Le projet esports du CFP des Riverains
eSports / Jeux vidéo dimanche, 27 mai 2018. 12:33 dimanche, 27 mai 2018. 12:33Par Alban Quénoi - Le Centre de Formation Professionnelle des Riverains (CFPR) tenait une conférence de presse mercredi dernier, dans ses murs à Repentigny afin de présenter officiellement son projet esports. Après plus de 18 mois de travail et de préparation, et une première année de test, nous avons pu nous entretenir avec son coordinateur, Charles-Alexandre Pelletier, pour faire le point sur ce projet innovant.
Le programme esports du CFPR est un travail de longue haleine, dont le concept fut monté par Patrick Rajotte vers la fin de l’année 2016. Accessible à tous les élèves du centre, qui propose des DEP ainsi que des PISC, il représente le tout premier projet du genre au niveau secondaire au pays, et part d’un constat simple : le jeu vidéo prend de plus en plus de place dans la vie des jeunes.
“Soit on ne fait rien et on garde la tête dans le sable, soit cherche à mieux le comprendre et l’encadrer pour en faire bénéficier le jeune”, explique Charles-Alexandre, coordinateur du projet depuis octobre dernier.
Mais ici, pour les élèves, l’enseignant en lancement d’entreprise est Mr Esport. Pas nécessairement un féru de jeu vidéo compétitif, il prend pourtant le relais de Patrick Rajotte après le départ en maladie de ce dernier. C’est alors une lourde tâche qui se présente à lui : reprendre les rênes du projet à son démarrage. Les attentes étaient importantes, plus de 120 élèves étaient présents lors de la présentation du programme en septembre. C’est finalement une quinzaine d’étudiants en DEP, ainsi qu’une quarantaine provenant du PISC qui prennent part aux joutes virtuelles tous les mercredis et jeudis depuis la fin d’année 2017.
Un mot d’ordre : la prévention
Alignant quatorze PC, six consoles PS4 et autant de Xbox One, ainsi que deux GameCube, le local dédié au projet esports dispose de matériel flambant neuf. Les élèves viennent pratiquer sur l’heure du dîner, et peuvent s’aligner sur l’une des trois ligues internes : Overwatch, Rocket League, ou Super Smash Bros. Melee. Mais le volet le plus important du projet repose sur son programme de prévention : “c’est obligatoire, ils doivent participer à une conférence sur la prévention une fois par mois”, insiste Charles-Alexandre. Les conditions de participation sont très claires : les élèves doivent également être obligatoirement présents aux séances d’activité physique hebdomadaires, avoir des notes scolaires stables ou en progression, et bien entendu avoir l’accord parental.
Car c’est une autre facette implicite du programme esports : informer et rassurer les parents quant à la passion de leur progéniture, en leur expliquant ce qu’elle représente, ses forces comme ses pièges. Éduquer parents et enfants à savoir gérer cette passion qui peut être envahissante.
Pour ce faire, “Mr Esport” est épaulé par une équipe de prévention, composée de psychoéducateurs en contact avec les élèves qui l’ont aidé à monter le programme, et aller chercher des professionnels pour les conférences.
Quant au choix des jeux, il fallait répondre à des contraintes qui ont rapidement réduit les options possibles : les séances étant sur l’heure du dîner, il fallait des parties courtes, sous la demi-heure, tout en respectant les notations ESRB. Les jeux individuels ont également été mis de côté, l’objectif étant de favoriser les échanges et la coopération. Enfin, c’est un sondage auprès des élèves qui aura déterminé les jeux pratiqués.
Une année de test réussie
Cette première année aura été un test concluant, malgré son départ quelque peu chaotique, et surtout un apprentissage pour toute l’équipe. La gestion des horaires, du matériel et sa maintenance, sans parler des spécificités de chaque jeu : il a fallu apprendre au fur et à mesure, parfois avec les jeunes : “quand ils peuvent t’apprendre quelque chose, ils ont un sentiment de fierté énorme”, raconte Charles-Alexandre. Une force pédagogique de plus dans l’escarcelle du jeu vidéo.
Côté parents, la réception est bonne : “on les informe, on leur explique ce que vivent leurs enfants. Ils sont au courant car les élèves font du sport et doivent faire signer un carnet par leurs parents, et ils sont invités à visiter le local la journée d’ouverture de l’école. (...) Il faut être transparent, et leur donner les bonnes informations”, détaille encore l’enseignant.
Le travail est loin d’être terminé : une fois le bilan de cette année de lancement dressé, il restera encore de nombreux volets à développer, prévus dans le concept initial monté par Patrick Rajotte, mais qui n’ont pu être menés à bien faute de ressources. Une formation sur la diffusion en directe sur Twitch est en chantier, mais aussi développer les aspects plus compétitifs : des formations en coaching et leadership seront développées, en partenariat avec la Fédération Québécoise de Sports Électroniques. Un échange de bons procédés, la FQSÉ aidera en effet à mettre à disposition des autres établissements scolaires le programme de prévention créé par le CFPR. Une preuve de confiance et de reconnaissance pour le coordinateur : “ça montre qu’on s’en va dans la bonne place”.