Une saison formatrice pour Simon Bourque avec l'Océanic
Canadiens jeudi, 18 févr. 2016. 08:38 jeudi, 19 déc. 2024. 05:21MONTRÉAL – Simon Bourque était lucide et serein après la conclusion de son premier camp des recrues du Canadien, en septembre dernier. Sélectionné en sixième ronde du repêchage de la LNH quelques mois plus tôt, le défenseur avait admis qu’il avait eu besoin d’une certaine période d’adaptation pour trouver son rythme parmi les autres espoirs de l’équipe, mais il se réjouissait d’avoir pu ajouter une expérience aussi positive à son bagage.
Le hic, c’est qu’il ne s’attendait pas à devoir faire ses valises aussi vite. Bourque espérait prendre part au début du camp d’entraînement du grand club, mais il a plutôt été renvoyé à son équipe junior dès le lendemain du tournoi auquel le Tricolore avait inscrit sa relève à London, en Ontario.
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Pour un jeune homme que son entourage qualifie de « compétiteur né », le coup a été difficile à encaisser. Quand il se remémore le retour de Bourque à Rimouski, cet automne, l’entraîneur Serge Beausoleil fait référence aux « situations épineuses » et aux « obstacles » avec lesquels son jeune vétéran a dû composer.
« Il ne savait pas trop comment le prendre, entérine Éric Dubois, l’entraîneur-adjoint responsable des arrières chez l’Océanic. Je pense que dans sa tête, c’était clair qu’il allait au moins faire le grand camp. Quand tu reviens avec une telle déception et que ta tête n’est pas toute là, c’est difficile de bien faire ton travail. C’est ce qu’on a vu en début de saison. Il n’était pas aussi sharp mentalement et plus c’était difficile, plus il tentait de trop en faire. Il est entré dans un cycle dont ce n’est pas nécessairement facile de sortir. »
« J’ai quand même eu de la difficulté à me réadapter au junior, approuve sans gêne le principal intéressé en entrevue à RDS. Je me fâchais beaucoup au début sur des petites affaires. Mettons que je n’étais pas vraiment moi-même. »
Et l’Océanic n’était plus vraiment l’équipe que Bourque avait connue la saison précédente. Son mentor et partenaire à la ligne bleue, Jan Kostalek, avait fait le saut chez les professionnels après avoir remporté le titre de défenseur par excellence de la LHJMQ. Samuel Morin, un choix de première ronde des Flyers de Philadelphie, avait emprunté la même voie. Charles-David Beaudoin, un joueur de 20 ans qui était venu solidifier la brigade défensive rimouskoise dans le dernier droit du calendrier, n’était quant à lui pas admissible à un retour.
À 18 ans, Bourque était soudainement devenu la référence de son unité, un rôle qui, il l’admet, l’a d’abord un peu déstabilisé.
« L’année passée, on avait des joueurs repêchés dans la LNH, des gars qui avaient de l’expérience dans la Ligue, donc ça coulait beaucoup mieux au début de la saison. Quand je suis revenu, peut-être que je m’attendais à trop, que j’avais trop d’attentes. Ça ne marchait plus comme avant parce que justement, on n’avait plus les mêmes joueurs et je m’en mettais trop sur les épaules. »
Éric Dubois identifie le match du 8 octobre à Québec, remporté 4-2 par l’Océanic, comme le moment où Bourque a retrouvé ses sens. Ce soir-là, le Canadien avait assigné Martin Lapointe et Rob Ramage, les responsables du développement de son bassin d’espoirs, pour aller observer le seul Québécois repêché par l’équipe en 2015.
« On avait expliqué à Martin et Rob ce qu’on voyait. Après ce match, ils avaient vu la même chose que nous », se souvient Dubois.
