Bob Hartley source d'espoir en Lettonie
Hockey mardi, 2 mai 2017. 10:19 dimanche, 6 avr. 2025. 21:53
Les Championnats mondiaux ne sont même pas encore commencés et bien des observateurs prédisent déjà une troisième médaille d’or canadienne. Quelques pays ont toutefois l’ambition de les faire mentir. Les Russes sont particulièrement motivés après trois années de disette. Ils ont certes remporté le bronze en 2016 et l’argent en 2015, mais on ne se contente jamais d’une deuxième position en Fédération de Russie.
À lire également
Les pays présents ne sont pas tous aussi ambitieux. Les Français se sont donné pour priorité de populariser le hockey dans l’Hexagone. Le Bélarus vise à nouveau une médaille, cette année, mais le pays des frères Kostitsyn cherche surtout à éviter de répéter le désastre de l’année passée. Les Lettons, quant à eux, ne veulent plus être de simples figurants. Kaspar Daugavins du Torpedo de Nijni Novgorod est très clair à ce propos.
« Les choses doivent changer. Depuis les derniers Jeux olympiques, nous ne l’avons pas eu facile. Cette année, il y a eu beaucoup de changement au sein de notre Fédération de hockey. Il est maintenant temps de livrer la marchandise. »
Au sein de ses changements, on trouve l’arrivée de Bob Hartley à la barre de l’équipe nationale lettone. Le célèbre Franco-Ontarien a été recruté en décembre dernier. L’ancien entraîneur-chef des Flames de Calgary a refusé une offre du Lokomotiv de Iaroslav en acceptant ce poste. Pour Daugavins, l’arrivée de Hartley est une bouffée d’air frais pour son équipe nationale.
« Hartley est dans l’élite mondiale. Aucun joueur ne va se plaindre d’être dirigé par un tel entraîneur. Nous sommes tous heureux de le voir arriver. Il amène du sang neuf au sein de la formation et des méthodes de travail différentes. »
Lors des deux dernières années, l’équipe lettone a été dirigée par Aleksandrs Belavskis, en 2015, et Leonids Beresnevs, en 2016. Les entraîneurs lettons n’ont toutefois pas amené beaucoup de succès à leur équipe nationale. En fait, les derniers succès de la Lettonie datent de Sotchi, à une époque où l’équipe a été dirigée par Ted Nolan. Recruter du côté des entraîneurs de la LNH au chômage n’est donc pas une mauvaise idée. Arthurs Kulda, du Jokerit d’Helsinki, explique comment ses coéquipiers vivent le régime de Bob Hartley.
« Les gars basés en Lettonie ont beaucoup aimé les entraînements, car ils ont pu faire de nouvelles «drills». Ceux ayant déjà joué en Amérique du Nord n’ont toutefois pas été dépaysés. Nous avons toutefois dû nous ajuster à son rythme. Il est plus exigeant. Nous devons penser et jouer plus rapidement lorsqu’on s’exécute. »
Oskars Cibulskis a terminé sa huitième saison au sein du Dinamo de Riga cette année. Il fait partie des joueurs n’ayant jamais évolué en Amérique du Nord. Il n’est pas particulièrement plus dépaysé que Kulda par le style de Bob Hartley. Il aime toutefois le souci du détail de son nouvel entraîneur.
« C’est très similaire à ce que nous faisions avec Ted Nolan. Vous savez, le hockey, ça demeure le hockey. Il n’y a rien de sorcier dans les «drills» nord-américaines. Cela dit, Hartley nous a souvent parlé de ces petites choses faisant la différence. Il veut que nous fassions tout à la perfection. Ça nous force à redoubler d’efforts. »
« C’est réellement le hockey nord-américain comme celui que j’ai connu durant mon passage dans la WHL. On voit clairement qu’il a beaucoup d’expérience. Il travaille très fort pour changer nos méthodes. Il veut changer la philosophie de l’équipe. »
Redonner confiance aux troupes
En 2015, à Prague, les Lettons ont frolé la relégation. Ils s’en sont sauvés de justesse lors de leur dernier match en arrachant un point à la France. L’an dernier, la Lettonie a rapidement été exclue des rondes éliminatoires et elle a terminé avant-dernière au classement du groupe A. Pour Daugavins, il ne fait pas de doute que la psychologie de l’équipe a joué un rôle dans ces tristes résultats.
« Nous manquions de confiance. Lors des trois derniers Championnats mondiaux, nous pensions plus à survivre qu’à participer aux rondes éliminatoires. Nous avions assez de bons joueurs pour le faire, mais nous n’y croyions pas. »
Daugavins croit que Ted Nolan a été la pièce maitresse des succès lettons lors des Jeux olympiques de Sotchi.
« Nolan savait comment nous parler pour nous donner le gout de vaincre. C’est la chose la plus importante dans ce jeu. De nos jours, tout le monde joue de la même manière. Tous les entraîneurs connaissent les stratégies des adversaires. La seule manière de réussir, c’est de croire en ses capacités et de faire les bonnes choses au bon moment. »
À titre de capitaine de l’équipe nationale, l’ancien des Sénateurs d’Ottawa espère que Bob Hartley saura redonner confiance aux troupes. À ses yeux, c’est le plus grand défi que le natif de Hawkesbury aura à relever. Si on en croit les dire d’Edgars Kulda, Daugavins n’a aucune raison de s’inquiéter.
« Dès le début du premier camp, il a fait quelques discours pour redonner le moral. Il nous a expliqué comment nous pouvons être une bonne équipe. Il nous a dit que si nous travaillions fort, nous pourrions faire de grandes choses dans le futur. C’était très inspirant et c’était une excellente manière de commencer le camp. »
Son frère a lui aussi assisté à ce premier entraînement avec Bob Hartley. Arthurs a apprécié l’entrée en matière du nouvel entraîneur.
« Il nous a expliqué jusqu’à quel point il désire nous voir gagner. Il nous a dit de ne pas viser seulement une huitième ou une dixième place lors des Championnats mondiaux. À ses yeux, nous pouvons et nous devons faire mieux que ça. Il nous a dit que c’est notre devoir d’aller sur la glace pour prouver comment nous sommes d’excellents joueurs de hockey. »
Les joueurs de la Lettonie n’ont pas seulement apprécié le discours public de l’entraîneur. Hartley est célèbre, mais il ne s’est vraisemblablement pas présenté pour snober ses joueurs. Arthurs explique comment ce Champion de la coupe de Stanley s’est montré agréable à leur égard.
« C’était vraiment plaisant de travailler avec lui. Il est exigeant, mais ce n’est pas un dictateur. En dehors des entraînements, il ne se gênait pas pour faire des blagues. Tout en étant très professionnel, il a réussi à créer une atmosphère saine au sein du groupe. »
Pour Bob, donner une bonne impression à ses nouveaux joueurs semble avoir été le principal objectif du premier entraînement. Hartley s’est un peu retrouvé en territoire inconnu lorsqu’il a pris en charge l’équipe. Les trois quarts de ses joueurs viennent des clubs de la KHL et les autres évoluent presque tous en Europe. Comme Oskars Cibulskis l’explique, avant de parler de hockey, il a fallu premièrement faire connaissance!
« Nos anciens entraîneurs, au sein de l’équipe nationale, nous les connaissions tous déjà depuis longtemps. Hartley vient d’arriver et il a besoin de connaître son environnement. Lors de notre première rencontre, il a commencé par me demander si j’étais marié. Il voulait savoir combien j’ai d’enfants. Il a aussi essayé de savoir qui sont mes amis au sein de l’équipe. Il m’a semblé vouloir analyser la psychologie de chaque joueur. »
À quelques jours des Mondiaux de hockey, Bob Hartley a-t-il réussi à redonner assez confiance aux Lettons pour jouer de mauvais tours aux puissances de ce sport? L’avenir nous le dira. Cela dit, de bons résultats à la barre de la Lettonie pourraient ramener l’ancien des Aces de Cornwall à la case départ. Au Dinamo de Riga, on parle publiquement de le mettre sous contrat pour la prochaine saison.