Les gardiens de but québécois dans la LNH, une espèce en voie d’extinction
LNH vendredi, 27 mars 2020. 12:21 dimanche, 17 nov. 2024. 17:32En ces temps de confinement où le Québec est en pause, les amateurs de sports se rabattent sur les vieux matchs comme je l’ai fait jeudi en regardant « D’un autre angle – Match no 7 de la série Penguins-Canadiens de 2010 ». En voyant les performances de Jaroslav Halak devant le filet du CH, je me suis mis à compter combien d’ex-gardiens de la LHJMQ avaient joué dans la LNH cette année. Réponse : seulement huit en incluant Halak avec les Bruins et Jake Allen avec les Blues.
Si on se limite seulement aux Québécois, il n’y en a eu que 6 mais seulement trois qui détenaient les postes de numéro un avec leur équipe respective : Marc-André Fleury avec les Golden Knights, Jonathan Bernier avec les Red Wings et Corey Crawford avec les Blackhawks. Les trois autres n’ont fait que passer : Louis Domingue (17 matchs avec les Devils et les Canucks), Samuel Montembeault (14 matchs avec les Panthers) et Antoine Bibeau (2 matchs avec l’Avalanche).
Quand on considère que Fleury, Crawford et Bernier sont tous dans la trentaine, il est permis de se demander si dans cinq ans un portier québécois sera le gardien numéro un d’une équipe LNH car il faut bien le reconnaître, la relève est presque inexistante.
Jadis une pépinière
Entre 1990 et 2003, 32 des 99 gardiens réclamés dans les trois premières rondes lors des séances de sélections de la LNH étaient des gardiens de but québécois. On pense aux Martin Biron, Jean-Sébastien Giguère, Marc Denis, José Théodore, Mathieu Garon, Jocelyn Thibault, Éric Fichaud, Pascal Leclaire, Marc-André Fleury, Roberto Luongo sans oublier le meneur de tous les temps pour les matchs joués par un gardien de but dans l’histoire, Martin Brodeur. Ce n’est pas tellement compliqué, des gardiens québécois il y en avait partout dans la Ligue nationale.
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La chaîne de production s’est brisée en 2004 et c’est bien difficile d’expliquer pourquoi car, depuis cette année-là, seulement 8 des 127 gardiens réclamés dans les trois premières rondes sont originaires du Québec.
La chute est vertigineuse : 32 % entre 1990 et 2003 et seulement 6 % entre 2004 et 2019!
Au cours des 11 derniers repêchages, seulement quatre hommes masqués du Québec ont été sélectionnés parmi les 83 gardiens choisis dans les trois premières rondes : Zach Fucale et Philippe Desrosiers en 2013, Samuel Montembeault en 2015 et Olivier Rodrigue en 2018. Fucale et Desrosiers n’ont toujours pas joué dans la LNH alors que Montembeault a disputé 25 rencontres pour les Panthers au cours des deux dernières années. Rodrigue entreprendra sa carrière professionnelle en 2020-2021 dans l’organisation des Oilers. Comme vous le constatez, la relève est mince.
Les Européens ont pris la place
Si entre 1990 et 2000 les gardiens québécois avaient la cote, on ne peut en dire autant des portiers européens qui étaient pratiquement absents des séances de sélection. Dans la décennie 90, on a réclamé seulement 49 gardiens du Vieux Continent, soit une moyenne de 4,9 par année. Ce nombre a pratiquement doublé depuis les années 2000 alors que la moyenne se situe maintenant à 9 par année dont plusieurs parmi les rondes élevées des séances de sélections. Est-ce à dire que les gardiens européens ont pris la place de nos portiers québécois? Il semble que oui…
Encore cette année, le meilleur espoir devant le filet est un Russe, Yaroslav Askarov, et bien malin qui peut prédire à quelle ronde le premier portier québécois sera choisi. Quatre gardiens de but du Québec étaient répertoriés par la centrale de recrutement de la LNH en janvier mais aucun parmi les 10 premiers. Il y a de fortes de chances d’affirmer que, pour la 9e fois en 12 ans, le Québec sera blanchi à cette position au cours des 93 premières sélections.
La tendance québécoise en déclin est aussi observée au niveau national avec Équipe Canada junior. Entre 1996 et 2004, les gardiens québécois ont amorcé 56 des 60 matchs joués par ECJ (93 %) au Mondial junior. Depuis 2005, c’est tout le contraire alors que seulement 16 % des matchs ont été joués par des gardiens québécois – là aussi la débarque est abrupte.
Martin Brodeur (1266), Roberto Luongo (1045) et Patrick Roy (1029) sont les trois seuls gardiens de l’histoire de la LNH à avoir joué 1000 matchs en carrière et il est permis de se demander si le prochain portier québécois à atteindre ce plateau fait partie de ce monde en ce moment…