En faisant l’acquisition de Jonathan Drouin, le Canadien de Montréal croyait bien frapper un coup de circuit, mettant le grappin sur l’un des plus beaux potentiels offensifs de la LNH et un Québécois en prime.

À la mi-saison, il apparait évident que les attentes n’ont pas été satisfaites. Le Canadien croule dans les bas-fonds du classement général, alors que Drouin n’a amassé que 5 buts et 14 passes en 37 parties.

Il n’y a pas de fumée sans feu. Ce sont les mauvaises performances du Tricolore qui attisent la grogne des amateurs. Drouin n’est ni étranger à ces insuccès, ni l’unique responsable. Il n’en demeure pas moins que plusieurs facteurs sont venus compliquer jusqu’ici sa première saison dans la métropole.

Il fut d’abord muté au centre, ce qui n’est visiblement pas sa position de prédilection. Même que le directeur général, Marc Bergevin, a reconnu que Drouin occupait ce poste par défaut, par manque d’options. C’étaient de gros souliers à remplir, peut-être même trop gros.

La chimie n’a jamais opéré avec Max Pacioretty.

Puis, Mikhail Sergachev a explosé à Tampa Bay, devenant même un favori dans la course au trophée Calder remis à la recrue de l’année. Présentement, il a récolté plus de buts et de points que Drouin cette saison, ce qui n’est pas peu dire. Bien que cet exercice soit injuste, il reste facile de comparer les statistiques des deux hockeyeurs, ce qui n’est pas du tout à l’avantage du numéro 92.

La cerise sur le gâteau est assurément la blessure qu’il a subie au bas du corps à la fin du mois de novembre. Celle-ci lui a fait manquer quatre parties et il n’a récolté que deux passes en 12 parties depuis son retour au jeu. Même que son dernier but remonte au 29 novembre, soit une éternité. Il ne fait nul doute que cette blessure est venue casser les reins de Jonathan Drouin dans une saison qui apportait déjà son lot de défis.

Depuis le mois de décembre, le rendement de Jonathan Drouin est beaucoup moins intéressant aux deux extrémités de la patinoire.

À l’attaque, son nombre de jeux générant des chances de marquer a chuté drastiquement pour un même temps d’utilisation. C’est principalement attribuable au fait qu’il exploite moins l’enclave. Il tire moins fréquemment depuis cet emplacement, et surtout, il y alimente moins souvent ses coéquipiers.

Pour espérer marquer dans la LNH, il faut lancer de l’enclave, comme l’angle de tir y est optimal et que le temps de réaction du gardien y est minimal. Cela explique d’ailleurs que plus de 75% des buts inscrits dans le circuit Bettman aient pour origine l’enclave.

Il est de connaissance notoire que Drouin est un excellent fabricant de jeux et ce qui caractérise généralement ceux-ci est leur habileté à compléter des passes dans l’enclave. Malheureusement, le Québécois n’est plus l’ombre de lui-même dans cette facette, ne complétant que 44,7% de ces passes depuis le 9 décembre, ce même taux étant auparavant de 55,0%.

Jonathan Drouin est également moins créatif avec le contrôle du disque, déjouant plus rarement ses adversaires via une feinte. Pourtant, il est un véritable magicien une fois en possession de la rondelle et ce talent brut fait de lui un joueur si spécial.

En zone défensive, Drouin est également moins impliqué, alors qu’il orchestre moins de sorties de zone en transportant lui-même la rondelle à l’extérieur de son territoire. Encore pire, son nombre de revirements commis en zone défensive est en hausse de 46% depuis son retour au jeu, ce qui est hallucinant. Ces revirements ont d’ailleurs forcé Carey Price à s’illustrer à quelques reprises, coûtant parfois même un but à la Sainte-Flanelle.

À la lumière des statistiques avancées, il est indubitable que la blessure de Jonathan Drouin lui a scié les jambes, bien qu’il n’ait pas manqué à l’appel pour une longue période. Il peut s’avérer très difficile de revenir au jeu après s’être absenté, ce  qui peut s’expliquer par un manque de synchronisme ou un retard quant au conditionnement physique. Dans le hockey professionnel, tout est une question de fractions de seconde et de centimètres. C’est ce qui pourrait expliquer la baisse de rendement de Drouin.

La bonne nouvelle est que Drouin finira inévitablement par débloquer. Il peut même s’inspirer de Brendan Gallagher qui a rebondi tel un lion après avoir connu une saison de misère en raison d’une blessure à une main l’an dernier.

Il n’en demeure pas moins que si le Canadien veut réellement frapper le coup de circuit souhaité en acquérant Drouin, il devra le placer dans un contexte favorable.