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À tout seigneur tout honneur alors que Félix Auger-Aliassime brise la glace à la Porte d'Auteuil en gagnant ses deux premiers matchs. Je ne pensais jamais que cela serait aussi difficile face au qualifié Juan Pablo Verillas, mais le Péruvien est en confiance et met beaucoup de balles en jeu, typique des Sud-Américains qui sont à peu près tous des spécialistes de la terre. Heureusement que FAA se retrouve au début de la 3e manche. Il garde d'ailleurs le pied sur l'accélérateur pour la rencontre suivante face à l'Argentin Camilo Ugo Carabelli. Dès le début, on voit bien qu'il s'est débarrassé du stress et qu'il est aux commandes.

Le défi au 3e tour est tout autre alors que Filip Krajinovic est talentueux, léger et dangereux. Il profite en plus de sa grande amitié avec Novak Djokovic qui s'entraine souvent avec lui. Félix le connait par coeur puisqu'il l'a battu deux fois en quatre rencontres. Bonne nouvelle, notre Québécois est prêt dès le début. Trois heures, trois sets, bonsoir la visite! Félix est solide puisqu'il utilise bien ses dons principaux, le service et coup droit tout en étant le plus stable émotivement à la fin de chacune des manches. Il s'agit de la meilleure des façons de se préparer pour Rafael Nadal au prochain tour. J'espère que je ne manque pas de respect envers le grand champion que j'aime tant, mais il va falloir que Félix l'amène à souffrir en le gardant le plus longtemps possible sur le terrain. N'est-ce pas ce que Rafa a fait pendant toute sa carrière soit torturer ses proies jusqu'à ce que celles-ci rendent les armes? C'est au tour de FAA de lui en faire voir de toutes les couleurs. Notre Québécois est rendu là dans son évolution. En passant, ne cherchez pas l'oncle Tony dans la loge du Québécois, il regardera le match loin des regards...  

Parlons maintenant des performances de Bianca Andreescu qui dispute seulement un 4e tournoi depuis le début de l'année. D'entrée, notre Canadienne affronte une Belge issue des qualifications. Ysaline Bonaventure est grande et puissante ce qui lui permet de faire mal paraitre notre Bibi. Attaquée de toutes parts, cette dernière n'arrive pas à se faire une place de choix dans les échanges. Heureusement pour la Canadienne, Bonaventure baisse de niveau alors qu'elle mène 6-3, 3-1. Essoufflée et nerveuse est la Belge tandis que Bianca retrouve ses forces pour attaquer dans l'échange et en général bien mieux partir le point en retour. Le 3e set ne sera qu'une démonstration de la Bianca d'antan, forte dans tous les départements. Bonaventure devra travailler l'aspect physique. Chose certaine, la Belge, 77e mondiale, laisse passer une chance inouïe d'ajouter à son tableau de chasse une championne Grand Chelem.

Que dire aussi de la remontée incroyable de Bianca au 2e tour face à la médaillée d'or aux Olympiques de Tokyo l'an passé, Belinda Bencic. La Suissesse compte 10 victoires sur terre battue cette année, ce qui la place au 3e rang. Elle présente d'ailleurs un heureux mélange de constance, d'opportunisme et d'agression. Belinda se déplace aussi très bien. Je me doutais qu'Andreescu aurait quelques chances de se faire valoir, comme par exemple en milieu de premier set alors qu'elle tire déjà de l'arrière par un bris. Je savais aussi qu'elle n'en aurait pas une tonne et qu'il faudrait faire preuve d'opportunisme. Cependant, cela n'enlève en rien la bravoure qu'elle démontre alors qu'elle tire de l'arrière 6-2 et 5-1. Malgré le découragement elle n'abandonne jamais! Cela l'amène à un point de recoller à 5-5. Bravo à Bencic qui met de côté la frustration teintée de colère pour sceller le débat. Avouez que c'est quand même encourageant pour notre Canadienne qui est sur la bonne voie. 

