Le RDS.ca vous offre Le Carnet LHJMQ, un assemblage des faits marquants du week-end précédent dans le circuit Courteau.

Pierrick Dubé a trouvé son tremplin

Avec le temps, Pierrick Dubé a développé quelques bons trucs pour se faire rapidement de nouveaux amis.

L’année dernière, par exemple, il a marqué 12 buts en 14 matchs dans le dernier droit de la saison après avoir été échangé aux Saguenéens de Chicoutimi. Il en a ajouté neuf en autant de parties en séries éliminatoires. C’est le genre de production qui incite les coéquipiers à prendre la facture au McDo une fois de temps en temps.

Cette saison, même contexte, même tactique. Depuis qu’il est passé aux Cataractes de Shawinigan avant la date limite des échanges, l’attaquant de 21 ans a déjà récolté sept points en quatre rencontres. Entre autres façons de se rendre utile, il a marqué le but vainqueur dans les deux derniers matchs des siens, jeudi dernier contre Moncton et ce dimanche contre Baie-Comeau.

Mais pour arriver dans cet environnement idyllique, Dubé a dû froisser quelques personnes en chemin. Refaisons ensemble le fil de sa saison mouvementée.

Le 23 juin, les Sags échangent Dubé au Drakkar de Baie-Comeau, une équipe en pleine phase de reconstruction. Dubé n’est pas intéressé à remplir le rôle de mentor au sein d’une jeune formation et le laisse savoir au directeur général Pierre Rioux. Ce dernier s’engage à l’accommoder, mais pas à n’importe quel prix. Lorsque la saison suivante s’amorce, l’équipe de Dubé reste bien au sec dans sa poche.

« Je n’ai jamais rien eu contre Baie-Comeau, soutient-il aujourd’hui. Il y a des affaires qui se sont passées, mais j’ai tourné la page et je n’ai aucune rancune. Je ne veux pas garder de haine envers eux. Toutes les discussions que j’ai eues avec le DG, ça s’est bien passé. Il a compris mon point de vue, j’ai compris le sien. On est passé à autre chose. »

Dubé dit avoir contracté la mononucléose à l’automne. Puis en novembre, coup de théâtre : il signe un contrat avec les Lions de Trois-Rivières, nouvelle équipe professionnelle évoluant en ECHL. Il joue dix matchs avec eux, récolte quatre points, puis en décembre, il quitte pour répondre à une invitation de l’équipe nationale de France – il possède la double citoyenneté et représente le drapeau tricolore sur la scène internationale.

Il se défend d’avoir utilisé l’intérêt des Lions comme levier pour faire avancer son dossier dans le circuit Courteau, mais il ajoute qu’à son départ, il savait qu’il y avait « 99,9% de chance » qu’un échange soit annoncé à son retour.

« J’avais parlé avec [le directeur général des Lions] Marc-André Bergeron et il savait que mon but, c’était vraiment de retourner junior pour avoir une grosse fin d’année et pouvoir espérer signer un contrat pro. Je regarde des gars comme Shawn Element et Benjamin Tardif, qui ont eu des grosses séries l’an passé, qui ont gagné une coupe et qui en sont sortis avec des contrats de la Ligue américaine. Je pense que je suis capable de faire ça aussi si je joue de la façon dont je suis capable. C’est mon objectif premier, de sortir avec un contrat. »

Dubé a passé un mois et demi chez sa sœur à Québec, à s’entraîner avec les moyens du bord, avant de finalement pouvoir rejoindre ses nouveaux coéquipiers. « J’allais patiner dehors quasiment tous les jours. C’est sûr que la game shape, je l’ai plus reprise quand je suis arrivé à Shawinigan, mais j’ai gardé les pieds sur la glace quand même et j’ai pratiqué mon tir un peu! »

Jusqu’à maintenant, les résultats sont probants. Les Cataractes ont remporté leurs quatre matchs depuis la reprise du calendrier et Dubé, en l’absence de Xavier Bourgault, Lorenzo Canonica et William Veillette, a été la bougie d’allumage attendue.

« Tout le monde nous voit comme une équipe ultra offensive, mais défensivement, on ne donne vraiment rien. C’est ça qui fait qu’on peut être considéré comme une équipe très solide. J’ai hâte au reste de la saison et j’ai hâte que les séries commencent. J’adore les séries. Je l’ai prouvé l’année passée et j’ai hâte que ce moment-là arrive. »

Evan Boucher, l’aubaine des Mooseheads

Pendant que leurs voisins vidaient leurs économies pour équiper leur voiture sport en vue du printemps, les Mooseheads de Halifax se sont contenté de passer par le lave-auto pour faire appliquer un peu de lustre sur la carrosserie et, pourquoi pas, y accrocher un petit sapin au rétroviseur.

