Quand on parle d’un joueur constant, tant au bâton qu’en défensive, le nom de Chris Speier vient en tête de liste chez les «oubliés des Expos». Il n’était pas le genre de joueur spectaculaire en défense, n’a jamais gagné de gant doré à son poste d’arrêt-court, mais possédait des mains sûrs et un bras précis, sans être très puissant. 

Disons que lorsque la balle était frappée vers lui, on savait qu’à 97% (Sa moyenne défensive à vie) que le jeu serait complété sans problème. 

Repêché en première ronde (deuxième au total) à l’encan amateur de 1970 par les Giants de San-Francisco, Speier fit ses débuts dès l’année suivante avec cette équipe et y restera de 1971 à 1977 participant au passage à 3 matchs des étoiles. 

Puis, le 27 avril 1977, Speier fut échangé aux Expos de Montréal en retour de Tim Foli. Cet échange a été assez mal reçu à San-Francisco puisque Speier jouissait d’une certaine popularité au Candlestick Park de l’endroit. L’histoire donna raison aux détracteurs puisque Foli ne joua qu’une seule saison pour les Giants alors que Speier débuta une association qui dura 8 ans avec les Expos. 

Les partisans de baseball de Montréal ont vite adopté ce joueur. Rarement Speier connaissait de grands matchs et rarement il connaissait de mauvais matchs. On savait à quoi s’attendre avec lui. Il se présentait à chaque match, et jouait toujours à la limite de son potentiel. Bref, pas de flafla ! 

Au bâton, sans être un grand frappeur de moyenne, Speier savait apporter sa contribution. Il était patient à la plaque et soutirait sa part de but sur balles, en plus de frapper en lieu-sûr dans des moments souvent opportuns. Il était très loin de représenter un retrait automatique pour le lanceur adverse. 

UN CAPITAINE «OBSCUR» 

En 1979, le gérant de l’équipe Dick Williams, déclara dans les médias que Speier apporta beaucoup à sa formation dans le vestiaire. Gentilhomme et toujours à sa place, il était cependant du genre à se lever lors d’une série de défaites et n’hésita pas à partager fortement ses états d’âme à ses coéquipiers. Ce contraste avec sa nature plutôt douce, faisait en sorte que le message passait. Même le voltigeur Elis Valentine, reconnu pourtant pour sa très forte personnalité à l’époque, prenait sa place quand Speier parlait. 

UNE VIE BIEN QUÉBÉCOISE 

Contrairement à beaucoup d’autres joueurs des Expos, Speier passait le plus clair de l’année au Québec. Père de 6 enfants, ses derniers ont même fréquenté une école francophone. Sa fille, Anita, a même déjà chanté l’hymne nationale en français lors d’un match des Expos en 1983. 

Bien implanté au Québec, Speier était en mesure de comprendre les partisans des Expos, participant à chaque année à la caravane hivernale de l’équipe destinée à faire la promotion des Expos à travers la province. Généreux de son temps, il n’hésitait jamais à participer à des séances d’autographes et autres activités. 

Au total, il joua 8 ans avec les Expos, présentant une moyenne de .245 avec ceux-ci, frappant 29 circuits tout en produisant 255 points. 

Au-delà de ces statistiques, les partisans des Expos se rappellent surtout d’un joueur honnête avec une éthique de travail impeccable. Ce gars-là se présentait toujours avec ses «bottes de travail» à chaque match. 

Aujourd’hui âgé de 66 ans, Chris Speier est l’instructeur-adjoint de Dusty Baker pour les Nationals de Washington.