Des liens aussi précieux 25 ans plus tard
Canadiens jeudi, 11 oct. 2018. 20:33 jeudi, 14 nov. 2024. 08:38MONTRÉAL – À travers sa riche histoire, le Canadien n’avait jamais habitué ses partisans à patienter pendant 25 ans avant d’assister à la prochaine conquête de la coupe Stanley. De grandes émotions pouvaient bien flotter dans l’air lors de l’hommage à l’édition championne de 1993.
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Le public a pu renouer avec plusieurs des membres de cette organisation grâce à une superbe présentation orchestrée par le Canadien. Avant et après ce moment de nostalgie, ces anciens du Tricolore ont pu se regrouper dans une loge qui débordait de plaisir.
Avec un peu d’imagination, on pouvait facilement croire qu’on était dans le vestiaire du mythique Forum de Montréal.
« Écoute, depuis que je suis arrivé, je n’ai pas encore entendu parler de hockey. On va surtout se raconter des histoires et des anecdotes », a réagi Serge Savard, le directeur général et architecte de cette formation qui avait surpris la planète hockey.
Un quart de siècle plus tard, ce championnat revêt un cachet encore plus spécial.
« C’est ma seule coupe dans ma carrière de 18 saisons, c’est inévitablement l’année dont je me souviens le plus. Ce sont les gars avec lesquels j’ai vécu les émotions les plus fortes. Mes plus beaux souvenirs sont la série contre les Nordiques et le défilé. C’est là que j’ai vraiment réalisé l’impact qu’on avait sur les gens au Québec », a confié Vincent Damphousse qui avait connu une saison très productive.
Stéphan Lebeau a très bien décrit le lien qui unit tous ces hockeyeurs qui ont littéralement saigné pour leurs pairs au nom du Canadien.
« On a une amitié pour la vie, on est frères de sang, de coupe Stanley si on peut dire. C’est comme si on ne s’était jamais quittés », a prononcé l’ancien numéro 47.
D’ailleurs, Lebeau est persuadé que c’est le caractère de ce club qui a produit le résultat tant désiré.
« Il y a une tonne d’histoires sur cette édition, mais je trouve qu’on a sous-estimé notre groupe. On n’était pas les favoris, mais on était certainement une équipe de qualité avec des individus de grande qualité. Dans ce vestiaire, il avait un niveau de leadership incroyable. En plus des leaders forts, il y avait des endosseurs de leaders. Tellement de gars poussaient dans la même direction qu’on ne paniquait pas dans l’adversité. On avait le don de bien gérer nos émotions et le momentum des séries a rendu notre équipe meilleure », a relaté Lebeau.
L’immense rôle de l’entraîneur Jacques Demers a été vanté des milliers de fois dans cette épopée victorieuse. Et quand les choses déraillaient légèrement, ce n’était pas trop long que le bâtisseur de ce groupe s’interposait comme l’a indiqué le miraculé de la médecine, Lyle Odelein.
« On n’était pas la meilleure équipe, mais on formait une famille heureuse et proche. Avec des gars comme Patrick (Roy), Carbo (Guy Carbonneau), (Kirk) Muller, (Mike) Keane, on avait beaucoup de caractère dans ce groupe. Quand Serge (Savard) venait dans la chambre, on savait qu’on était dans le trouble. Ça replaçait tout bien rapidement », a exprimé le sympathique défenseur.
À cette époque, même le président de l’équipe, Ronald Corey, était très près des joueurs. Sa présence était incontournable derrière le banc du Canadien.
« Il faut dire que le Forum se prêtait très bien à ça. C’était moins gros et le Centre Molson a changé la donne. La proximité n’était pas la même. Tout le monde était près de tout au Forum », s’est rappelé Corey qui n’oubliera jamais le moment lors duquel la foule a pu envahir le petit amphithéâtre ce soir du 9 juin 1993.
« J’étais descendu avec quelques minutes à écouler au match et j’avais donné la consigne d’ouvrir les portes tout de suite. Sinon, les portes auraient brisé. Il y en avait une qui a été fracassée. Le monde voulait tellement entrer. J’étais d’accord, les gens allaient avoir du plaisir. Il y avait tellement d’électricité dans l’air », a-t-il témoigné.
Les retrouvailles ont commencé, mercredi soir, avec un souper et une seule conclusion était valable.
« C’est quasiment trop beau. Avec tout ce qu’on a vécu, on était unis comme des frères. J’ai été un boutte sans avoir une gang de ces gars et là tout est condensé en deux jours, c’est trop court, on ne sait plus par où commencer! On ne peut pas raconter tout ce qui nous est arrivé depuis 25 ans. C’est un feeling extraordinaire, on vit des sentiments très forts », a bien résumé celui qui a contribué à sa manière unique, Mario Roberge.
En fait, ce n'est pas vrai, il y avait un autre constat qui ne faisait aucun doute. Si on avait dit à ces joueurs, en 1993, qu'ils seraient les derniers représentants du Canadien à avoir soulevé le précieux trophée 25 ans plus tard, personne n'aurait cru à cette possibilité.
« Honnêtement, on avait une culture de gagner la coupe et participer aux séries n’achetait pas la paix. Ne pas gagner la coupe devenait un peu un cauchemar l’été pour ceux qui restaient au Québec. On était élevés dans cette culture. On parlait du flambeau, on le passait de génération en génération. Moi, ce sont Guy Carbonneau et Patrick Roy qui m'ont influencé. C'est le fun pour nous de naviguer sur cette coupe depuis 25 ans, mais ça fait trop longtemps qu'on a vu le Canadien la remporter », a admis Lebeau.