Personne ne s’est retourné sur leur passage quand ils sont revenus à la maison et sans le dire tout haut, la plupart des curieux s’attendent probablement à ce qu’on les perde dans la boucane des grosses cylindrées quand arrivera l’heure des courses. Ça sera peut-être le cas. Mais pour l’instant, le rendement sur leur investissement dépasse ce que tout le monde aurait pu imaginer.

Evan Boucher lui-même n’était pas trop certain de ce qu’il serait en mesure d’apporter dans la LHJMQ. À 19 ans, il n’avait jamais joué à un niveau supérieur au Junior A en Ontario. Il avait beau avoir 22 buts en 27 matchs avec les Braves de Brockville, qui pouvait prédire ce que ses habiletés lui permettraient d’accomplir dans le junior majeur?

« C’était un peu intimidant, d’arriver comme ça dans une ligue inconnue à l’âge d’un vétéran, admettait Boucher lundi soir. Mais il fallait juste que j’arrête de me poser des questions et que je m’amuse, que je profite de ma chance. Depuis que je suis ici, j’essaie de ne pas trop réfléchir, de ne pas me compliquer la vie. Je prends les choses comme elles viennent. Je crois que c’est la meilleure façon de ne pas commettre des erreurs. »

La formule fonctionne à ce point que Boucher fait jusqu’ici passer les dirigeants des Mooseheads pour des génies. Acquis pour des peanuts pendant que les autres équipes des Maritimes s’éclataient sur le marché des échanges, le Franco-Ontarien a déjà marqué cinq buts et totalise sept points après trois matchs. Son arrivée ajoute une arme offensive à l’arsenal déjà bien garni de l’entraîneur Sylvain Favreau tout en apportant une dimension physique qui manquait au groupe d’attaquants des Orignaux. À 6 pieds 2 pouces et plus de 200 livres, Boucher s’avère une présence rassurante pour des coéquipiers au gabarit plus modeste comme Jordan Dumais, Markus Vidicek et même Elliot Desnoyers.

« Jouer dans l’OHL ou la LHJMQ ne faisait pas vraiment partie de mes plans en début d’année. Mais avant Noël, des options ont commencé à se présenter à moi, raconte celui qui avait été repêché en 10e ronde par les Firebirds de Flint en 2018. Honnêtement, si ça avait été n’importe quelle autre équipe du Québec, j’aurais probablement dit non. Mais quand j’ai su que les Mooseheads étaient intéressés, je ne pouvais pas refuser. »

À Brockville, on a serré les dents avant de se résigner à laisser partir le deuxième meilleur pointeur de la Ligue. Le transfert a été confirmé à la onzième heure, juste avant le gel des effectifs dans le circuit Courteau. « L’équipe ne voulait pas me perdre pour rien, elle ambitionnait de faire un bon bout en séries cette année. Mais je voulais faire ce qui était le mieux pour moi et nos intérêts n’étaient malheureusement pas compatibles. »  

S’il maintient le rythme jusqu’au printemps, Boucher pourrait voir s’ouvrir des portes dont il ignorait même l’existence il y a à peine quelques mois. Un retour comme joueur de 20 ans serait certainement envisageable. De belles avenues chez les professionnels pourraient apparaître. Pour l’instant, il essaie de ne pas y penser.

« Ma mentalité, c’est que tout ça ne fait que commencer. Pour que mon travail soit reconnu, il faut que l’équipe connaisse du succès. Il faut se rendre loin en séries pour que les portes s’ouvrent par la suite. Présentement, toute ma concentration est sur ma nouvelle équipe. Je penserai à moi plus tard. »

Un cadeau de fête et de bienvenue

Un après-midi de novembre à Chicoutimi, Rémi Delafontaine a reçu 50 lancers. « Je ne pensais jamais battre ça », s’est-il souvenu en replongeant dans ses souvenirs lundi.

La semaine suivante, ça a été 48 contre l’Armada. Puis dans une série de deux matchs en 24 heures à Bathurst, début décembre, il en a vu 46 et 40. Ça vient avec le métier quand on garde les buts d’une jeune équipe comme celle que forment cette année les Eagles du Cap-Breton.

En fin de semaine, Delafontaine est arrivé à Sherbrooke, sa ville natale, quelques heures après avoir célébré son 18e anniversaire de naissance. Comme cadeau l’attendait un affrontement contre l’une des attaques les plus puissantes de la LHJMQ. Il en est ressorti avec une spectaculaire performance de 54 arrêts et, en prime, une victoire inattendue de 6-4.

