MONTRÉAL - Lorsque les défaites s’accumulaient au cours des dernières semaines et que les appels au congédiement de Claude Julien résonnaient aux quatre coins du Centre Bell, ses joueurs avaient son avenir entre leurs mains.

 

Une, deux, trois défaites de plus auraient sans doute forcé Marc Bergevin à congédier son coach même s’il n’en avait pas vraiment envie. Ou qu’il n’était pas prêt à le faire.

 

Il n’aurait pas vraiment eu le choix. Et non! Le directeur général du Canadien n’aurait pas eu à prendre cette décision simplement pour faire taire les journalistes. Pour apaiser la grogne les partisans.

 

Il aurait dû prendre cette décision parce que ses joueurs lui auraient imposé de le faire. Car en prolongeant une séquence de revers qui était déjà rendue trop longue, les joueurs du Tricolore auraient dit à leur grand patron qu’ils n’avaient plus l’intention de faire les sacrifices nécessaires pour gagner... et donc pour sauver le job d’un coach dont le mandat principal est de faire gagner son club.

 

Mais voilà! Jamais au cours de la séquence de huit revers, on a senti que le contrôle de l’équipe était en train de glisser entre les doigts de Claude Julien. Ou si peu...

 

Après la victoire de 4-1 arrachée aux Penguins, à Pittsburgh de surcroît, où ils n’avaient perdu que trois fois en temps réglementaire en 17 matchs, après cette troisième victoire en quatre matchs, on peut même avancer sans risque de se tromper que Claude Julien a son équipe bien en mains.

 

Le Canadien est toujours vulnérable en défensive. En fait il est vulnérable tout court. Cette équipe manque toujours de profondeur en attaque comme les absences de Jonathan Drouin, Paul Byron, Jesperi Kotkaniemi et même Victor Mete – pour l’aspect offensif de son jeu – le démontrent avec éloquence.

 

Mais cette équipe ne lâche pas.

 

En prime, les joueurs acceptent – la grande majorité en tout cas – de s’astreindre à respecter des consignes défensives en attendant que les occasions offensives ne se présentent.

 

La victoire aux dépens des Penguins en a fait la preuve par 100.

 

Dans le sable et la mélasse

 

Quand Phillip Danault a effectué une bien vilaine passe vers Ben Chiarot qui s’est alors fait prendre à contrepieds à la ligne bleue ennemie, que le défenseur a effectué un vilain pivot pour permettre à Jake Guentzel de marqué dans un filet désert à la suite d’une belle passe de Bryan Rust au terme d’une longue descente en surnombre, on s’est dit qu'il serait difficile pour le Canadien de prolonger à deux sa série de victoires.

 

Patinant dans un mélange de sable et de mélasse – Claude Julien et ses joueurs ont préféré admettre qu’ils étaient un peu rouillés après trois jours de congé – le Canadien n’était pas vraiment là en première période.

 

En fait il n’était pas là du tout.

 

Mais parce que le Canadien s’est assuré de fermer le jeu à défaut de pouvoir créer de l’attaque digne de ce nom, et aussi parce que Carey Price a su profiter du resserrement défensif de ses coéquipiers, il est demeuré dans le coup.

 

Résultat : un but chanceux de Tomas Tatar qui a vu la rondelle déjouer Tristan Jarry même s’il a complètement raté son tir a ramené le Canadien dans le coup.

 

Joel Armia a ensuite fait ce qu’il fait de mieux c’est-à-dire protéger la rondelle avec jalousie en zone adverse avant de faire la deuxième chose qu’il fait de mieux : décocher un bon tir de l’enclave pour méduser les gardiens qui, comme moi, ne l’ont jamais vraiment pris au sérieux...

 

Et il y a Shea Weber qui a ensuite rappelé à tous ceux et celles qui scandent à qui veut bien l’entendre qu’il est déjà trop vieux, trop lent, et plus assez mobile pour donner raison au Canadien de l’avoir acquis en retour de P.K. Subban qu’il avait encore du bon hockey à donner.

 

Et pas juste en défense.

 

Bon! Je conviens avoir été tout aussi surpris que vous de le voir se pousser en zone offensive comme un poulain. Et plus surpris encore de l’avoir vu marquer sur une passe du grand tourniquet, du revers en prime.

