« Carré d'As » : une chance que David Théroux ne pouvait laisser passer
Boxe jeudi, 19 nov. 2020. 08:44 jeudi, 19 nov. 2020. 15:22La dernière fois qu’il s’est battu – contre Juan Daniel Bedolla Orozco le 13 avril 2019 –, David Théroux possédait toutes les raisons du monde d’éprouver le sentiment du devoir accompli.
Après tout, le boxeur originaire de Sorel venait tout juste d’offrir une performance presque sans failles en demi-finale de la première défense de titre de la championne des poids super-mi-moyens de l’IBF Marie-Ève Dicaire présentée un samedi soir au Cabaret du Casino de Montréal.
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Théroux avait dominé les huit rounds de l’affrontement et paraissait déterminé à relancer une carrière qui avait été ponctuée de trois défaites jusque-là. Mais une fois l’adrénaline et l’excitation passées, il a ressenti un immense vide et décidé qu’un pas de recul était nécessaire.
« Après mon dernier combat, j’étais vraiment en manque de motivation, a raconté sans détour Théroux au cours d’une généreuse entrevue téléphonique donnée à RDS.ca la semaine dernière.
« J’avais affronté un Mexicain cheap... ils peuvent être tough, mais ils viennent ici pour ramasser un chèque et faire des rounds. Ils ne viennent pas pour se battre et ça me décourageait un peu.
« Ça faisait une couple de mois que je n’avais pas de contrat et que j’étais joueur autonome. En plus, je travaillais en même temps à la Ville de Montréal et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de réorganiser ma vie en quittant le gymnase de Stéphan Larouche et en retournant à Sorel. »
Théroux a ainsi renoué avec la ville qui l’avait vu grandir et s’est rapidement déniché un boulot dans le domaine de la construction. « Avec les toitures que je faisais la fin de semaine, je peux affirmer que je n’avais jamais autant travaillé de ma vie. Des semaines de 50 heures », précise-t-il.
« J’ai continué à courir, mais je vais être honnête avec toi, je n’avais plus du tout un mode de vie d’athlète. En même temps, il faut dire que ce n’était plus vraiment au cœur de mes priorités. »
Les mois ont passé et l’idée d’un retour a commencé à germer dans la tête du boxeur âgé de 26 ans. La pandémie de coronavirus a cependant coupé court à ses plans jusqu’à ce que son ancien promoteur Camille Estephan lui propose de participer au « Carré d’As », qui se mettra en branle samedi soir à Rimouski. Le défi était évidemment de taille, sauf qu’il était impossible à refuser.
« Le délai était un peu short, mais je ne pouvais pas non plus passer à côté de cette opportunité-là, explique Théroux. Le tournoi me garantit également un certain nombre de combats. Étant donné que la boxe est repartie à moitié, si j’avais dit non, mon retour aurait donc été reporté.
« Je vais avoir 27 ans en janvier et je ne me vois pas boxer jusqu’à 40, d’autant plus que j’ai commencé [ma carrière dans les rangs professionnels] à 20. J’ai encore la flamme et la passion envers mon sport et le fait de disputer des duels locaux me donne encore plus de motivation. »
Tant qu’à s’offrir un nouveau départ, Théroux s’est payé la totale en s’adjoignant les services d’un nouvel entraîneur en Rénald Boisvert. Il a ainsi mis un terme à une association de près d’une décennie avec Larouche, qui avait été dans son coin pour ses 19 premiers combats pros.
« Je ne m’entraînais plus au gymnase de Stéphan depuis l’été 2019 et j’avais même été ramasser mes affaires en février avant le début de la pandémie, raconte Théroux. Ça faisait 10 ans que je m’entraînais avec Stéphane, Pierre Bouchard ou Carl Handy. J’avais besoin d’un nouveau départ.
« Rénald est un gars de Sorel et ç’a tout de suite cliqué entre nous deux. J’avais affronté un de ses gars à mon deuxième combat amateur et nous nous respections beaucoup depuis ce temps-là. Ça va très bien. Comme moi, Rénald n’est pas un gars sur les nerfs, mais il est très exigeant. »
Il semble toutefois que cette nouvelle relation sera éphémère, puisque Boisvert a déclaré lundi qu’il souhaitait que Théroux se déniche un nouvel homme de confiance en vue de la suite de la compétition. Boisvert sera dans son coin samedi, mais pas lorsqu’il affrontera Yves Ulysse fils.
Éviter les regrets
Le changement le plus important effectué par Théroux au cours des derniers mois est cependant plus subtil. Il a en effet complètement changé sa façon d’aborder les combats. Les nombreuses erreurs commises dans le passé lui ont permis d’entrevoir une perspective réaliste sur son sport.
« Je ne me crée pas d’attentes comme je pouvais le faire à 20 ans, avoue Théroux. J’écoutais récemment une entrevue que Georges St-Pierre a donnée à Joe Rogan et il expliquait qu’à un certain moment, toute sa vie tournait autour des arts martiaux mixtes et qu’il se mettait ainsi trop de pression. Mais qu’au final, même s’il subissait la défaite, tout le monde s’en foutait...
« Je me suis tellement reconnu là-dedans! Fondamentalement, je suis capable de faire plusieurs autres choses dans la vie, et tout ce que je souhaite par rapport à ma carrière de boxeur, c’est d’aller au maximum et d’en sortir dans le meilleur état possible. Je ne veux pas partir avec des regrets et des "j’aurais donc dû". Je veux simplement pouvoir dire plus tard que je l’ai fait. »
Même s’il est le grand négligé de cette compétition à laquelle participe également Ulysse, Steve Claggett – que Théroux affrontera samedi soir – et Mathieu Germain, le Sorellois croit fortement en ses chances et avance qu’il sera l’athlète qui sera le plus à surveiller plus le tournoi avancera.
« J’ai peut-être un peu moins d’expérience que les trois autres, mais dans ma tête, je m’en vais là pour gagner et la défaite n’est pas une option, conclut Théroux. Pour moi, les trois gars sont pas mal du même niveau. Ils ne possèdent juste pas les mêmes forces et les mêmes faiblesses.
« Mais ce qu’il faut vraiment savoir, c’est que je suis là pour les bonnes raisons. Je ne dois rien à personne et je n’ai pas de pression sur les épaules parce que je connais enfin ma vraie valeur. »