« Ça a été très spécial. Dès que je suis embarqué sur la glace du Palais des Sports pour la période d’échauffement, j’étais excité de jouer devant ma famille, mais aussi à l’aréna où j’étais souvent venu voir jouer le Phoenix. C’est sûr qu’il y avait une excitation de plus qu’à l’habitude. Pendant l’hymne national, j’étais assez nerveux. Mais ça a été la seule partie du match où je l’ai ressenti. Dès que la rondelle est tombée sur la glace, le stress est disparu. »

Delafontaine a été aidé par une explosion de quatre buts de son équipe en première période. « Tout bon goaler va accepter un coussin comme ça! », dit-il. Le Phoenix a dominé le deuxième tiers 18-3 au chapitre des tirs cadrés. Au troisième : 22-7. Mais la muraille de Sydney a résisté.

« Il y a eu des arrêts un peu plus importants, surtout en troisième quand le Phoenix commençait à remonter, mais je ne pense pas en avoir fait un en particulier qui a changé la tournure du match. En fait, je ne nie pas qu’ils ont eu leurs chances et qu’ils ont passé beaucoup de temps dans notre zone, mais je n’ai pas eu l’impression d’avoir reçu 58 tirs. Physiquement et mentalement, je ne l’ai pas ressenti tant que ça. »

Il faut lire dans cette analyse autre chose qu’un simple élan d’humilité destiné à souligner le bon travail défensif de coéquipiers dévoués, quelque chose comme le constat d’une encourageante évolution. À mi-chemin de sa première saison dans la LHJMQ, l’ancien des Cantonniers de Magog prend du coffre. Des matchs comme celui de dimanche auraient peut-être vidé le jeune gardien de son énergie en début de saison. Ils font maintenant partie de sa routine et il se sent mieux équipé pour y faire face.

« J’arrivais aussi d’une année où je n’avais pas joué. Ça faisait presque un an et demi que je n’avais pas joué dans un vrai match. Mais à force de recevoir beaucoup de lancers, tu reprends tes repères plus rapidement. Avec une équipe de bas de classement, recevoir autant de lancers, ça nous permet d’être plus dans le match. T’as moins de chance de t’endormir, de perdre ton focus. »

On ne passe pas à travers des saisons comme celle-là pour se complaire dans ses statistiques. Delafontaine montre une moyenne de buts alloués de 4,47 et un taux d’efficacité de ,878. Son partenaire Nicolas Ruccia et lui ont accordé une vingtaine de buts de plus que n’importe quel autre duo de gardiens de la Ligue. C’est un apprentissage à la dure qui rapportera assurément des dividendes dans un avenir rapproché.

« Mais j’espère vraiment que 58, ça sera le maximum », fixe-t-il quand même comme limite.

Aux quatre coins de la « Q »

-Lourde perte pour la défensive déjà fragile des Voltigeurs de Drummondville. Maveric Lamoureux, l’un des plus beaux espoirs québécois en vue du prochain repêchage de la LNH, s’est blessé à une épaule le 6 février contre les Olympiques de Gatineau. On parlait alors d’une absence de deux à quatre semaines.

-Pas de chance pour les Remparts de Québec. Le joueur de 20 ans Conor Frenette, acquis avant la date limite des transactions durant le temps des Fêtes, s’est fracturé un pied à son deuxième match avec l’équipe. Il devrait s’absenter pour six semaines.

-Le Titan d’Acadie-Bathurst a remporté ses trois premiers matchs au retour de la pause forcée au calendrier de la LHJMQ. Hendrix Lapierre a marqué le but gagnant dans chacun d’eux. Le choix de première ronde des Capitals de Washington a amassé vingt points à ses dix dernières parties.

-Xavier Simoneau a amélioré une marque personnelle dimanche en récoltant un point dans un 16e match de suite. L’espoir du Canadien en totalise 35 au cours de cette période faste.

-Petit texte intéressant publié sur le site de la LHJMQ lundi. On y répertorie quelques records de franchise qui sont susceptibles de tomber d’ici la fin de la saison. Celui qu’on retient : William Dufour est en voie d’abattre une marque de Jonathan Huberdeau, qui a connu la meilleure saison pour un joueur des Sea Dogs de Saint John en cumulant 105 points en 2010-2011. Dufour compte présentement 58 points en seulement 33 parties.

Le jeu de la semaine

Liam Kidney montre qu'il n'a rien à envier à son frère Riley avec ce superbe effort individuel pour l'Équipe de toute une région.

Océanic : Kidney spectaculaire pour son 1er