Au cours des prochains jours, le RDS.ca publiera une série d'articles sur des espoirs en vue du repêchage de la LNH qui aura les 21 et 22 juin à Vancouver.

BUFFALO – Est-ce que Nathan Légaré avait raison depuis le début? Il faudra patienter jusqu’au repêchage pour obtenir la réponse, mais il a déjà forcé la Centrale de recrutement de la Ligue nationale de hockey à rectifier son tir à son sujet et il a aussi rallié plusieurs experts dans son camp.

 Légaré est un jeune homme intelligent qui n’a pas la langue dans sa poche et ça lui a parfois causé des torts par le passé. Désormais plus mature, il est devenu une influence positive au sein d’une équipe de hockey sauf qu’il ne pouvait pas accepter son classement de la Centrale de recrutement sans rien dire.
 
Tout au long de son année de repêchage, Légaré s’est senti sous-estimé par cet outil de référence pour le public. C’est en quelque sorte devenu l’histoire de sa saison alors qu’il avait d’abord été classé comme espoir du groupe C (de la 4e à la 7e ronde). Il a fait le saut jusqu’au 64e échelon sur la liste suivante et en 54e place sur le rapport final. La progression est aussi fulgurante que sa production (45 buts et 42 aides en 68 matchs), mais l’ailier s’attendait encore à plus.Nathan Légaré
 
« Je me voyais un peu plus haut avec la saison que je viens de connaître. Inévitablement, on se compare avec d’autres joueurs. Mais je suis quand même satisfait de mon ascension et si mon rang pouvait augmenter encore d’une dizaine d’échelons au repêchage, c’est certain que ce serait satisfaisant », a admis Légaré, samedi, dans le cadre des tests d'évaluation (Combine) de la LNH à Buffalo.  
 
Force est d’admettre que Légaré semble en voie de gagner son point. Quelques experts vont jusqu’à le placer dans le top-30 devant d’autres Québécois comme Samuel Poulin et Jakob Pelletier. Disons que le 54e rang apparaît tardif pour lui. Par contre, la Centrale de recrutement a conservé une prudence envers lui en raison d’un bémol dans son arsenal.
 
« C’est un joueur intrigant, ce qui fait hésiter à son sujet, c’est son coup de patin. Des points d’interrogation subsistent à savoir s’il pourra jouer de la même manière dans la LNH. Ce sera une question de s’entraîner pour développer son explosivité sur patins. S’il veut vraiment percer, il va comprendre ce qu’il doit accomplir. J’ai confiance parce que je vois cette étincelle dans ses yeux, celle des joueurs qui trouvent une façon d’accomplir leur rêve », a expliqué Dan Marr, le directeur de cet étalon de recrutement.  
 
Les équipes qui l’ont convié en entrevue durant cette semaine d’évaluation ont tapé, sans surprise, sur ce clou. Légaré ne s’est pas laissé ébranler par la situation ayant un argument à sa disposition.

 « Des recruteurs me disent que mon accélération n’est pas assez bonne pour la LNH, mais j’ai progressé et je vais continuer de le faire. J’ai expliqué aux équipes que ce n’est pas une faiblesse pour moi, mais une chose sur laquelle je dois travailler. Je pense qu’ils ont compris le point et je suis simplement excité de leur montrer à partir du camp de développement », a insisté Légaré.
 
Bien des jeunes peuvent utiliser un discours convaincant, mais ils doivent ensuite passer de la parole aux actes. Dans le cas de Légaré, il a déjà démontré son sérieux dans son approche. On ne bâtit une charpente comme la sienne (six pieds et 205 livres) en ne faisant que parler et il l’a prouvé en se classant 9 fois dans le top-20 des 18 tests et mesures auxquels 103 espoirs ont été soumis à Buffalo.
 
« Pour en avoir parlé avec plusieurs intervenants, il est très sérieux à l’extérieur de la patinoire. Il a déjà une bonne base au niveau de ces aspects pour qu’un athlète se développe », a indiqué un recruteur d’une équipe de l’Est de la LNH qui a adoré le fait que Légaré puisse autant être sérieux quand ça compte que farceur à ses heures.
 
