MONTRÉAL - Il y a un peu plus d’un mois, Carey Price a reçu l’appui général de ses coéquipiers, de ses adversaires, des dirigeants du Tricolore, de ceux de la LNH, des partisans du Canadien et des médias, pour sa décision de s’inscrire au programme d’aide mis de l’avant par la Ligue et l’Association des joueurs.

Malgré son statut de super héros, le gardien étoile avait besoin de se refaire une santé mentale.

Unanimement tout le monde a dit bravo! Tout le monde a salué son courage, ses bonnes intentions.

Maintenant que Price vient de lever le voile sur les raisons plus profondes qui minaient sa santé mentale et l’ont enfoncé dans une « grande noirceur » comme il l’a lui-même reconnu dans une publication qui a paralysé la planète hockey sur le coup de 17 h mardi, il mérite le même appui général.

Et non le retrait de cet appui.

À mes yeux, il serait non seulement bête, mais injuste de retirer à Price l’appui public offert il y a à peine un mois simplement parce que ses ennuis de santé mentale sont attribuables à des ennuis de consommation de substances qui ont miné sa santé au sens très large. Sa santé d’athlète comme sa santé d’homme, de mari, de père de famille.

De quelle consommation parle-t-on?

De la boisson? Des médicaments prescrits ou non qu’il a peut-être consommé après avoir subi des interventions chirurgicales au fil des dernières années ou simplement pour composer avec les douleurs associées au poids de sa carrière qui avance? Des drogues sociales? Des drogues fortes?

Je n’ai pas cette information. Une information qui revêt une certaine importance, peut-être même une importance certaine.

Comme journaliste, j’aurais préféré que Price lève davantage le voile sur ses ennuis. Ce faisant, il aurait minimisé les risques qu’une croisade médiatique s’amorce afin de déterminer à quel genre de substance il était accroc. D’un autre côté, il a le droit de garder pour lui, ses proches et ses coéquipiers les détails plus précis de son aventure. Ou de ses mésaventures puisque c’est davantage ce dont il est question ici.

C’est là où il devient important de respecter la vie privée de Price comme de tous ceux et celles qui doivent composer avec les mêmes démons qui l’ont conduit à la porte du centre de désintoxication où il a passé le dernier mois. D’où il est ressorti plus fort et en mesure d’entreprendre la deuxième des nombreuses batailles qui lui permettront peut-être de gagner la guerre. Une guerre qui est toutefois très difficile, voire impossible, à gagner vous diront ceux et celles qui l’ont devancé dans ce genre de centres.

Price est un extraordinaire gardien de but. Il l’a prouvé dans le passé. Il a encore le talent pour le prouver à nouveau d’ici à ce qu’il termine sa carrière.

Il a maintenant besoin du temps et de l’appui nécessaire pour lui permettre d’amorcer son retour vers la cage du Tricolore. La cage qui lui appartient et qu’il défend depuis déjà fort longtemps.

Il aura besoin de temps sur le simple plan physique puisque Price amorce « son » camp d’entraînement sur le plan physique. Un camp qui devrait se prolonger sur une période de deux à trois semaines selon le temps qu’il aura besoin pour retrouver sa forme et s’assurer que ses genoux sont bien solides, que ses réflexes sont bien aiguisés et que sa confiance est retrouvée. Ou renouvelée.

L’autre camp d’entraînement, celui qui l’aidera à sortir de la grande noirceur et à s’installer à nouveau dans la lumière où il a brillé par le passé, durera le temps qu’il durera. Et ce pourrait être plus long.

Pour l’aider à compléter ce camp d’entraînement le plus vite possible et d’en sortir le plus fort possible, il est clair que je respecterai le souhait du gardien et de sa famille de lui donner le temps et l’espace nécessaires pour qu’il y arrive.

Mais il y a moyen de lui accorder notre appui tout en respectant cette vie privée. Ce que je fais ici sans retenue comme je l’avais fait il y a un mois. Parce que le joueur de hockey c’est bien beau, mais l’homme derrière le joueur de hockey, le mari, le père, l’ami, c’est bien mieux.

Et c’est à cet homme derrière le joueur de hockey que je tiens à souhaiter tout le courage dont il aura besoin pour la suite des choses. M. Price : votre première bataille est gagnée. Bonne chance dans les prochaines qui se succéderont au fil des prochains jours, des prochaines semaines, des prochains mois et des prochaines années. Et comme vous l’avez vous-même souligné plus tôt aujourd’hui, c’est un jour à la fois que vous y arriverez.