On dit qu’il n’était pas grand, physiquement, mais qu’il l’était, mentalement… Jerry Trudel, journaliste pour le journal Montréal-Matin lui attribua, un jour, le surnom de « petit géant » pour mettre en évidence le courage et la détermination qu’il avait fait preuve pour arriver à se tailler un poste de gardien de but régulier un chez LE Canadien…

De joueur de centre à gardien de but, par accident, le petit géant a gravit les échelons uns à uns et a attendu longuement qu’une porte s’ouvre et, lorsque le gardien numéro un de la formation tricolore « s’écroula » sous la pression en pleines séries éliminatoires, il cria « présent » à l’appel de son entraineur chef…

Joseph Gerald George « Gerry » McNeil est né le 17 avril 1926, à Québec, en la province de Québec, au Canada… Il est le fils de Peter George McNeil et de Rosanna Dyotte, et le petit-fils de Thomas McNeil et Ann Phillips, et de Narcisse Isaïe Noel et Georgina Langlais… Il fut baptisé le 18 avril 1926, en la paroisse Saint-Patrick de Québec : Henry Gordon Phillips fut le parrain et Florence McNeil, la marraine… Bien que son père soit d’origine irlandaise, les racines de sa famille paternelle au Québec remontent à 1779…

McNeil fit ses premiers pas à titre de joueur de centre avec l’école secondaire à laquelle il étudiait et fut vite reconnu comme l’un des meilleurs joueurs de sa catégorie : à douze ans, il remporta le championnat des compteurs de la ligue à laquelle il évoluait lorsqu’il porta les couleurs des As de Saint-Fidèle… Lors d’une partie disputée alors qu’il était d’âge « midget », McNeil proposa à son entraineur de remplacer le gardien de l’équipe qui venait de se blesser : sans mots, l’entraineur de l’équipe qui menait 1 à 0, grâce à un but de McNeil, accepta le pari… McNeil n’accorda aucun but et permit à son équipe de remporter la partie au pointage inchangé de 1 à 0 : du même coup, le petit géant cumula un but gagnant et un blanchissage lors d’une même partie…

McNeil occupa le poste de gardien de but pour le reste de la saison…et pour le reste de sa carrière… Il fut alors recommandé au directeur général DU Canadien, Tommy Gorman, par Mike McMahon, un défenseur de la formation tricolore… Âgé de seulement dix sept ans, McNeil s’amena au camp d’entrainement DU Canadien, à l’automne 1943, en même temps qu’un autre gardien, Bill Durnam…

Durnam, dont le poste été « destiné », fut retenu, mais pas McNeil qui impressionna tout de même suffisamment les dirigeants du Bleu-Blanc-Rouge pour que ceux-ci lui offre un contrat intéressant : «On m’a offert une somme de 2300$ pour la saison, en plus de payer mes études. Je suis rentré chez moi et mon père, qui ne faisait que 19 $ par semaine à une usine de pâtes et papier, m’a dit que ce serait une bonne chose pour moi de tenter ma chance au hockey »... Il signa à titre d’agent libre, le 29 octobre 1943, emménagea au Queen’s Hotel, toutes dépenses payées, et entreprit sa carrière professionnelle chez les Royaux junior de Montréal, de la Ligue de Hockey Junior du Québec (LHJQ), tout en évoluant pour l’école secondaire, et tout en prenant part aux pratiques DU Canadien…

McNeil ne joua que trois parties chez les Royaux juniors, accordant dix buts… Il rejoint immédiatement les Royaux de Montréal, de la Ligue de Hockey Senior du Québec (LHSQ) et y évolua pendant six saisons… Ses débuts furent bien modestes lors des deux premières saisons, mais sa progression fut constante : il mena la LHSQ au niveau de la moyenne de buts alloués lors de la saison régulière et les éliminatoires de 1945–46…

Le petit géant, qui ne faisait que 5 pieds 7 pouces, 155 livres, s’illustra davantage lors des trois saisons suivantes au point d’être nommé sur la première équipe d’étoiles de la LHSQ et de recevoir le trophée Byng of Vimy, remis au joueur le plus utile à son équipe, à chacune des trois saisons… Il mena les Royaux à la conquête de la Coupe Allan, décernée à la meilleure équipe amateur senior canadienne, en 1947, enregistrant trois blanchissages consécutifs…

