ATLANTIC CITY, N.J. – Des quatre champions du monde chez les poids mi-lourds, Dmitry Bivol est sans l’ombre d’un doute le plus méconnu des amateurs de sports québécois. Normal, parce que les trois autres – Adonis Stevenson, Artur Beterbiev et Eleider Alvarez – s’entraînent et vivent ici.

 

La faible notoriété du détenteur du titre de la WBA a ainsi poussé certaines personnes à laisser entendre qu’il est vraisemblablement le champion le plus accessible de la catégorie et qu’il est l’adversaire le plus susceptible de permettre à Jean Pascal de remettre la main sur une ceinture.

 

Mais Pascal (33-5-1, 20 K.-O.) est loin, très loin même de partager cette idée, citant l’analyste de HBO Max Kellerman, qui a affirmé que Bivol (14-0, 11 K.-O.) possède le talent pour régner en roi et maître sur la catégorie. Pour l’heure, ESPN et The Ring le classent au deuxième rang derrière Stevenson dans le cas de la première publication et derrière Alvarez dans le cas de la seconde.

 

« C’est facile de prétendre que Bivol est le plus accessible des champions, étant donné qu’il est celui qui possède le moins d’expérience, a mentionné le Lavallois à un peu plus de 48 heures de son affrontement avec le Russe, jeudi. Mais si je regarde de l’autre côté de la médaille, c’est lui qui a les meilleures habiletés et c’est lui qui est le plus frais, car il est âgé de seulement 27 ans.

 

« Certains pourraient être tentés de dire que c’est justement le temps de l’affronter parce qu’il est encore une recrue... Mais en même temps, quand nous sommes jeunes, nous voulons nous prouver et nous devenons encore plus dangereux. Les jeunes ont plus de souffle et de cardio. »

 

Et du souffle, Bivol n’en manque pas! Depuis le début de sa carrière professionnelle, le Russe agit comme un véritable rouleau compresseur, lui qui a remporté 11 de ses 14 combats avant la limite. Il a également remporté tous les rounds sur les cartes de deux des trois juges de son duel face à Isaac Chilemba, un boxeur notoirement reconnu pour son style compliqué à solutionner.

 

« Bivol prend beaucoup d’avance dans ses rounds quand tu le laisses travailler, a fait remarquer l’entraîneur de Pascal, Stéphan Larouche. Et en général dans ses combats, il n’y a pas beaucoup de rounds serrés. Bivol lance beaucoup de coups de poing et il est toujours extrêmement actif.

 

« Même quand il fait mal à son adversaire, il veut quand même gagner tous les rounds. On dirait que pour lui, gagner par knock-out, ce n’est pas suffisant. Il lance continuellement des coups. »

 

Un ancien partenaire de sparring

 

Pascal a évidemment pris le temps de regarder de nombreuses séquences vidéos de Bivol en marge de leur combat de samedi soir, mais l’ancien champion du WBC avait déjà une bonne petite idée de ce qui l’attendait, parce que les deux boxeurs ont déjà mis les gants ensemble.

 

« Il était mon partenaire [d’entraînement] principal en vue de mon combat revanche contre Sergey Kovalev, a rappelé Pascal. Je ne le connaissais pas... il était arrivé dans le gymnase de [mon ex-entraîneur] Freddie Roach pour faire du sparring et nous l’avions engagé. Après une couple de séances, j’avais dit que ce jeune-là deviendrait champion et il ne m’a pas fait mentir.

 

« Je ne pensais pas l’affronter un jour, parce qu’il n’avait qu’un ou deux combats professionnels (cinq, NDLR), mais je sais qu’il est bon, fort physiquement et qu’il frappe dur. Il est jeune et va être alerte, mais c’est à moi de boxer à la hauteur de mon talent. Je me crois supérieur à lui. »

 

« Nous ne venons pas ici pour donner un bon spectacle. Nous venons ici pour gagner, a ajouté Larouche. Nous avons étudié les tapes et Bivol et nous avons remarqué ses habitudes. C’est ce qu’il faut remarquer, car les habitudes ne changent pas quand le stress s’invite dans un combat.

 

« Nous avons identifié des choses, c’est clair. Cela peut paraître bizarre, mais [je comparerais la situation à] Wayne Gretzky. Ce dernier faisait des erreurs, mais il fallait toujours bien réussir à lui enlever la rondelle. Ce ne sera pas facile, car Bivol est extrêmement talentueux. Ce sera une question de timing et d’exécution, mais si Jean réussit, il pourrait vraiment le surprendre. »

 

Une première en près d’un an et demi

 

Vendredi sur le coup de midi, cela fera près d’un an et demi que Pascal n’aura pas eu à respecter la limite de 175 livres pour un combat. Contre Ahmed Elbiali, la limite avait été fixée à 178 livres, tandis que le duel face à Steve Bossé a été tenu chez les lourds-légers et le Lavallois avait alors fait osciller le pèse-personne à 193 livres, un sommet depuis le commencement de sa carrière.

 

Pascal ne garde pas de bons souvenirs de sa dernière sortie à 175 livres, puisqu’il s’était incliné par décision majoritaire des juges devant le futur champion de la WBO Alvarez. Pascal avait paru dépassé par les événements et n’était tout simplement pas en mesure de rivaliser avec Alvarez.

 

« Je n’ai vraiment pas aimé ma performance contre Alvarez, a avoué Pascal. Sans vraiment rien lui enlever, je n’étais pas moi-même ce soir-là. Alvarez a fait un très bon combat et il est devenu champion du monde ensuite, car c’est un très bon boxeur. Mais ce n’était pas moi ce soir-là. »

 

« Jean est conscient que ce qu’il fait dernièrement n’a pas toujours été couronné de succès, a continué Larouche. Traîner dans les câbles contre Alvarez, ça n’a pas été brillant. Un volume de coups pas assez élevé, ça n’a pas été brillant. Attendre pour le gros coup de poing, ça n’a pas été brillant. Jean a compris, parce qu’il sait qu’il n’aura pas le choix samedi. Bivol va être très actif.

 

« Jean a été choisi et il est conscient de ça. Son job, c’est de gagner. Non pas d’impressionner. »

 

« Son job, c’est de gagner. Non pas d’impressionner »

 

« Bivol est considéré comme le meilleur boxeur de la division »