« C'était les Noirs d'un côté, les Blancs de l'autre »
Football mardi, 9 juin 2020. 20:03 mercredi, 20 nov. 2024. 14:05Le parcours de notre collègue Didier Orméjuste comme joueur de football l'a amené aux États-Unis au début de sa vie adulte, plus précisément à l'Université Toledo en Ohio. Même si des amis l'avaient prévenu, il ne s'attendait pas à constater une division raciale aussi frappante lorsqu'il a mis les pieds au sud de la frontière.
Alors qu'on pleure le décès de George Floyd et que plusieurs réclament un geste concret de la NFL à propos de la situation de Colin Kaepernick, Didier a accepté de témoigner de son expérience avec les relations interraciales lors de son parcours au football dans une intéressante discussion avec l'animateur Marc Labrecque sur Facebook Live.
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Si notre collègue dit d'entrée de jeu ne pas avoir été privé d'opportunités au football en raison de la couleur de sa peau, il avoue avoir été très surpris lors de son arrivée aux États-Unis de constater que les joueurs blancs et les joueurs noirs étaient chacun de leur côté. Il n'avait jamais été témoin d'un tel phénomène alors qu'il jouait au Cégep du Vieux-Montréal.
« C'était très différent. Lorsque je jouais au Cégep, c'était très multiculturel dans le vestiaire. Naturellement, il y avait des Québécois blancs. Il y avait des Québécois d'autres origines, plusieurs étaient d'origine haïtienne, d'autres venaient de la France. Certains venaient du Nord-du-Québec ou du Saguenay et c'était leur première fois à Montréal, leur premier contact avec d'autres cultures. C'était un véritable melting pot dans le vestiaire et, règle générale, tout le monde s'entendait bien. À la cafétéria, tout le monde s'asseyait ensemble.
« Lorsque je suis arrivé à l'Université Toledo, la première fois que je suis entré dans la cafétéria, il y avait les Noirs d'un côté et les Blancs d'un côté. J'avais trouvé ça frappant. »
Ce n'était pas seulement au niveau de l'équipe de football, Didier a observé que la mixité n'était pas chose commune à l'université. Il croit que, même si le fléau du racisme systémique existe aussi au Québec, il faut traverser la frontière pour constater l'étendue du problème chez nos voisins du sud.
« Les gens ne se mêlaient pas. Les Blancs allaient s'asseoir avec les Blancs et les Noirs allaient s'asseoir avec les Noirs. Ça illustre à quel point il y a une différence au niveau des relations interraciales aux États-Unis comparativement au Québec ou au Canada. On a encore beaucoup de chemin à faire au Québec, mais la situation est tout de même différente comparativement aux États-Unis. »
Kaepernick : la NFL sincère?
Comme plusieurs, notre collègue se questionne sur la sincérité de Roger Goodell, qui a mentionné dans une vidéo publiée vendredi que la ligue « avait eu tort de ne pas avoir écouté les joueurs de la NFL plus tôt en les encourageant à prendre la parole et à manifester pacifiquement ».
Il note que cette sortie était en réaction à une vidéo publiée par des joueurs vedettes demandant à la NFL de prendre position. De plus, il faut noter que le commissaire Goodell ne mentionne jamais le nom de Kaepernick dans son mea culpa.
« C'est en réaction à cette vidéo-là que Roger Goodell a finalement reconnu que la NFL avait eu tort il y a quatre ans. Mais dans tout ça, il n'a jamais mentionné le nom de Colin Kaepernick. Il y a encore beaucoup de chemin à faire de la part du commissaire », s'est désolé notre collègue.
Est-ce que la situation actuelle pourrait ouvrir la porte à un retour de Kaepernick dans la NFL après quatre ans d'absence?
« Est-ce qu'il va y avoir une ouverture d'esprit du côté des équipes de la NFL? Honnêtement, je ne sais pas. À moins que je me trompe, on n'a jamais entendu les propriétaires se prononcer sur ce qui se passe présentement aux États-Unis. Où sont les propriétaires dans tout ça? Parce que c'est eux qui doivent décider.
« Et rappelons-nous en 2016. La grande majorité des propriétaires n'appréciaient pas du tout de voir les joueurs mettre le genou au sol. »