Bencic a peut-être le meilleur sur Bianca cette fois-ci, mais attention Leylah Fernandez l'attend de pied ferme au 3e tour. On se souvient que les deux joueuses s'étaient affrontées en Coupe Fed en février 2020. Rappelons qu'à cette époque, notre Québécoise commençait sa carrière chez les pros et se situait dans le top-200 tandis que la Suissesse était 5e. Fernandez la prend à la gorge en présentant du tennis d'attaque de grande qualité. Je me souviens très bien de ce match, car c'était la première fois que je voyais Leylah démontrer un potentiel aussi grand. 

Maintenant à ce Roland-Garros, la bataille est féroce entre les deux dames. Leylah lui arrache le 1er set après avoir sauvé 2 balles de manche. Bencic revient au 2e set avec des prises de balles plus précoces alors qu'elle choisit d'intercepter les trajectoires beaucoup plus, ce qui empêche notre Canadienne de s'organiser et de se faire valoir. À la dernière manche, le spectacle est grandiose. Chacune a ses moments forts: Bencic pour mener d'entrée alors qu'elle continue au même rythme qu'à la 2e manche. Fernandez ne se laisse pas impressionner et renverse tout cela pour se positionner à la porte de la victoire à 5-3. Belinda met la frustration de côté pour recoller à 5-5. C'est à ce moment que notre Québécoise m'impressionne au plus haut point pour redevenir conquérante. Elle sprinte vers le triomphe en remportant 8 des 9 derniers points! Je l'ai trouvé aussi impressionnante qu'aux Internationaux des États-Unis. Les statistiques entre les deux se ressemblent, mais le match appartient à la plus stable des deux émotivement!

Intéressant de constater qu'en ronde des 16, Leylah affrontera la puissante Amanda Anisimova. À Indian Wells en mars dernier, l'Américaine abandonne après le 2e set après avoir eu plusieurs opportunités de gagner le match. Elle est tellement frustrée qu'elle quitte le terrain! Cela lui coûte cher alors que son entraineur Darren Cahill décide sur le champ de mettre fin à l'entente qu'il détenait avec elle. Il faut donc que Leylah utilise la même stratégie en remettant beaucoup de balles en jeu et cette fois dès le début et pendant toute la durée du match. Anisimova est fragile mentalement et c'est ce qu'il faudra exploiter... 

Pour ce qui est de la qualifiée Rebecca Marino qui affronte la jeune talentueuse Coco Gauff, cela se joue au manque d'expérience de Becca face au haut niveau. Le premier set est rempli de moments forts, chances perdues et revirements. Notre Canadienne est au cœur du débat avec ses schémas d'attaque qui déstabilisent l'Américaine. D'ailleurs elle s'offre HUIT balles de bris à 2-2, mais sans en profiter. La bonne nouvelle c'est qu'elle fait preuve de résilience pour combler un déficit de 2-5.

Malheureusement, à 5-6 Marino fait des erreurs bizarres comme si elle ne savait plus quoi faire. Pourtant jusque-là elle remplit si bien son mandat malgré un trop grand nombre de fautes alors qu'elle force le jeu. Quelques fois les statistiques sont révélatrices: 2/12 en balles de bris, 21 coups gagnants, mais 40 fautes. Marino manque de repères face aux meilleures puisque son classement de 115e ne lui permet pas de jouer à ce niveau sur une base régulière. Peu importe, il faut continuer d'essayer parce que son talent est grand et sa force de frappe adéquate pour bien survivre dans l'ère des puissants. 

Je termine cette chronique sur une note amusante alors que l'ancienne gloire Mats Wilander interview Stefanos Tsitsipas après sa victoire au 2e tour. Depuis le début du tournoi, le Grec a toutes les misères du monde à se défaire de Lorenzo Musetti et Zdenek Kolar puisqu'il passe 7:40 sur le terrain. Le Suédois le regarde, encore dégoulinant de sueur et les traits tirés. Voici une partie de la conversation: « Stefanos, tu as l'air tellement fatigué! » « Ah », de répondre le Grec. « Ce n'est pas grave pourvu que je sois aussi beau que toi dans 30 ans, je serai content! »