Très compétitif, Jayden Struble est parfois un « enfoiré » sur la glace
Canadiens mercredi, 25 mars 2020. 08:00 mercredi, 25 mars 2020. 11:16MONTRÉAL – Alors que l’état-major du Canadien a été séduit par ses fabuleuses capacités athlétiques, son entraîneur universitaire ose une confidence sur le bout des lèvres à propos de Jayden Struble : «il est un enfoiré à l’occasion sur la patinoire».
Jim Madigan le dit en riant, mais il le pense tout de même et il a pu confirmer durant la saison recrue de Struble avec les Huskies de Northeastern. Après tout, le hockey est un affrontement et ça ne sert pas vraiment à se faire des amis dans le feu de l’action.
Ça demeure fascinant que Struble ait eu l’assurance d’afficher ce caractère tempétueux dès sa saison recrue au niveau universitaire. On pourrait dire qu’il a un peu de Brady Tkachuk, de Zdeno Chara ou de Chris Pronger dans le nez.
«C’est un jeune avec une tonne d’assurance, de l’agressivité à revendre et une dimension très physique; il est un adversaire intimidant. Il ne recule devant personne et il initie bien des confrontations. La chose que je peux dire, il est parfois un prick (voici le terme qu’on a choisi de traduire par enfoiré) sur la glace. Il est ainsi et il a appris à ne pas écoper de mauvaises pénalités dans ce sens», a décrit Madigan.
Le «qualificatif» a d’abord été validé par Joshua Kummins, un journaliste sportif qui suit de près les activités de cette organisation.
«Oui, les clubs de Northeastern aiment ce style. On le voit un peu dans son jeu. C’est une façon amusante de le dire, mais c’est vrai», a-t-il confirmé.
Au moment de décrire son style, le recruteur consulté de façon anonyme avait déjà entamé une description allant dans ce sens.
«Il n’abandonne jamais, il te lancera un double-échec sans retenue. Il va se placer dans les lignes de tir, il sera impliqué dans les mêlées après le sifflet. Je suis convaincu qu’il finira par se battre quelques fois dans le hockey professionnel. Disons qu’il a un peu la mèche courte. Il devra un peu contenir ce caractère, mais c’est mieux d’en avoir trop que pas assez», a-t-il exposé quand on lui a suggéré la description de Madigan.
«Durant son année de repêchage, il se faisait punir pour des gestes de ce style. Je ne sais pas si tu peux l’écrire dans un média important de Montréal, mais, entre toi et moi, oui il est un prick», s’est amusé à confirmer le recruteur associé à une équipe de l’Ouest de la LNH.
Struble a constitué la sélection de deuxième ronde (46e) du Canadien en 2019. Trevor Timmins et son groupe ont opté pour lui 31 rangs après Cole Caufield. À ce moment, le CH était malgré tout bien conscient que le gaucher originaire du Rhode Island devait peaufiner son arsenal sur la patinoire.
«Présentement, il est encore plus un athlète qu’un joueur de hockey, mais ça viendra», a jugé avec confiance le recruteur interrogé sur Struble qui s’est illustré au baseball auparavant.
Cette opération a cependant subi deux obstacles qui ont ralenti la courbe de progression. Deux fois plutôt qu’une, Struble a dû composer avec des blessures importantes. La première (des déchirures à l’aine) est survenue pendant le camp de développement du Canadien et la deuxième (une entorse à la cheville) est venue clore son année en plein tournoi du Beanpot.
«L’année a été moins facile pour lui, il a raté tout notre camp d’entraînement et ça faisait beaucoup de rattrapage pour une recrue. Une fois qu’il a été en mesure de surmonter le tout, ça s’est bien passé pour lui, mais il s’est blessé de nouveau. Sa saison s’en venait vraiment bien, il était sur la deuxième vague du jeu de puissance et les points rentraient graduellement», a témoigné son entraîneur en précisant qu’il aura encore besoin de plusieurs semaines pour retourner sur la patinoire.
Pour un jeune homme animé d’une compétitivité nettement supérieure à la moyenne, ça devient un facteur exponentiel de frustration.
«C’est clair que ce fut frustrant pour lui. Il était bien déçu parce qu’il jouait bien avant que la malchance ne frappe de nouveau. Ça fait beaucoup à encaisser pour une première saison, mais il a traversé ces épreuves, c’est un bon jeune homme», a noté Madigan qui tient ses joueurs loin des entrevues par les temps qui courent.
En plus du progrès démontré avant sa deuxième blessure, Struble peut tirer son réconfort dans sa contribution immédiate à sa troupe.
«À son âge, il apprend encore bien des choses sur le jeu universitaire. Il a été lancé dans l’action rapidement en raison de la jeune équipe et de son talent. Ç’aurait été intéressant de voir sa réponse quand ça se corse en fin d’année. Ce n’est pas évident de s’acclimater à ce niveau au début», a souligné Kummins au RDS.ca.
«Au niveau des points, il n’a pas eu tant de succès en début d’année, mais on a vraiment pu voir un rattrapage vers le milieu de la saison. Sa confiance augmentait, c’était clair. Bref, c’était bien malheureux qu’il se blesse, car il avait été capable d’être une pièce somme toute importante de cette formation», a-t-il ajouté.
Ça tombe bien, Struble peut s'inspirer de son coéquipier Jordan Harris
Le cheminement de Struble ressemble à celui de Jordan Harris – que le Tricolore a repêché en troisième ronde en 2018 - à plusieurs égards. Avant toute chose, les deux défenseurs gauchers ont grandi à proximité de Boston en admirant les Bruins. Ils ont chacun emprunté le chemin d’un prep school pour ensuite accéder au niveau universitaire avec Northeastern après avoir été sélectionné par Montréal.
Par ces similitudes, Harris et Struble ont développé une belle complicité et ils ont été cochambreurs. De plus, Struble peut s’inspirer de Harris pour affûter ses réflexes sur la glace.
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« C’est du côté de la patience où Jayden peut apprendre de Jordan, de ne pas forcer le jeu offensivement et de foncer quand les ouvertures sont là. Jayden le sait, on en parle avec lui et il a affiché de beaux progrès. Au début de la saison, il voulait tout le temps foncer avec la rondelle vers l’avant », a révélé Madigan.
Cette évaluation n’effraie pas outre mesure le recruteur.
« Avant de jouer universitaire, il avait sans doute la rondelle sur sa palette lors de 90% de ses présences. Chaque fois que tu grimpes d’un niveau, et ce jusqu’à la LNH, tu dois ajuster ton jeu selon tes capacités, c’est la réalité de presque tous les joueurs repêchés. Je considère qu’il est assez intelligent pour y parvenir », a statué le dépisteur.
Ainsi, sa deuxième année universitaire pourrait lui permettre d’exposer un jeu plus semblable à celui de Harris avec la rondelle. Ce sera à lui de le démontrer.
« C’est un spécimen physique au point que les gens finissent par moins réaliser à quel point il est bon avec la rondelle », a prévenu Madigan à titre de conclusion.