MONTRÉAL – De relancer la machine après la pause imposée par la pandémie de la COVID-19 a représenté tout un défi pour l'Impact de Montréal, notamment pour son préparateur physique, Jules Gueguen.

Le défi était en quelque sorte double pour lui, puisque le onze montréalais n'a pas pu profiter d'un calendrier préparatoire optimal cet hiver.

« On a déjà eu un début de préparation complexe, alors qu'un camp optimal tourne autour de huit semaines. En six semaines, on peut se débrouiller, il y a moyen de faire de la qualité. Plus bas que ça, ça devient complexe. Quand on a commencé en janvier, on a eu quatre semaines pour se préparer pour Saprissa (en Ligue des Champions). Déjà là, c'était un gros casse-tête », a expliqué le Québécois de 33 ans.

Après deux matchs de la MLS et trois de la Ligue des Champions, le coronavirus est venu mettre tout le monde à l'arrêt.

« Ça a coupé notre élan, souligne Gueguen. Après le match contre Dallas et le premier match contre Olympia, on sentait que les mecs commençaient à rouler: la répétition des efforts était très bonne. On voyait nettement la progression. Si nous avions continué, ça aurait été plus optimal.

« Le confinement, ça nous a arrêté sec. Rappelez-vous: au début, on ne savait pas trop ce qu'on pouvait faire. Pouvait-on aller courir dehors? Étions-nous obligés de rester à l'intérieur? Il y avait beaucoup de questions. Les deux premières semaines, on a fait que du maintien.

« Il faut donc rebâtir les qualités que nous avons perdues en raison de la pause. On est dans les sprints au maximum présentement, afin de rebâtir le profil de joueurs qu'on veut. Le grand défi est de s'adapter à la fois aux règles de la MLS et du gouvernement afin de faire du travail de qualité. »

Heureusement, le groupe ne semble pas être trop dépaysé.

« On voit que c'est toujours le même système de jeu et personne n'a oublié, a indiqué le milieu de terrain Clément Bayiha après le deuxième entraînement en petits groupes, mardi. C'est ça qui est bien. Il suffit de faire des petits rappels. »

Au grand soulagement de Gueguen et du personnel de Thierry Henry, personne ne semblait avoir pris du retard au moment de reprendre le boulot.

« On a eu l'avantage de terminer en ascension: on a vu dans la deuxième moitié du match contre Olympia que les joueurs étaient sur une lancée et que ceux d'Olympia étaient un peu en train de s'effondrer. Ensuite, il y a eu la coupure provoquée par la pandémie. Les gars ont donc goûté un peu à ce que Thierry veut dans la qualité d'effort, dans le style de jeu. Nous avions atteint ce niveau avant la pause.

« On les a retrouvés en bonne condition physique, mais encore une fois, on est limité. On a perdu certaines qualités, dont les changements de direction, les accélérations et décélérations, que tu ne peux pas vraiment faire sur le béton. Il faut recorriger un peu tout, repartir de zéro sur certains aspects. Mais les gars sont arrivés en bonne forme. On verra ce que ça donne sur la durée. »

Et pour Gueguen, l'important est de ne surtout pas sauter les étapes.

« C'est certain qu'un niveau physique, il y a un risque. Dans la Bundesliga, qui a repris il y a quatre ou cinq semaines, le nombre de blessures a plus que triplé: ils sont passés d'un ratio de 0,25 blessure par semaine de championnat à 0,88. En plus des blessés, plusieurs joueurs sortent dès la 30e minute. (...) Ce sont les risques. Selon les échéanciers, nous devrons préparer les athlètes du mieux qu'on peut. Il faut obtenir une forme optimale en réduisant au maximum le risque de blessures, mais il y a un juste milieu difficile à trouver. Il faut pousser la machine, mais pas trop. »