MONTRÉAL - Le Canadien a gaspillé temps et argent vendredi soir dans le cadre du match préparatoire qu’il a perdu 7-2 à Ottawa aux mains des Sénateurs.

Ce jugement lapidaire n’a rien à voir avec le score final. Il a tout à voir avec le fait que les joueurs qui devaient profiter de l’opportunité qui s’offrait à eux pour impressionner l’état-major l’ont totalement bousillée.

Remarquez que le fait de rater cette occasion d’impressionner est peut-être en soi une source importante d’information pour Dominique Ducharme, ses adjoints et surtout le directeur général Marc Bergevin à quelques jours des décisions finales en marge du dépôt de la liste des 23 joueurs – en santé – avec lesquels le Tricolore débutera la saison.

Le genre d’information qui facilitera les décisions au lieu de les compliquer.

Quels joueurs ont été les plus décevants ?

Ryan Poehling domine mon classement. Il a été bien ordinaire une fois encore. Très ordinaire même en zone défensive. Il a perdu plusieurs batailles. Il s’est fait contourner. Il s’est souvent retrouvé hors position. Il s’est lui-même sorti du jeu en prenant de mauvaises décisions.

Je veux bien croire que la ligne de centre est le maillon faible de l’attaque du CH. Je veux bien croire que Cédric Paquette est blessé légèrement à l’aine selon la version officielle.

Mais si Ryan Poehling amorce la saison au centre du quatrième trio du Canadien, cela fera la preuve par 100 que cette équipe est plus mal en point que je le crois derrière Suzuki et Dvorak.

Surtout que si Poehling amorce la saison au centre du quatrième trio cela voudra dire que Jake Evans l’amorcera au centre du troisième trio.

J’adore la fougue d’Evans. J’aime sa manière de jouer, de s’impliquer. Mais bien qu’il se soit grandement amélioré l’an dernier, je n’arrive pas à croire qu’il puisse remplir toutes les responsabilités qui incombent à un centre de troisième trio.

C’est pourquoi j’insiste encore sur le fait que Jonathan Drouin puisse être la solution pour améliorer la ligne de centre du Canadien.

À moins que Marc Bergevin profite du dernier droit du camp d’entraînement pour en dénicher un qui prendrait le poste, ce qui repousserait Evans – et Cédric Paquette – au sein du quatrième trio et Ryan Poehling à Laval.

On verra !

Sami Niku

Autre déception : Sami Niku. Embauché à l’aube du camp, ce défenseur a quitté le match après sa septième présence seulement. Mis en échec par-derrière – la reprise tend à démontrer qu’il s’est tourné tout juste avant d’être frappé – dans un coin de patinoire, Niku a été coupé au visage par sa visière. Il a aussi été sonné. Ça sautait aux yeux tant il peinait à trouver son équilibre.

En sept présences, Niku a toutefois eu le temps de faire comprendre à ceux qui se posaient encore la question pourquoi ce Finlandais qui aura bientôt 25 ans n’a jamais été en mesure de se tailler une place à la ligne bleue des Jets de Winnipeg au cours des dernières années en dépit que cette équipe soit l’une des moins bien nantie de la LNH en matière de brigade défensive.

Ce n’était que son premier match dans l’uniforme du Canadien. Je veux bien. Il méritera sans doute une autre chance. Peut-être même deux. Mais comme dans le cas de Poehling à l’attaque, si l’état-major fait une place à Sami Niku ce sera une bien vilaine nouvelle pour les partisans…

Chris Wideman

Deux passes dans une cause perdante : voilà une caractéristique qui colle bien à Chris Wideman.

Pas question d’enlever à Wideman ses qualités de défenseur offensif. Il est capable d’orchestrer des relances. Il est aussi capable de décocher des tirs sur le filet adverse. Mais défensivement, il est bien meilleur pour l’équipe qu’il affronte que celle dont il défend les couleurs.

Il l’a démontré très souvent vendredi soir. Trop souvent !

