Quand Simon Kean s’est retrouvé cul par-dessus tête pendant la deuxième minute du sixième round de son combat contre Shawndell Terell Williams, la grande majorité des amateurs ont très certainement douté de la capacité du poids lourd de Trois-Rivières à se remettre de cet accroc.

À ce moment précis, le géant de six pieds cinq pouces semblait condamné à revivre le cauchemar de juin 2019, alors qu’il avait subi l’unique revers de sa carrière face à Dillon Carman. Mais profitant de l’indiscipline de l’Américain qui refusait de demeurer dans le coin neutre, le Québécois a profité d’un compte plus long afin de reprendre ses esprits et renverser la vapeur.

Kean (21-1, 20 K.-O.) s’est même permis de rendre la pareille à Williams (13-7) quelques instants plus tard dans le round avant de finir le travail au neuvième en enregistrant deux autres chutes au plancher. Un dénouement qui a évidemment soulagé l’entourage du boxeur de la Mauricie.

« C’est clair que lorsqu’il s’est relevé et que j’ai vu qu’il restait une minute et demie [à faire au round], je me suis dit : "woah", a avoué son entraîneur Vincent Auclair quelques instants après la victoire de son protégé en demi-finale d’un gala d’Eye of the Tiger Management tenu samedi.

« Mais Simon a réussi à refermer sa défense et à s’accrocher [à son adversaire] pour gagner du temps. Quand il est ensuite revenu dans le coin, il a pris de grandes respirations et nous l’avons aspergé d’eau et il est revenu. C’est même lui qui nous a dit : "OK, les gars, on ne panique pas!".

« J’ai également aimé comment il a réussi à ébranler son adversaire. Ce n’était pas de façon désorganisée. C’était un double jab suivi d’un changement de vitesse. Simon n’est pas garroché dessus. L’objectif, c’était de garder ça le plus sécuritaire possible. Un coup est si vite arrivé...

« Je suis fier du courage qu’il a démontré et du fait qu’il ait été capable de garder son "focus". »

« Après avoir reçu un coup, contrairement à son habitude, Simon ne restait pas là à essayer de régler le dossier tout de suite, a ajouté le directeur du développement et entraîneur principal d’Eye of the Tiger Management Marc Ramsay. Il prenait un pas de recul, se réorganisait et revenait. Je l’ai trouvé beaucoup plus organisé dans ses affaires. J’ai bien aimé ce que j’ai vu. »

Disputant un deuxième combat seulement sous les ordres d’Auclair, Kean a encore beaucoup de travail à effectuer en gymnase avant d’espérer un duel significatif sur la scène internationale. Contre Williams, Kean a démontré de très belles choses, mais d’autres sont encore à peaufiner.

« Ce n’est pas avec des combats comme ceux contre Don Haynesworth (le premier d’Auclair avec Kean, NDLR) que nous allons savoir si Simon a progressé ou non, a expliqué Auclair. Il y a toujours des choses qui ne seront pas parfaites, c’est évident, mais il faut continuer à bâtir.

« Et ce n’est pas une question de nombre de combats, mais de déclic. Encore [samedi soir], sa main gauche était basse et nous avions pourtant beaucoup travaillé là-dessus à l’entraînement. Quand nous lui rappelions, il la remontait, mais ça ne durait qu’un moment et il la descendait. »

« Les changements ne s’effectuent pas par magie. Changer un boxeur, c’est un petit détail à la fois et ça prend six, huit, neuf mois, a continué Ramsay. Des fois, tu prends une pause d’un mois et tout le travail que tu as fait est à refaire. C’est vraiment un tout petit acquis à la fois. »

Chose certaine, Kean semble prendre tous les moyens pour arriver à ses fins. Ramsay reconnaît même qu’il doutait fortement de la volonté du Trifluvien à s’investir totalement dans sa carrière.

« Ça fait plus d’un an que [Simon et Vincent] travaillent ensemble et ils travaillent fort. Mais très honnêtement, je ne pensais pas ça de Simon, a conclu Ramsay. C’était vraiment un préjugé. Je le vois à mon gymnase tous les jours... je ne l’entraîne pas, mais je l’observe en prenant mon café.

« Il est toujours le premier arrivé et le dernier parti. Et il pose beaucoup de questions. Je n’avais pas cette image-là de lui. De l’extérieur, je ne pensais pas qu’il était sérieux à ce point-là. Vincent a mis beaucoup d’heures avec lui et aujourd’hui, je pense que ç’a été très, très payant. »