 

Mais Weber amasse des points à un rythme impressionnant cette année. Il vient d’atteindre le plateau des 10 buts pour la 11e fois de sa carrière. Il devance Zdeno Chara (10 saisons) au premier rang des défensifs actifs comptant le plus de saisons en carrière de 10 buts et plus. Weber et Chara sont talonnés par Brent Burns et Dustin Byfuglien qui en comptent neuf.

 

Pas mal pour un petit vieux...

 

Un leadership fort

 

Mais plus encore que ses buts et ses passes, c’est l’implication de Weber, son leadership, qui le rend si important au sein de cette équipe encore bien fragile.

 

Car si Claude Julien fait preuve de beaucoup de leadership en maintenant le cap sans paniquer malgré les défaites qui s’accumulent et le tumulte que ces revers provoquent, le capitaine est un solide allier dans le vestiaire.

 

Loin de se préoccuper de ses statistiques personnelles, il revient quotidiennement sur l’importance de faire tout ce qu’il est nécessaire de faire pour aider l’équipe à gagner et que ce sont les points au classement de l’équipe qui auréolent les saisons des joueurs, pas leurs statistiques personnelles.

 

Un message qui est bien difficile de ne pas saisir même en se contentant de tendre une oreille distraite aux propos du capitaine, ou en regardant d’un œil discret sa manière de jouer.

 

Ajoutez à cela le fait que Brendan Gallagher donne plus de poids au message de Weber en se défonçant comme si sa vie en dépendait pour gagner une course vers une rondelle libre et marquer un but dans un filet désert dont le Canadien n’avait même pas besoin pour confirmer sa victoire et vous avez là des signes évidents d’un leadership qui, loin de s’étioler, s’est renforcé au cours de la séquence difficile, non très difficile, que le Canadien a traversé.

 

Un club qui a largué son coach ne joue pas comme le Canadien a joué mardi à Pittsburgh.

 

Des joueurs qui ont décidé de lever le pied afin d’obtenir la tête de leur coach ne jouent pas comme le Canadien a joué lors de ses quatre derniers matchs.

 

Ça n’assure pas le Canadien d’une place en séries. Loin de là.

 

Ça n’assure pas non plus à Claude Julien la certitude qu’il ne sera jamais largué par son club, ou congédié par ses patrons. Car nous savons tous, lui le premier, que cela arrivera un moment donné.

 

Mais de la façon dont le club joue en ce moment, de la façon dont les joueurs se sacrifient en défensive pour mousser les chances de victoire, on peut regarder en avant en se disant que le Tricolore sera encore dans la course aux séries lorsque Drouin, KK, Byron et Mete reviendront au jeu.

 

Pourvu, bien sûr, que le Canadien ne bousille pas tout ce qu’il vient de faire de bien et de bon dans cette séquence de trois gains en quatre matchs en s’écrasant devant Ottawa et Detroit !

 

Deux clubs qui ont battu le Tricolore est-il besoin de le rappeler.

 

Pour éviter ces pièges, le Canadien aurait bien besoin que Max Domi décide enfin qu’il veut lui aussi faire gagner son club au lieu de récolter des points dans des causes perdantes afin de s’offrir des munitions dans sa quête de toucher le gros lot lors de la signature de son prochain contrat.

 

Ça aiderait...

 

En bref

  • L’officiel mineur responsable du calcul des mises en échec, mardi soir, à Pittsburgh, avait la mise en échec facile. Il a distribué allégrement un total de 120 mises en échec assénées par les joueurs des deux équipes.
     
  • Les 120 mises en échec relevées lors du match de mardi dépassent de 43 le total le plus élevé jusqu’ici cette saison dans un match du Tricolore. Le sommet jusqu’ici avait été obtenu le 31 octobre dernier, à Las Vegas, alors que le CH et les Golden Knights avaient échangé 77 mises en échec...
     
  • Le Canadien avait alors été crédité de 39 mises en échec alors que l’officiel mineur en devoir, mardi soir, à Pittsburgh en a octroyé 67 aux joueurs du Tricolore dont huit à Ben Chiarot et Jeff Petry...
     
  • Pour une très rare fois cette saison – je ne crois pas que ce soit arrivé en fait – tous les joueurs du Tricolore ont été auréolés d’une mise en échec assénée. Max Domi, Phillip Danault et Matthew Peca sont les seuls à s’être « contentés » d’une seule alors que tous les joueurs des Penguins, sauf Dominik Kahun, ont reçu une étoile à leur bulletin physique de la soirée...
     
  • J’espère que vous avez compris depuis un bon moment que je ne crois pas une seconde les résultats du travail de l’officiel mineur en question...