L’annonce de Luc Brodeur-Jourdain qui va opter pour la retraite après un dernier match va au-delà simplement du joueur de football. Il aura été l’un des grands chez les Alouettes au cours de la dernière décennie.

Il a disputé 12 saisons dans une ligue et un sport où il est difficile de perdurer, et il a réalisé le tout en demeurant avec la même équipe ce qui est tout aussi impressionnant.

J’ai toujours eu beaucoup de respect pour Luc, car il en avait pour tout ce qui l’entourait. Il était respectueux de ses coéquipiers, de ses entraîneurs et du logo qu'il défendait. Il joue comme s’il devait sans cesse gagner ce respect chez les gens qui l’entourent et cette vision est tout à son honneur.

LBJ a été un modèle par l'entremise de ses actions tout au long de sa carrière avec la formation montréalaise. Personne ne pourra lui reprocher de ne pas avoir été un guerrier au travers les blessures et les douleurs constantes qui affligent un joueur de ligne offensive.

Non seulement était-il un bon joueur et un bon coéquipier, il était également un excellent ambassadeur pour les Alouettes de Montréal dans la communauté.

Ce n’est que le début cependant pour lui et je suis persuadé qu’il va continuer d’accomplir de grandes choses dans son après-carrière.

J'aurai d'ailleurs le plaisir de discuter plus en détails de sa carrière lors de l'avant-match de la rencontre opposant les Tiger-Cats de Hamilton aux Alouettes, jeudi, sur les ondes de RDS.

Un coup de main pour la ligne à l'attaque?

Si on reste à tout de moins sur le sujet de la ligne à l’attaque des Alouettes, je me dois de relever que la dernière rencontre a été plus que difficile pour ce groupe de joueur.

Si auparavant on avait identifié une lacune afin de mettre de la pression sur le quart adverse avec les ailiers défensifs, les Alouettes ont eu toutes les difficultés à protéger leur quart-arrière, alors que les Tiger-Cats de Hamilton ont réalisé un total de sept sacs au cours de la rencontre entre les deux équipes.

Plusieurs joueurs ont mal paru et je n’ai pas le choix de me pencher sur les ennuis de Tyler Johnstone du côté droit de la ligne. Clairement il n’est pas prêt à jouer comme bloqueur à droite. Ce n’est pas que le talent qui est remis en cause dans ce groupe, mais le système de blocage également. À ce sujet, sur une séquence, on a vu trois joueurs des Tiger-Cats appliquer la pression contre sept joueurs en protection et le quart des Alouettes s’est tout de même retrouvé au sol. C’est tout simplement impardonnable!

De telles séquences me laissent croire qu’il y a des lacunes en ce qui concerne les entraîneurs pour cette unité. Ils manquent peut-être de ressources et c’est là qu’un Luc Brodeur-Jourdain m’apparaît comme un excellent candidat pour épauler le travail de l’entraîneur de la ligne à l’attaque, Paul Dunn.

Whitehead fait sa marque au nord

Ailleurs dans la LCF, Lucky Whitehead s’est démarqué avec deux touchés spectaculaires dans la victoire des Blue Bombers de Winnipeg. Il a réalisé une performance exceptionnelle avec 155 verges de gain en sept réceptions. Il est incroyablement rapide et comme il était déjà considéré comme tel dans la NFL, il parvient à tirer encore plus son épingle du jeu dans la Ligue canadienne.

Son histoire est intéressante, alors qu’il a œuvré avec les Cowboys de Dallas de 2015 à 2017. À sa dernière année, il a été faussement associé, en raison d’une confusion d’identité, à un vol dans un magasin d’un montant de 25 $. Les Cowboys l’avaient tout de même libéré et ainsi son histoire dans la NFL s’est conclue.

Il est voué à connaître du succès dans le football canadien et je vous invite à le surveiller au cours de la saison.

Arbuckle prend la relève

Jusqu’à preuve du contraire, les Stampeders ont établi le standard d’excellence et ils ont toujours été en mesure de s’imposer malgré de nombreux départs chaque saison.

Cette année est d’autant plus représentative de cet aspect, alors que plusieurs éléments clés à la défense et dans le groupe de receveurs. Chaque fois, l’équipe pouvait s’en remettre à son quart Bo Levi Mitchell.

Sauf que ce dernier n’a pas été en mesure de terminer la dernière rencontre des siens devant les Lions de la Colombie-Britannique. Alors qu’on ne connaît pas la gravité de sa blessure, son remplaçant Nick Arbuckle a très bien fait en relève. Il arrive dans la même voie que Cody Fajardo avec les Roughriders de la Saskatchewan en tant que quart qui peut remplir de nouvelles responsabilités comme partant.

Arbuckle a orchestré une séquence victorieuse au cours de laquelle il a été 9 en 9 pour 93 verges et ultimement le touché. Il a été franchement impressionnant. On voit qu’il a eu la chance de bien se développer derrière Bo Levi Mitchell et il faudra voir la suite des choses dans son cas.

Une pause loin d'être la bienvenue

Mon dernier point est simplement pour faire réaliser à quel point le délai de 2 h 4 minutes pour les Roughriders et les Argonauts de Toronto a été pénible. La rencontre a été interrompue à la fin du deuxième quart en raison des intempéries.

Ce phénomène semble se produire fréquemment en début de saison dans l’Ouest. On ne savait pas quand le match allait reprendre après les orages, mais la situation n’était pas évidente.

Les Riders menaient 25 à 0 au moment de quitter le terrain et ils ont ainsi perdu leur rythme. Plusieurs joueurs étaient frustrés visiblement, car il y a eu plusieurs élans de robustesse lors du retour sur le terrain.

Pour vous mettre en perspective, des joueurs se motivent à aller frapper durement sur le terrain, à souffrir durant un trois heures et ils sont prêts à donner ce coup. Sauf qu’à ce moment, ils ont dû mettre un frein à leur élan et éventuellement repartir la machine. La motivation n’est plus la même et le pointage y était aussi pour quelque chose.

En fait, imaginez qu’avec vos amis vous êtes prêts à sauter dans le lac sachant que l’eau est froide. C’est décidé, vous y allez, mais soudainement, vous devez patienter deux heures près du lac avant de le faire. Votre niveau de motivation va très certainement dégringoler et c’est ce qui s’est passé dans ce match.

On a vu des joueurs frustrés et également se blesser lors du reste de la rencontre, alors que le corps n’est pas habitué de se remettre en marche après avoir encaissé des coups. C’est un ajustement qui est très difficile pour les deux équipes. La preuve, seulement 14 points ont été inscrits en deuxième demie par la suite.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant