Les exploits de Guy Lafleur avec le Canadien de Montréal ont contribué à bâtir l'une des grandes dynasties de l'histoire de la LNH à la fin des années 1970. Une dynastie que Lafleur a lui-même contribué à perpétuer grâce à ce qui a possiblement été le but le plus mémorable de sa carrière, lors du septième match de la série demi-finale contre les Bruins de Boston, le 10 mai 1979, au Forum.

Il s'agit là d'un des nombreux grands moments d'émotions que Lafleur a fait vivre aux amateurs de hockey du Québec, à travers ses propres épisodes d'allégresse, mais aussi de désarroi et d'inquiétude.

Face à un recul de 4-3, le Canadien obtient un avantage numérique avec 2:34 à jouer à la troisième période quand la troupe de Don Cherry se fait prendre en défaut avec trop de joueurs sur la patinoire.

Exactement 80 secondes plus tard, Lafleur crée l'égalité grâce à un foudroyant tir frappé, venu de quelques pieds à l'intérieur de la ligne bleue, qui se faufile tout juste hors de la portée du patin droit du gardien Gilles Gilbert, après une passe arrière de Jacques Lemaire.

Ce but a couronné une performance de trois points de Lafleur à la troisième période, au début de laquelle le Canadien tirait de l'arrière 3-1.

Éventuellement, le Canadien l'emporte en prolongation grâce à un but d'Yvon Lambert, avant d'éliminer les Rangers de New York en cinq matchs en finale pour la dernière de ses quatre coupes Stanley d'affilée.

« Je ne suis pas ici pour mes beaux yeux. Je ne dirais pas que j'étais obligé de faire ce que j'ai fait en troisième, mais c'est mon travail, c'est mon métier », avait commenté Lafleur après la victoire face aux Bruins.

Après la défaite crève-coeur de ses joueurs, Cherry avait qualifié Lafleur de "plus grand joueur au monde".

La glissade et le choc

Après une saison de 50 buts et 125 points en 1979-80, les statistiques de Lafleur commencent graduellement à diminuer.

En 1980-1981, Lafleur amasse 27 buts et 70 points en 51 matchs, une récolte respectable de 1,37 point par rencontre, le 10 taux d'efficacité à ce chapitre dans la LNH. Toutefois, sa saison sera aussi marquée par un accident d'automobile dans lequel il frôle la mort, dans la nuit du 24 mars, 15 jours avant le début des séries.

En matchs éliminatoires, il n'obtient qu'une seule mention d'aide et le Canadien est victime d'un surprenant balayage en trois matchs dès la première ronde aux mains des Oilers d'Edmonton, une très jeune et prometteuse équipe qui compte dans ses rangs un certain Wayne Gretzky.

En 1983-84, Lafleur atteint le cap des 30 buts pour la première fois en quatre ans, mais ne récolte que 70 points en 80 matchs. Il est ensuite limité à trois aides en 12 matchs éliminatoires, au sein d'une équipe que dirige dorénavant Lemaire.

Puis, le 26 novembre 1984, presque un mois jour pour jour après avoir marqué son dernier but et deux jours après son dernier match, contre les Red Wings de Detroit au Forum, Lafleur surprend le Canadien et le monde du hockey en annonçant sa retraite.

Blanchi à ses neuf sorties précédentes, Lafleur avait été limité à une maigre récolte de deux buts et cinq points en 19 parties depuis le début de la campagne.

« Non, ce n'est pas une décision émotive, a déclaré Lafleur aux journalistes. Je n'en pouvais plus, je n'avais plus le feu sacré.

« Si j'avais continué à jouer, j'aurais pu ternir mon image. J'aurais pu retourner le public contre moi. Non, je ne le regretterai pas, j'en suis sûr? », a-t-il aussi affirmé.

Le 16 février 1985, lors d'une cérémonie riche en émotions avant un duel contre les Sabres de Buffalo, l'équipe contre laquelle il avait inscrit son dernier but, le Canadien en fait un immortel en retirant son fameux numéro 10.

Retours triomphaux

La grande affection des Québécois pour Lafleur s'est manifestée non seulement pendant ses années de gloire avec le Canadien, mais quelques années plus tard, dans des chandails différents.

On l'a notamment constaté, le 4 février 1989, dans l'uniforme des Rangers de New York, équipe avec laquelle Lafleur avait effectué un retour au jeu quelques mois plus tôt.

Ce soir-là, contre Patrick Roy, il a fait vibrer le Forum de Montréal comme aucun autre joueur rival n'y est probablement jamais parvenu en récoltant deux buts et une aide lors d'une défaite de 7-5 des Rangers.

« La réaction du public a été formidable », avait commenté Lafleur, qui avait été encouragé tout au long de ce match.

« Le public m'a vraiment stimulé. Ce soir, l'adrénaline s'est vraiment promenée. »

La légendaire carrière de joueur de Guy Lafleur

Quelque deux ans plus tard, lors de soirées consécutives, Lafleur est l'objet de démonstrations d'amour de deux groupes de partisans aux allégeances opposées.

Il dispute ses deux derniers matchs en carrière avec les Nordiques de Québec, contre leurs grands rivaux provinciaux, les 30 et 31 mars 1991.

Lors du premier match de cette série aller-retour, au Forum, il inscrit son 560e et dernier but en carrière à 8:59 de la deuxième période, lors d'un avantage numérique.

« Je suis très fier de ce but », avait mentionné Lafleur, qui, une fois de plus, avait reçu un accueil chaleureux des spectateurs.

« Je m'en souviendrai autant que les buts que j'ai marqués pendant les finales de la Coupe Stanley. »

Le lendemain, en guise de dernier tour de piste, il foule la glace d'un Colisée de Québec modernisé. Un édifice qu'il avait contribué à mettre au monde et où il avait régné en roi et maître pendant deux ans avec les Remparts, dans la LHJMQ, quelque 20 ans plus tôt.

Dans le cadre d'une fête grandiose, il reçoit une ovation qui dure une dizaine de minutes.

De toute évidence, les amateurs réunis au Colisée étaient heureux de voir Lafleur boucler la bouche d'une remarquable carrière, là où elle avait véritablement pris son envol.

« Aujourd'hui, 20 ans après, j'ai le sentiment de pouvoir partir en paix et surtout, d'être bien dans ma peau. J'ai porté avec fierté le chandail de trois grandes organisations, mais c'est le Fleurdelysé que je porte aujourd'hui dans mon coeur », avait déclaré Lafleur en guise de remerciements aux partisans des Nordiques.

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