MONTRÉAL – Après une entrée fracassante avec le Rocket de Laval et une bonne audition au plus récent camp d’entraînement du Canadien, Rafaël Harvey-Pinard tarde à se mettre en marche à sa deuxième saison dans la Ligue américaine.

Quatrième meilleur pointeur de son équipe avec 20 points en 36 matchs au terme de son année recrue, l’attaquant de 22 ans n’a jusqu’ici récolté que quatre points en 13 matchs. Depuis l’Halloween, sa seule apparition sur la feuille de pointage consiste en une mention d’aide sur un but inscrit dans un filet désert.

Au classement des pointeurs de l’équipe, Harvey-Pinard est devancé par 12 attaquants, dont dix qui ont disputé moins de matchs que lui.

« C’est sûr que je ne suis pas satisfait et que je veux contribuer plus aux succès de l’équipe, a concédé le Jonquiérois juste avant le départ du Rocket pour Toronto mardi. Mais en même temps je travaille fort, j’ai des chances de marquer. Je pense que c’est vraiment une question de temps avant que ça débloque. Ça prend juste un bon bond et après t’es parti. »

Les chiffres démontrent qu’un mois après le début de sa deuxième saison chez les pros, Harvey-Pinard est moins tranchant autour des filets adverses. Selon les données compilées par Sportlogiq, RHP cadre deux fois moins de tirs que l’an dernier en provenance de l’enclave – une zone qui forme un trapèze dont la base débute en haut des cercles et qui est contenu à l’intérieur des points de mises en jeu – et de la partie inférieure de celle-ci.

Non seulement Harvey-Pinard décoche moins de tirs au but – il n’en a cadré que 13 depuis le début de la saison – mais ses tirs partent de plus loin et sont donc moins menaçants. L’an dernier, 81,7% de ses tentatives de tirs étaient générées à partir de l’enclave. Cette saison, seulement 65,4% de toutes les rondelles qu’il a dirigées vers les gardiens adverses proviennent de ce secteur. Logiquement, son taux de réussite sur ses tirs cadrés est passé de 15,3% à 7,7%. 

Harvey-Pinard reçoit aussi moins de passes dans l’enclave et fait dévier plus de quatre fois moins de tirs qu’à sa saison recrue.

Rafaël Harvey-Pinard en zone adverse (source : Sportlogiq)
  2021 2021-2022
Chances de marquer (tirs tentés de l'enclave) 2,1 1,4
Tirs cadrés de l'enclave 1,4 0,7
Tirs cadrés du bas de l'enclave 1,1 0,6
Tirs déviés 0,36 0,08
% de tirs tentés provenant de l'enclave 81,7% 65,4%
Passes reçues dans l'enclave 1,8 1,1
Buts projetés 0,28 0,16
% de départs en zone offensive 34% 26,5%

 

Bref, le combatif joueur d’énergie passe moins de temps dans les endroits où il gagne habituellement son pain et son beurre. Cette tendance coïncide avec un commentaire qu’il avait fait au lendemain de son premier match préparatoire avec le Canadien, en septembre. « Je n’ai pas joué comme j’en suis capable en zone offensive », avait-il déclaré, précisant qu’il devait « faire [sa] place devant le filet et gagner [ses] batailles le long des bandes. »

« Je pense que j’ai gardé la même identité que l’année passée, affirme aujourd’hui le principal intéressé lorsque questionné sur la gestion de son temps en zone adverse. Dès que j’ai l’occasion, je vais devant le filet, je vais dans les coins. Encore une fois, c’est juste une question d’opportunisme, de continuer à aller dans ces endroits. C’est sûr qu’à un moment donné ça va payer. »

« Il y a peut-être un petit manque de confiance alentours du filet pour concrétiser. Dans le hockey, c’est tellement une question de confiance. Ça en prend un et après ça, c’est parti », réitère-t-il.

Moins bien entouré?

Il est possible qu’une partie de l’explication réside dans le nouvel entourage d’Harvey-Pinard.

L’an dernier, une blessure subie par Alex Belzile juste avant le début de la saison lui avait ouvert une porte sur un trio alors complété par les vétérans Jordan Weal et Yannick Veilleux. À la fin de la saison, Harvey-Pinard avait d’ailleurs joué plus de 318 minutes à 5-contre-5 avec Weal, un joueur marginal dans la Ligue nationale mais un brillant fabricant de jeu au niveau de la Ligue américaine.

Avec les départs de Weal pour la KHL et de Veilleux pour l’Allemagne, Harvey-Pinard s’est plus souvent qu’autrement retrouvé entouré de Jesse Ylönen et Ryan Poehling cette saison.

Les partenaires de jeu de Rafaël Harvey-Pinard à 5v5 (source : Sportlogiq)
2021 2021-2022
Jordan Weal (318:07) Jesse Ylönen (51:31)
Jesse Ylönen (171:21) Ryan Poehling (48:46)
Yannick Veilleux (97:15) Jean-Sébastien Dea (43:50)
Ryan Poehling (73:14) Lukas Vejdemo (41:53)
Jake Lucchini (58:02) Alex Belzile (32:23)

 

Harvey-Pinard est aussi un peu moins utilisé dans des missions offensives par le nouvel entraîneur-chef Jean-François Houle. Son temps d’utilisation moyen en avantage numérique est passé de 2:06 à 1:41 et comme on l'a vu dans le premier tableau, il est moins souvent envoyé sur la glace pour prendre des mises en jeu en zone offensive.

« C’est vrai qu’on a perdu des bons vétérans, mais on est allés en chercher d’autres aussi. Je pense à [Danick] Martel, à [Jean-Sbastien] Dea, des gars qui ont de l’expérience aussi. Et j’ai joué quelques matchs avec eux. Ça n’a rien changé à ma façon de jouer. Peu importe avec qui je joue, je veux arriver et donner mon 100%. Ça n’a pas changé mon identité », insiste le choix de septième ronde en 2019.