Plus qu’un tireur d’élite
 
Au-delà de sa personnalité, les dépisteurs ont surtout été épatés par la façon dont Légaré parvient à s’exprimer avec son lancer. Ils sont plusieurs à considérer qu’il détient l’un des meilleurs tirs de cette cuvée ce qui n’est pas banal comme compliment.
 
Serge Aubin, qui a été l’un des entraîneurs à le diriger aux Championnats du monde U18, a décelé des ressemblances flatteuses dans cette facette de son jeu.
 
« Son tir des poignets me faisait penser à celui de Jarome Iginla, je parle de la manière dont il décoche ses lancers. C’est un franc-tireur et un grand travaillant qui était l’un des assistants. On voyait beaucoup de leadership dans sa manière d’agir comme un gars d’équipe », a exposé Aubin au RDS.ca.
 
Légaré s’est d’ailleurs servi de cet échantillon avec le maillot du Canada pour étoffer son argumentaire.
 
« J’ai montré dans le tournoi U18 que je peux jouer dans n’importe quelle situation. J’ai été employé sur les troisième et quatrième trios en plus de contribuer en infériorité numérique. C’était différent du premier trio cette saison et du jeu de puissance. Je pense que j’ai été bon pour démontrer qu’il n’y a pas seulement mon jeu offensif qui compte », a-t-il plaidé.
 
Chacun de leur côté, les deux recruteurs  contactés à propos de Légaré ont validé cette affirmation.
 
« Au niveau de la production offensive, je pense qu’il a surpris un peu tout le monde cette saison. Ce qui est le fun avec lui, c’est qu’il est en mesure de t’aider autrement durant une partie qu’il ne parvient pas à exploiter sa touche de marqueur. C’est un compétiteur, il a de la drive et c’est réconfortant. Il ne fait pas partie des joueurs purement offensifs qui sont invisibles quand ils ne marquent pas », a jugé une source d’une équipe de l’Ouest qui hésiterait tout de même à le choisir dès la deuxième ronde.
 
« Il fait plus que compter des buts. Défensivement, il a une bonne compréhension du jeu et c’est un gars qui est conscient de son travail défensif. On ne peut pas simplement lui accoler l’étiquette de shooter », a convenu un informateur de l’Est.Nathan Légaré
 
Par le passé, son développement dans le monde du hockey s’était effectué dans l’ombre de son grand copain Alexis Lafrenière. La saison 2018-2019 a mené à son éclosion et il cible deux éléments pour justifier ce plaidoyer convaincant.  
 
« L’an passé, j’avais un peu moins de confiance en moi à 16 ans si bien que j’utilisais moins mon lancer. La confiance a augmenté cette année et j’ai développé une belle entente avec Gabriel Fortier et Ivan Chekhovich qui croyaient en moi », a lancé Légaré qui voulait aussi surmonter une première embûche de taille dans son développement.  
 
« J’ai été retranché l’an passé pour le tournoi Hlinka-Gretzky et je pense que la manière dont j’ai réagi explique pourquoi j’ai eu une bonne saison cette année. C’est devenu une grosse motivation et peut-être que je n’aurais pas eu une aussi bonne année si ce n’était pas arrivé », a-t-il reconnu.
 
Professionnel jusque dans les toilettes
 

Quelques heures après la conclusion de la semaine d’évaluation, Légaré avait déjà une soirée prévue avec Lafrenière qui sera au centre de l’attention de cet événement l’an prochain.
 
Légaré se fera un plaisir de lui refiler quelques conseils en vue de cette expérience particulière.  « Tu te fais regarder peu importe où tu es. Tu dois toujours être professionnel, même quand tu vas aux toilettes », a décrit Légaré.
 
Tout de même, c’est bien vu de s’amuser dans ce milieu et Légaré a une belle anecdote dans ce sens. De retour à Baie-Comeau après un match sur une patinoire adverse cette saison, il a découvert que son véhicule était complètement emballé de pellicule plastique (saran wrap).
 
« Simon Chevrier, un de mes coéquipiers de l’an passé, voulait faire une blague quand il est passé dans le coin. On est revenus à deux ou trois heures du matin et j’ai découvert ça. C’est tombé sur mon auto et on a bien ri », a conclu Légaré qui serait heureux de pouvoir se venger sur un coéquipier de la LNH éventuellement.