Pendant ces trois saisons, McNeil eut l’occasion de participer à une première partie de la NHL en carrière, lorsqu’il fut rappelé par LE Canadien… Il subit une défaite de 5 à 3, le 22 novembre 1947, lors d’une visite des Rangers de New York, au Forum, puis tint le fort lors d’une partie nulle, de 2 à 2, disputée le lendemain, au Boston Garden, face aux Bruins de Boston… Il enfila alors le numéro 11 et le numéro 1…

McNeil débuta la saison 1949–50 chez les Mohawks de Cincinnati, de l’American Hockey League (AHL), un club-école DU Canadien, dirigé par le légendaire King Clancy, et y passa l’entièreté de la saison à part six rencontres régulières qu’il eut la chance de vivre chez LE Canadien, lorsque Bill Durnam dut s’absenter à cause d’une blessure à la tête… Celui qui porta les numéros 1, 12 et 19, n’accorda que neuf buts en ces six rencontres… Il remporta une première victoire en carrière, le 4 mars 1950, au Forum, contre les Black Hawks de Chicago, et récolta un premier blanchissage, sept jours plus tard, au Forum, lors d’une visite des Bruins de Boston…

Lorsque Durnam prit la décision de quitter l’équipe en pleine série, McNeil prit la relève, comme il l’avait fait à douze ans : en arrière trois parties à zéro en demie finale face aux Rangers de New York, LE Canadien remporta la partie, mais perdit la suivante…

L’annonce de la retraite de Durnam laissa toute la place à McNeil qui s’empara du chandail numéro 1 et devint le gardien régulier de la formation tricolore… Connaissant très bien le système de jeu de l’entraineur chef Dick Irvin, qu’il scrutait depuis sept ans, McNeil prouva immédiatement qu’il méritait le titre de gardien numéro un de l’équipe… Il garda les filets du Bleu-Blanc-Rouge pour chaque minute de chaque partie des saisons 1950–51 et 1951–52, et fut invité à la partie des étoiles de la NHL en 1951, 1952 et 1953…

McNeil était un gardien qui couvrait très bien ses angles et sa petitesse avait fait en sorte qu’il avait du apprendre comment compenser en s’avançant vers les attaquants adverses… Il parvenait également à hausser son jeu d’un cran lorsque le moment des séries éliminatoires arrivait… L’un de ses souvenirs des séries éliminatoires remonte à la finale de la Coupe Stanley de 1951 alors que tous les cinq parties nécessitèrent une prolongation : McNeil connut une séquence de 214 minutes consécutives sans accorder de buts, qui incluait une prolongation où McNeil dut arrêter trente huit rondelles… LE Canadien perdit la cinquième partie sur un but de Bill Barilko qui devint le but gagnant de cette Coupe Stanley, et son dernier but en carrière puisqu’il décéda tragiquement peu après…

Après une éliminatoire rapide, face aux Red Wings de Détroit, en quatre parties en finale de la Coupe Stanley de 1952, McNeil eut la chance de voir son nom inscrit sur la Coupe Stanley la saison suivante lorsque le tricolore disposa des Bruins de Boston en cinq parties, dont la dernière par blanchissage, la veille de l’anniversaire de naissance de McNeil… Cette même saison n’avait pas été celle qui avait amené le plus de victoires pour McNeil, mais il remporta dix de ces victoires par blanchissage et cumula une moyenne de 2,12 buts alloués, sa meilleure en carrière… Lors de la dernière partie de la saison régulière, il arrêta cinq tirs effectués par Gordie Howe qui tentait de récolter un cinquième but en saison… Son jeu fut remarqué suffisamment pour que la NHL lui réserve une place sur sa deuxième équipe d’étoiles…

McNeil participa à une quatrième saison complète chez LE Canadien, participa à trois parties éliminatoires, devant laisser sa place, à son tour, à une recrue, Jacques Plante, puis annonça sa retraite du hockey, le 27 septembre 1954, prétextant qu’il désirait se trouver un emploi moins stressant…

