Denis Shapovalov a été la grande sensation de l’édition 2017 de la Coupe Rogers à Montréal. Alors âgé de 18 ans, et seulement 143e au monde, il avait battu Juan Martin Del Potro au deuxième tour et, contre toutes attentes, il avait ensuite surpris le favori Rafael Nadal en huitièmes de finale. Il était éventuellement devenu le plus jeune joueur à atteindre l’étape des demi-finales d’un Masters 1000.

Au cours des mois qui ont suivi, le jeune Canadien a continué de surfer sur cette vague de succès qui l’a fait voguer jusqu’au 20e rang mondial.
 
Shapovalov a toutefois frappé un mur au courant de l’année 2019. Sans victoire depuis deux mois et demi, il s’est incliné au premier tour à ses quatre derniers tournois, dont en Grand Chelem à Roland-Garros et plus récemment à Wimbledon.
 
Il espère donc que son retour à Montréal pourra le relancer et lui servir d’étincelle comme lors de sa dernière participation.

« Ce tournoi signifie beaucoup pour moi, raconte la 31e raquette mondiale. C’est en quelque sorte ici que ma carrière a vraiment décollé, donc je suis évidemment heureux d’être de retour à Montréal. Je me souviens à quel point les gens étaient derrière moi et à quel point le tournoi était agréable. J’espère que ce sera encore le cas cette année. Je n’ai pas de blessure et je suis dans un bon état d’esprit. L’atmosphère est bonne autour de moi, je me sens chaudement accueilli, comme à la maison. »

Si Shapo se dit dans un bon état d’esprit, c’est parce qu’il a pris le temps de se ressourcer dans les dernières semaines. Il a notamment fait l’impasse sur le tournoi de Washington, qui précède tout juste les Internationaux du Canada, et a choisi d’arriver plus tôt que prévu dans la métropole pour s’imprégner de l’énergie des lieux et bien se préparer.

« J’avais juste besoin d’une pause du tennis, de prendre du recul et de refaire mes forces, dit-il. J’ai quand même pris la peine de parler à des gens autour de moi pour analyser ce qui n’a pas fonctionné dans les derniers mois. Je trouve que mon jeu était là, mais qu’il me manquait un petit quelque chose, peut-être un peu au niveau mental. C’est normal, on joue presque chaque semaine et on voyage beaucoup, donc parfois ça devient une trop grosse charge, Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour me reposer. Le plus important était de prendre du recul, de passer du temps avec la famille et les amis pour décrocher un peu du tennis. Je me suis promené à Niagara Falls et au centre-ville de Toronto juste pour relaxer et m’amuser dans les arcades, le genre de choses que font les ados ou les jeunes adultes. Après deux semaines, j’avais juste hâte de retourner sur le terrain. La passion est vite revenue et j’ai retrouvé pourquoi j’aime autant jouer, pourquoi je suis prêt à consacrer autant d’heures à ce sport. C’était le plus important pour moi. »

Comme source de motivation, Shapovalov admet même avoir déjà visionné quelques fois les faits saillants de son fameux match contre Nadal et d’autres de ses meilleures performances pour puiser de l’inspiration, et surtout pour se rappeler qu’il est capable de rivaliser avec l’élite. Cette victoire marquante lui avait d’ailleurs permis de se sentir désormais moins intimidé devant les plus grands en démontrant qu’il a sa place dans le haut de l’échiquier mondial.

Mais avant de penser à retrouver Nadal, qui est le champion en titre de la Coupe Rogers et tête de série no 1, Shapovalov devra se faire la main contre le Français Pierre-Hughes Herbert.

« Peu importe qui j’allais affronter, ce n’était pas un problème, assure l’Ontarien. J’espère quand même pouvoir obtenir ma revanche car la dernière fois qu’on s’est rencontrés cette année, il m’a battu. Il a un bon service et un bon coup droit, il va beaucoup au filet et met de la pression. Je devrai sûrement essayer d’être plus agressif que lui. Je l’ai déjà affronté dans le passé, donc je le connais un peu, mais c’est bon de revoir nos matchs pour essayer de voir ce que j’aurais pu faire mieux et ce sur quoi je devrais me concentrer pour m’améliorer la prochaine fois. Je sais un peu à quoi m’attendre. Les terrains sont un peu plus lents cette année ici et la balle rebondit assez haut, ce qui est parfait pour moi. Je pense que c’est idéal pour un joueur comme moi. »

Shapovalov souhaite également du succès à son bon ami Félix Auger-Aliassime, qui affrontera son compatriote Vasek Pospisil au premier tour.

« On se parle chaque jour. Pas juste de tennis, mais de ce qui se passe dans nos vies. Je suis sûr qu’il va bien faire. Il connaît une saison incroyable jusqu’à maintenant. J’espère pouvoir l’imiter et jouer aussi bien que lui. Il a une bonne équipe autour de lui et une bonne tête sur les épaules. Je pense que nous allons tous les deux passer une belle semaine. »

Donner au suivant

Avant de reprendre officiellement la compétition, Denis Shapovalov a décidé samedi d’offrir une clinique de tennis à des jeunes du centre Lajeunesse, un centre de loisirs communautaires établi à Montréal. C’est une façon pour lui de redonner à la relève.

« C’est ici que tout a commencé pour moi. La ville m’a bien accueilli il y a deux ans alors que j’étais encore très jeune, donc je voulais redonner à la communauté et à la ville. Pour moi, c’est important d’inciter les jeunes à jouer au tennis, peu importe leur âge, leur situation financière ou l’endroit d’où ils viennent. C’est rassembleur comme activité. C’est tellement bon de les voir sourire sur le terrain. C’est bon pour sport, mais aussi pour le pays. Ç’a été une belle expérience, je pense qu’ils ont eu du plaisir. Ils ont tous été gentils et reconnaissants d’avoir eu cette opportunité, et j’ai vraiment aimé ça également. »

Shapovalov s’implique d’ailleurs à l’occasion auprès de l’école de tennis que tient sa mère Tessa dans la région de Toronto. Ces expériences acquises l’inspirent déjà pour son après-carrière.

« Je suis certain que j’aimerais devenir entraîneur dans le futur, que ce soit avec des athlètes professionnels ou des jeunes. Je participe au programme de ma mère chaque fois que je peux. J’avais l’habitude d’y passer beaucoup de temps, mais maintenant, c’est plus difficile. Je frappe des balles avec les jeunes, je leur donne des conseils et ils semblent l’apprécier. Ça me fait vraiment plaisir de voir des jeunes apprendre et s’améliorer. »

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