Si Dominique Ducharme utilisait régulièrement sept défenseurs lors des matchs, on pourrait comprendre que Wideman soit en uniforme et envoyé sur la patinoire pour orchestrer les poussées de la deuxième vague en attaque massive.

Mais si le Canadien y va avec six défenseurs, Wideman sera plus souvent un boulet qu’un atout pour son équipe.

Kaiden Guhle

Le petit gars est humain finalement. Après des sorties phénoménales depuis le début du camp et des matchs préparatoires, Guhle a disputé une vilaine partie vendredi.

Et c’est tant mieux !

De un : ça calmera les ardeurs de ceux et celles qui commençaient à croire que sa place était acquise dès cette année à Montréal.

De deux : ça donnera au jeune homme des bases de références sur le genre de progression qu’il devra connaître pour être en mesure de reluquer une place dans le vestiaire l’an prochain.

Les erreurs commises par Guhle vendredi n’affectent en rien l’enthousiasme que j’affiche à son endroit ; elles ne diminuent en rien la conviction qu’il sera un jour un très bon défenseur avec le Canadien, dans la LNH. Surtout qu’au-delà les bévues dont il s’est rendu coupable – comme l’ensemble de ses coéquipiers – il a été l’un des rares à afficher une hargne témoignant ses intentions de se racheter.

Des vétérans détachés

Bien qu’ils aient eux aussi été dépassés et déclassés par les jeunes Sénateurs, je ne m’en fais pas trop avec les piètres performances offertes par les vétérans à Ottawa vendredi.

Il était clair que les Chiarot, Savard, Anderson, Drouin et Dvorak n’avaient rien à cirer du match de vendredi. Qu’ils se seraient bien passés de l’aller-retour, en autobus, entre Montréal et Ottawa.

Il était clair que Jake Allen était grandement vulnérable devant son filet. Ses coéquipiers sont loin de l’avoir aidé. Ils lui ont même causé des ennuis par moments. Mais il a été victime de six buts sur les 29 tirs qu’il a affrontés et il s’est montré généreux sur au moins deux ou trois de ces buts. Comme quoi, il ne faudrait pas que l’absence de Carey Price se prolonge trop longtemps en début de saison…

Bon ! Ils peuvent se permettre ce genre de match puisque leurs places sont assurées.

Mais bien que le match et la défaite ne veulent absolument rien dire pour eux, il serait bon qu’ils aient pris des notes pour se rappeler que les jeunes Sénateurs seront en mesure de les faire mal paraître encore cette année.

Belzile en soutien avec le CH ?

Des rares, voire très rares, points positifs à tirer du match de vendredi, je relève une autre sortie intéressante d’Alex Belzile.

Chaque fois qu’il saute sur la glace, Belzile se donne à fond. Il travaille. Il travaille bien. Il sait appuyer ses coéquipiers. Il donne à son coach des présences de qualité. Et ça dépasse le but qu’il a marqué vendredi.

Alex Belzile est un joueur de soutien. C’est clair. À 30 ans, son développement est terminé depuis longtemps.

D’où ma prétention selon laquelle, le Canadien devrait peut-être le garder avec le grand club même s’il ne joue pas souvent afin de mousser le temps d’utilisation et donc la qualité du développement des Ryan Poehling, Rafaël Harvey-Pinard et autres Lukas Vejdemo qui ont besoin de jouer et de jouer beaucoup.

Anyway, Belzile a été l’un des rares joueurs du Canadien à disputer un vrai match de hockey. Il mérite que ce soit souligné.

Samedi soir au Centre Bell, les deux mêmes clubs se croiseront. J’espère que les joueurs qui viendront prendre la relève dans l’uniforme du Tricolore seront plus éveillés, aiguisés, déterminés que ceux qui ont joué ou tenté de le faire vendredi à Ottawa.

Sans quoi ce quatrième match préparatoire sera lui aussi gaspillé.