Quand on parle d’un joueur avec un talent naturel chez les Expos, on pense automatiquement à des gars comme Vladimir Guerrero, Andre Dawson, Tim Raines, Gary Carter et autres… Un autre joueur aurait certainement pu connaître une aussi belle carrière que les joueurs mentionnés précédemment, et son nom est Ellis Valentine. 

Repêché par les Expos en deuxième ronde de l’encan amateur de 1972, Valentine gravit rapidement les échelons. Son passage dans les mineures (dont une saison avec les Carnavals de Québec) a permis de découvrir l’ampleur de son talent. Il cognait bien la balle à tous les champs, avait de la puissance au bâton, était très rapide et en plus, il avait un véritable canon à la place du bras droit. Dans la tête des dirigeants de l’équipe, il n’y avait plus de doute possible, Valentine deviendrait assurément la future grande vedette des Expos et ce, pour des années à venir. 

DES DÉBUTS PROMETTEURS

Valentine fit fureur à ses débuts avec les Expos à la fin de la saison 1975, de sorte qu’il devint évident qu’il commencerait la prochaine campagne avec le grand club. 

À sa première saison complète en 1976, le gérant de l’époque, Karl Kuehl fit d’Ellis Valentine, son voltigeur de centre attitré. L’équipe était bien jeune à l’époque. Il faut dire que c’était la dernière saison des Expos au Parc Jarry et que les dirigeants faisaient beaucoup d’expériences sur le terrain dans le but de présenter une équipe compétitive la saison suivante alors que les Expos déménageraient au Stade Olympique. 

Valentine fit donc ses débuts avec une équipe faible… Très faible, n’ayons pas peur des mots. Le gérant. Karl Kuehl fut d’ailleurs congédié vers la fin de la campagne. Au final, les Expos terminèrent la saison 1976 avec un horrible dossier de 55 victoires contre 107 défaites. Khuel avait mélangé ses cartes toute la saison de sortes que l’on ne savait pas toujours à quoi ressemblerait l’alignement partant des Expos !... La plupart du temps, Valentine jouait au champ-centre en compagnie de Gary Carter à droite et l’illustre Bombo Rivera à gauche !... C’est vous dire ! 

1976 aura néanmoins montré des points positifs et Valentine en faisait partie. Il frappa pour une moyenne de .279 et fit montre d’un formidable aplomb en défensive. De plus, les partisans des Expos découvrirent cette année-là, d’autres jeunes loups sur le point d’émerger en Andre Dawson et Warren Cromartie. 

UN TRIO À FAIRE PEUR

Dès 1977, avec à sa tête un nouveau gérant en la personne de Dick Williams, l’équipe des Expos affichait un visage vraiment différent. Dès le départ, Williams apporta une stabilité au sein de l’alignement partant des Expos. Il muta de façon régulière Gary Carter au poste de receveur aligna un trio de voltigeurs qui devint rapidement un des meilleurs de l’histoire des Expos. Andre Dawson au centre, Warren Cromartie à gauche et Ellis Valentine à droite. Du lot, Valentine fut celui qui s’illustra le plus, participant même au match des étoiles cette année-là ! En 1977, il afficha une moyenne de .293 avec 25 circuits et 76 points produits. Il manqua plusieurs matchs cependant pour cause de diverses blessures. 

En 1978, Valentine présenta des chiffres très semblables à ceux de l’année précédente et reçut même le gant-doré à titre de meilleur champ-droit de la Ligue. Pas de doute, une étoile était née ! 

LE FAMEUX MAL DE FESSE

Bien qu’il connut une bonne saison 1979, c’est à partir de 1980 que Valentine attira beaucoup l’attention sur lui, mais pas pour les bonnes raisons cette fois. Il arriva en retard aux entraînements, il semblait souvent dans un état second, l’ardeur au travail n’y était vraiment plus et souvent, il se déclara «blessé» et incapable d’entreprendre le match. C’est lorsqu’un médecin de l’équipe n’arriva pas à trouver l’origine d’une blessure que Valentine disait avoir, et que ce dernier mentionna qu’il avait mal à une fesse, que Dick Williams perdit patience avec son voltigeur et le plaça sur la liste des blessés. 

Dès lors, Valentine n’était plus dans les bonnes grâces du gérant et même les partisans se mirent à ridiculiser «le mal de fesse» du grand numéro 17, affichant même des pancartes à cet effet dans le stade. 

En 1981, les Expos prirent la décision d’échanger Valentine aux Mets contre Jeff Reardon et Dan Norman. Il ne sera plus jamais l’ombre de lui-même et cessera de jouer à l’âge de 30 ans.

Nous avons appris plus tard, sans pour autant être très surpris, que Valentine était accroc à la cocaïne et à l’alcool. Son comportement mêlé à ces substances auront fait en sorte de détruire l’une des plus belles carrières potentielles de l’histoire de l’équipe. 

Aujourd’hui, Valentine se dit sobre depuis près de 30 ans et fait des conférences partout en Amérique pour prévenir les jeunes des dangers que représentent drogues et alcool. 

Sachant que Valentine démontrait tant de talent, souvent dans un état second, qui sait quelle sorte de carrière il aurait connu s’il avait été sobre ?