MONTRÉAL – Fort de sa victoire sur Chad Dawson à l’été 2010, Jean Pascal rêvait des plus hauts sommets et s’était même permis de défier le déjà légendaire Bernard Hopkins dans la foulée de son gain sur l’un des meilleurs boxeurs « livre pour livre » en direct à la télévision américaine.

 

Sans le savoir, les deux combats qui ont suivi contre le boxeur de Philadelphie ont marqué un énorme tournant dans la carrière du Québécois, étant donné qu’il s’agit des deux dernières sorties qu’il a effectuées en tant que détenteur des titres WBC et The Ring des poids mi-lourds, puisqu’après avoir soutiré un verdict nul, il a dû s’avouer vaincu par décision unanime des juges.

 

Environ sept ans et demi plus tard, Pascal (33-5-1, 20 K.-O.) entend servir la même médecine à Dmitry Bivol à l’occasion de leur duel qui sera présenté le 24 novembre prochain à Atlantic City, au New Jersey. Il souhaite faire vivre un moment « Bernard Hopkins » au champion des mi-lourds de la WBA, qui aspire plus que jamais à des combats majeurs contre l’élite de sa division.

 

« D’un côté, il y a le jeune champion fringant qui veut se faire un nom et de l’autre, le vétéran [qui veut l’arrêter], a illustré celui qui a célébré ses 36 ans le 28 octobre dernier en marge d’un entraînement tenu mercredi avant-midi dans le sous-sol du Complexe sportif-Claude-Robillard. C’est un peu bizarre à dire maintenant, mais je suis le Hopkins et lui le Pascal pour ce combat. »

 

Même s’il affiche une forme physique qui semble irréprochable, Pascal n’est évidemment plus le boxeur d’antan qui se distinguait de la masse par la vitesse de ses explosions. C’est pourquoi il se compare maintenant à Hopkins en indiquant qu’il mise davantage sur ses qualités cérébrales.

 

« J’ai mûri, j’ai pris beaucoup d’expérience... j’ai fait le tour du jardin comme [mon entraîneur] Stéphan [Larouche] aime bien le dire, a précisé qui ne s’est pas battu en championnat du monde depuis sa deuxième défaite contre Sergey Kovalev en janvier 2016. Je connais mon métier et je connais mon sport, alors ce sera à moi de bien appliquer tout cela dans le ring le 24 novembre.

 

« [Hopkins] avait été très rusé. Il s’était servi de son expérience pour gagner [le deuxième] combat. Cette fois, c’est moi qui vais essayer d’utiliser l’expérience que j’ai acquise pendant ces années-là dans tous mes combats de championnat du monde. À vrai dire, j’ai plus de victoires par knock-out à ma fiche que Bivol a de combats. J’ai beaucoup plus d’expérience que lui. »

 

Bivol (14-0, 11 K.-O.) peut effectivement être considéré comme vert en boxe professionnelle au chapitre de sa fiche, mais reste qu’il a disputé près de 300 duels chez les amateurs, où il a connu passablement de succès. Et les deux dernières défenses de son titre des mi-lourds de la WBA ont été faites contre les expérimentés Sullivan Barrera et Isaac Chilemba et il a été dominant.

 

« Il y a une nouvelle tendance depuis [l’émergence] de [Vasiliy] Lomachenko. Les boxeurs ont beaucoup de boxe amateur et ils veulent des combats de championnat rapidement, a répondu Pascal. Mais la boxe amateur et la boxe professionnelle, ce sont deux sports qui sont complètement différents. Et des boxeurs comme Lomachenko, il n’y en a qu’un seul aussi...

 

« Mon plan, c’est d’y aller avec intelligence. Je connais mon métier et il faut que je lui prépare des pièges. Il faut aussi que je boxe à la hauteur de mon talent, parce qu’avec l’expérience, on sait plus mesurer la hauteur de son talent. C’est vraiment important pour moi de le faire. »

 

Chose certaine, Pascal n’a pas l’intention de n’être qu’un nom au tableau de chasse de Bivol.

 

« Les gens qui me considèrent comme un faire-valoir, ce sont des gens qui ne connaissent pas la boxe, a répliqué Pascal. J’ai trop de respect pour ma tête et pour ma personne pour devenir un faire-valoir dans mon sport. J’ai encore du gaz dans ma tank et je vais l’utiliser pour gagner. »

 

Si certains lancent qu’une victoire pourrait ouvrir les portes du Temple de la renommée à Pascal, les plus réalistes se contenteront de dire qu’il s’agirait d’une des grandes surprises de l’année.

« Normalement quand je suis ''underdog'', je gagne souvent »