SAINTE-THÉRÈSE, Qc - Humain. C'est probablement le mot qui est ressorti le plus souvent pour décrire le légendaire franc-tireur des Islanders de New York Mike Bossy, mercredi.

Ce n'était donc pas surprenant de voir des centaines de partisans, d'artisans du monde du hockey et de personnalités médiatiques se déplacer dans un complexe funéraire de la Rive-Nord de Montréal pour lui rendre un dernier hommage.

Les visiteurs ont notamment pu observer une imposante collection de collages mettant en vedette Bossy, de superbes arrangements floraux qui formaient son numéro 22, sa plaque du Temple de la renommée du hockey ou encore un chandail des Islanders signé par plusieurs anciennes vedettes de la LNH, dont Maurice Richard, Guy Lafleur, Jean Béliveau et Gordie Howe. Tout ça alors que des photos défilaient à l'écran.

Emporté par un cancer du poumon à l'âge de 65 ans, le 15 avril dernier, Bossy a laissé sa marque tant dans la LHJMQ que la LNH, mais il a aussi été à la hauteur de l'homme qu'il était même après sa carrière de joueur de hockey.

Homme de famille, homme du peuple, tout le monde semblait avoir sa petite histoire à raconter à propos de l'ancien ailier droit des Islanders. Deux partisans vêtus d'un chandail de l'équipe new-yorkaise, qui s'apprêtaient à quitter les lieux, ont d'ailleurs partagé ce qu'il signifiait pour eux.

« C'était mon idole de jeunesse. Je n'avais pas le choix de venir lui rendre un dernier hommage. J'ai été très touché de voir les articles à son effigie », a mentionné l'un d'entre eux.

Une grande carrière

Bossy a disputé quatre saisons dans la LHJMQ, avec le National de Laval, et il a rapidement montré qu'il avait une touche de marqueur peu commune. Il a totalisé 309 buts, ce qui constitue encore aujourd'hui un record du hockey junior canadien.

Malgré quatre saisons consécutives de plus de 70 buts, Bossy a d attendre jusqu'au 15e rang avant d'entendre son nom lors du repêchage de 1977. Le recruteur en chef des Islanders à l'époque, Henry Saraceno, n'avait d'yeux que pour Bossy et dès qu'il a foulé les patinoires de la LNH, il n'a pas déçu.

De passage au complexe funéraire, Mario Saraceno, recruteur des Islanders depuis la saison 1979-80 et fils de Henry, a expliqué à quel point Bossy était un marqueur prolifique et à quel point il y a un lien qui les unit.

« Mon père avait poussé fort pour que les Islanders sélectionnent Mike. Mon père est décédé en 1979 alors il n'a jamais pu voir Mike dominer et gagner des coupes Stanley, mais il était le lien très fort qui nous rattachait à mon père et aux Islanders, a-t-il indiqué. Mike était un très grand joueur. Je ne pense pas qu'il a toujours eu la reconnaissance qui lui revenait, mais je suis heureux de voir depuis deux semaines que les gens se rendent compte qu'il était probablement le meilleur marqueur que le hockey ait connu. S'il n'avait pas eu de malaises au dos, je pense qu'il aurait pu avoir une douzaine ou une quinzaine de saisons de 50 buts. »

Bossy n'a disputé que 10 saisons dans la LNH, mais sa carrière restera l'une des plus impressionnantes de tous les temps. Il a totalisé 573 buts, dont neuf saisons consécutives de 50 buts, et 1126 points en 752 matchs. Il a également joué un rôle de premier plan dans la dynastie des Islanders, qui ont remporté quatre coupes Stanley de suite dans les années 1980.

Bossy a également remporté le trophée Calder (1977-78) décerné à la recrue de l'année, un trophée Conn Smythe (1981-82) saluant le joueur par excellence de la LNH et trois trophées Lady Byng (1983, 1984, 1986) remis au joueur démontrant le meilleur esprit sportif. Il a aussi obtenu huit sélections au sein de la première équipe d'étoiles.

En 1991, Bossy a été admis au Temple de la renommée du hockey; en 1995, au Panthéon des sports du Québec; et en 1998, au Temple de la renommée de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. À l'occasion du centenaire de la LNH, en 2017, il a été honoré à titre d'un des 100 plus grands joueurs de l'histoire.

Le trio qu'il a formé avec Bryan Trottier et Clark Gillies est l'un des plus prolifiques de l'histoire de la LNH.

« C'était probablement l'un des trois ou quatre plus beaux trios que j'ai vus sur la glace, a affirmé l'animateur de radio Ron Fournier, qui a été arbitre dans la LNH jusqu'en 1987. Ces trois-là formaient un grand trio parce que tous les éléments y étaient. Tu avais ton marqueur naturel, tu avais le joueur en qui tu as confiance qui va aller chercher la rondelle et qui va te donner des occasions de marquer et tu avais un joueur plus imposant qui protégeait. Je ne voyais jamais (l'entraîneur-chef des Islanders) Al Arbour dire quelque chose à ces trois-là pendant un match. Ils allaient sur la glace et ils savaient ce qu'ils avaient à faire. »

Une personnalité appréciée

Bossy a ensuite fait le saut dans les médias. Il a collaboré au 91,9 sports avant de devenir analyste à TVA Sports. Il était reconnu pour son franc-parler et pour ses opinions, faisant de lui une personnalité populaire auprès des amateurs de hockey.

« Il y avait des similitudes avec Maurice Richard ou Guy Lafleur. Mike était un gars d'opinion. Il se laissait aller parfois, sans pour autant être trop critique. C'est difficile pour ces gars-là qui ont connu des ères au cours desquelles les joueurs se donnaient à une équipe pendant des années et qui ne faisaient pas beaucoup d'argent. Mike, on ne l'oubliera jamais. Il avait sa façon de taquiner et d'être sarcastique, avec son petit sourire en coin », a ajouté Fournier.

Ce qui a également retenu l'attention pendant le passage de Bossy dans les médias, c'est à quel point il avait du respect pour tous ses collègues, peu importe leur âge ou leur sexe, et qu'il ne se plaçait pas sur un piédestal malgré son statut de légende du sport.

De la radio à la télé, son désir de s'améliorer comme collaborateur et analyste l'a même rapproché de jeunes artisans des médias qui ne l'avaient jamais vu soulever ses coupes Stanley sur la patinoire.

« À l'époque au 91,9 sports, je commençais ma carrière comme productrice et Mike commençait sa carrière dans les médias et la première fois que j'ai dû l'appeler, je tremblais. Tout de suite, j'ai parlé à un homme de bonne humeur, heureux de commencer ce nouveau défi, et il s'intéressait à ce que je faisais, a souligné Daphnée Malboeuf, journaliste sportive à RDS. Pour une journaliste qui manquait beaucoup de confiance en elle et qui voulait bien faire son travail, juste d'avoir quelqu'un d'authentique et de doux comme lui, ça faisait toute la différence. Il voulait s'améliorer en français alors il me demandait de l'aider et ça m'a montré que ce n'est pas parce que tu es une légende du hockey que tu t'assois sur tes lauriers. »

Mardi, le premier ministre du Québec, François Legault, a précisé que le drapeau fleurdelisé sera mis en berne, jeudi, sur la tour principale de l'hôtel du Parlement, en l'honneur de Bossy. Legault assistera également aux funérailles privées à Sainte-Thérèse, jeudi.