« C’était la première fois que Martin venait me voir jouer et il est venu me parler après la partie, raconte Bourque. À ce moment-là, je commençais à comprendre ce qui clochait, mais quand c’est Martin Lapointe qui te le dit, c’est sûr que ça te replace les esprits. »
« À partir de ce moment, il a compris comment s’y prendre pour être un défenseur numéro un, estime Dubois. Il y a des moments pour se porter à l’attaque, il y en a d’autres où ce n’est pas le temps. Quand être physique, quand se retenir un peu... Je pense que c’est ça qu’il avait de la difficulté à gérer. Quand tu joues 30 minutes par soir, il faut que tu gères ton match. Ça lui faisait beaucoup de choses à assimiler et apprendre en début de saison. Mais là, tout va bien. »
Un joueur en demande
Les choses sont éventuellement rentrées dans l’ordre et Bourque a fini par s’imposer comme celui que Serge Beausoleil décrit sans hésiter comme le général de sa défensive. Après l’avoir jumelé à un autre vétéran, Andrew Picco, pour lui permettre de retrouver sa confiance, on lui a demandé de prendre sous son aile le jeune Charles-Édouard D’Astous, un rôle qu’il remplit fièrement.
Défensivement, Bourque est le pilier d’une brigade qui, malgré son manque d’expérience généralisé, arrive au quatrième rang du circuit Courteau dans la colonne des buts accordés. Et à l’attaque, il affiche déjà les mêmes statistiques que l’année dernière – dix buts et 38 points – tout en ayant joué 18 matchs de moins.
Son rendement en a fait un joueur très convoité dans les semaines précédant la date limite des transactions dans la LHJMQ. Cette saison, Beausoleil, qui est aussi le directeur général de l’Océanic, a échangé quatre joueurs qui avaient contribué à transporter l’équipe jusqu’au tournoi de la coupe Memorial l’année précédente. Mais il a résisté à la tentation de monnayer les services de Bourque.
« Ce sont toujours des dossiers qui sont délicats. [...] Des fois, il y a des offres qui peuvent te faire réfléchir beaucoup et je te dirais qu’on a eu des discussions très sérieuses avec plusieurs équipes, confie Beausoleil. Mais aucune ne nous a fait fléchir les genoux. On voulait souvent des éléments qui étaient immuables chez d’autres clubs et ça n’a pas abouti. Mais j’ai toujours pensé qu’au hockey, rien n’arrive pour rien! »
Avant le soulagement, Bourque a traversé une période trouble.
« Il était vraiment nerveux, avoue Dubois. Je rencontre mes défenseurs au moins une fois par semaine, on fait du vidéo ensemble, et quand il venait dans mon bureau, c’était toujours un sujet de conversation. Il n’était pas nécessairement moins bon, mais ce n’est pas comme s’il avait joué son meilleur hockey dans la période des transactions. On voyait qu’il y avait des choses qui le préoccupaient. »
« Ça a été quand même difficile, acquiesce Bourque. Je sais que le hockey est une business et que ça ne sera pas la dernière fois que ça va m’arriver, mais je suis bien à Rimouski et je ne voulais pas partir. [...] J’ai beaucoup de respect pour Serge, surtout de la façon qu’il a géré ça avec moi. Il me rencontrait et on avait une bonne communication là-dessus. Il me tenait au courant, il a toujours été honnête. Ça m’a aidé à passer à travers. »
Capitaine Bourque
La difficile décision que Serge Beausoleil a dû prendre devant le dilemme soulevé par l’offre et la demande entourant son meilleur défenseur a été suivie par un autre choix, celui-là beaucoup moins déchirant. Avec le départ d’Anthony Chapados pour Sherbrooke, l’Océanic s’est retrouvé orphelin de capitaine. Dans la tête des dirigeants de l’équipe, l’identité de son successeur n’a jamais fait de doute.
« On savait qu’éventuellement, Simon serait notre capitaine. On attendait juste le bon moment pour le nommer », affirme Dubois, qui appuie ses dires en partageant une anecdote tirée de la saison recrue de Bourque.
« Simon est capable de prendre la parole, on l’entend souvent parler dans la chambre et sur le banc. C’est un gars qui va dire ce qu’il pense, il ne se gênera pas. Je me souviens d’un match, alors qu’il n’avait que 16 ans, où il avait remis Samuel Morin à sa place sur le banc. Morin a la mèche très courte, mais devant ce jeune qui lui disait de se calmer, il avait figé. Il n’y avait eu aucune réplique. Derrière le banc, on n’en croyait pas nos yeux! On savait donc depuis longtemps qu’il avait un beau potentiel de leader. »
« Honnêtement, ça s’est tellement passé vite cette journée-là que je n’avais aucunement pensé à ça, relate Bourque au sujet de sa nomination. C’était le dernier scénario que j’aurais imaginé. Mais je suis un gars qui va bien représenter l’équipe et je suis vraiment fier. »