, j’ai téléphoné dans un restaurant pour lui faire livrer du poulet et une tarte au sucre, le repas typique du temps des Fêtes», raconte Aucoin à Rioux dans le cette biographie qui se consomme si facilement.
D’ailleurs, son influence positive se poursuit durant son combat le plus redoutable : celui contre un terrible et rare cancer au cerveau, un glioblastome multiforme, dont les chances de survie sont très minces. Ainsi, que dire de cette autre histoire qui vous «réchauffe le cœur» comme il le dit si bien.
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Voici un extrait d’un message reçu en octobre 2019. Le tout était accompagné d’une photo de lui au chevet d’une jeune fille lors d’une visite des Expos à l’Hôpital Ste-Justine en 1997.
«Ma fille Florence était hospitalisée. Attentionné et généreux, vous vous étiez longtemps attardé à son chevet. J’avais aussi longuement échangé avec vous, car je suis un passionné de baseball. Le temps a passé, bien sûr. Trop vite, d’ailleurs. Ma fille est devenue médecin, pédiatre plus précisément. Principalement rattachée au CHEO, à Ottawa, elle travaille aussi à Sainte-Justine où elle se spécialise en soins intensifs. Mon épouse, ma fille et moi avons appris avec grande tristesse que vous êtes malade. Nous avons retrouvé récemment cette photo. C’est à notre tour de nous attarder – virtuellement – à votre chevet. Sachez que vous êtes dans nos pensées. Nous vous bombardons d’ondes positives et vous souhaitons de tout coeur de recouvrer la santé.»
Face à cette bataille, il conserve toute sa gratitude envers la vie alors qu’il est entouré de son ange, sa femme Isabelle, et son fils, Dawson, et de tant d’amis chers.
Mais la maladie n’accapare pas toute l’attention dans ce livre. Au contraire, Aucoin voulait que ce récit soit un témoignage pour son garçon. Les histoires de baseball et les anecdotes prennent donc le dessus.
On ne vous dévoilera surtout pas les détails de la soirée durant laquelle il s’est transformé, bien malgré lui, en garde du corps de Jennifer Lopez. Une aventure vécue grâce à son copain Alexandre Daigle. Vous réaliserez également que Joël Bouchard, l’un de ses amis proches et chanteur de karaoké à ses heures, a également été très précieux dans sa vie.
Quant aux expériences sur le terrain, Aucoin n’a pas terrorisé les joueurs du Baseball majeur longtemps comme Greg Maddux a pu le faire, mais il compte de grands noms tels Jose Canseco, Don Mattingly et Carlos Delgado à son tableau de chasse.
Le nom de l’ancien as des Braves d’Atlanta n’a pas été choisi de manière anodine. En fait, Aucoin l’évoque lui-même en comparant le chirurgien qui a retiré sa tumeur, le Dr. Alain Bouthillier, à Maddux.
Le travail effectué par Dr. Bouthillier et par tous les autres spécialistes de la santé auprès d’Aucoin permet à cet humain au cœur en or de laisser son empreinte plus longtemps. Mais surtout, il dispose de temps pour réaliser de superbes initiatives comme le Défi de 30 jours - qui consiste à appeler deux personnes par jour pour les remercier de faire partie de votre vie - et sa fameuse bucket list. Le livre vous invite justement à concrétiser de tels projets.
Si Aucoin s’était laissé tirer l’oreille pour ce projet de biographie, elle est pourtant celle d’un grand homme, au sens propre et figuré, qui a choisi de garder la tête haute peu importe les épreuves de la vie. Une lecture qui fait du bien, qui nous fait l’aimer encore plus et qui n’inspirera pas seulement son fils. Une façon parfaite de poursuivre sa vraie mission, celle dont il s’acquitte à merveille.