Après une saison sabbatique, McNeil remit son équipement et s’aligna à nouveau chez les Royaux de Montréal, maintenant dans la Ligue de Hockey du Québec (LHQ)... Il termina la saison fort de la meilleure moyenne chez les gardiens de la ligue, fut choisi sur la première équipe d’étoiles, et reçu le trophée Georges-Vézina de la LHQ… La saison suivante, il fit aussi bien et a même eut la chance d’être rappelé à quelques reprises, pour un total de neuf parties régulières, en remplacement de Plante lorsque celui-ci éprouva des problèmes d’asthme… Il ne participa à aucune partie éliminatoire mais eut tout de même droit à ce que son nom soit inscrit sur la Coupe Stanley DU Canadien de 1957…

Choisi sur la deuxième équipe d’étoiles de la LHQ lors de la saison 1957–58, McNeil prit le chemin de Rochester, la saison suivante, et s’aligna chez les Americans de l’endroit, de l’AHL… LE Canadien le rappela, en séries éliminatoires, par précaution, et, même s’il n’eut pas la chance de disputer de parties, son nom fut à nouveau inscrit sur la Coupe Stanley…

McNeil revint chez les Royaux de Montréal pour la saison 1959–60, puis s’aligna chez les As de Québec, de l’AHL, lors de la saison 1960–61, avant d’annoncer sa retraite du hockey pour une deuxième, et définitive fois… En 276 parties régulières disputées dans la NHL, toutes chez LE Canadien de Montréal, McNeil montre 119 victoires, 105 défaites et 52 parties nulles, en plus de 28 blanchissages et d’une moyenne combinée de 2,36 buts par parties… Sa fiche en séries éliminatoires est de 17 victoires et 18 défaites, 5 blanchissages et une moyenne de 1,89 buts alloués, en 35 parties… Il a mené son équipe à la finale de la Coupe Stanley à chacune des quatre saisons complètes où il évolua…

Après sa retraite du hockey, McNeil s’est toujours senti faire partie de la grande famille DU Canadien et fut un participant régulier aux événements des anciens… Parfaitement bilingue, il est toujours demeuré, tout au long de sa vie, au Québec, à part la saison passée à Cincinnati et les deux à Rochester, et a vécu dans la région montréalaise lors des quarante dernières années de sa vie…

Celui qui avait travaillé comme vendeurs d’automobiles pendant sa carrière de hockeyeur devint représentant des ventes pour un certain nombre d‘organisations, jusqu’à ce qu’il devienne directeur régional des ventes pour Thomas Adams Distillers, une compagnie du groupe Seagram… L’hiver venu, on pouvait le voir à Panama City Beach, où il allait rejoindre ses amis hockeyeurs Elmer Lach, Kenny Mosdell et Maurice Richard… McNeil, Lach et Mosdell furent d’ailleurs trois des porteurs du cercueil de leur ami Richard lorsque le Rocket décéda en mai 2000…

McNeil est décédé le 17 juin 2004, à l’âge de soixante dix huit ans, à l’hôpital Saint-Luc de Montréal, à Montréal, en la province de Québec, au Canada, après une courte mais intense lutte contre le cancer… Il laissa dans le deuil sa femme Theresa Conway, qu’il avait connu à l’école et à laquelle il était marié depuis cinquante huit ans, ainsi que ses filles Ronald-Shannon, Keren et Donna, son fils David, et ses petits-enfants David, Kathleen, Vanessa, Alanna, Nicholas et Tricia… Un service en sa mémoire eut lieu, le 22 juin 2004, à la maison funéraire Collins Clarke, à Pointe-Claire…

On retrouve quelques cartes de hockey honorant McNeil, notamment sa carte recrue numéro 15 de la série Parkhurst de 1951–52… Parkhurst a également émis les cartes numéro 52 de la série 1951–52, numéro 12 de la série 1952–53, numéro 25 de la série 1953–54, numéro 1 de la série 1954–55 et numéro 52 de la série 1955–56, à l’effigie de McNeil… Lors de sa série commémorant le centenaire DU Canadien, Upper Deck réserva la carte numéro 62, de la série Montreal Canadiens Centennial, à McNeil…