Privé du traditionnel repêchage de la LNH en juin, le RDS.ca vous présente une analyse des séances de sélection de 2010 à 2016, maintenant qu’il est possible d’avoir une meilleure idée de la contribution de certains joueurs. Place au repêchage de 2012.

Repêchage en rétrospective : 2010 | 2011

Aussi bien d’entrée de jeu parler de l’éléphant dans la pièce pour ce qui est du repêchage de 2012 : Alex Galchenyuk.

Les espoirs étaient grands à Montréal avec l’arrivée récente d’un tout nouveau directeur général en Marc Bergevin. Pour son premier repêchage, le DG disposait d’un choix enviable au troisième échelon. Il s’est tourné vers l’attaquant qui avait été limité à deux matchs avec le Sting de Sarnia dans la Ligue de l’Ontario en raison d’une blessure la saison précédente.

Galchenyuk fera le saut dès la saison suivante dans la LNH, alors qu’il profitera du lock-out en début d’année pour poursuivre son séjour dans les rangs juniors, mais il passera avec le grand club en cours de campagne. Il terminera d’ailleurs sa première de six saisons dans l’uniforme Bleu-Blanc-Rouge avec une récolte de neuf buts et 18 mentions d’aide en 48 rencontres.

Ses débuts hâtifs dans le circuit Bettman font de Galchenyuk le joueur avec le plus de matchs disputés dans cette cuvée avec 549. Il a enregistré 320 points au passage ce qui est bon pour le deuxième rang derrière l’attaquant des Predators de Nashville Filip Forsberg qui détient une priorité de 33 points sur son plus proche rival.

On ne peut cacher dans le cas de Galchenyuk qu’il n’a presque pas eu le temps de défaire ses valises depuis son départ de Montréal dans la transaction impliquant Max Domi. Preuves à l’appui, en 72 matchs avec les Coyotes de l’Arizona, il a obtenu 41 points. En 45 rencontres dans l’uniforme des Penguins de Pittsburgh il a été limité à 17 points et depuis son arrivée au Minnesota avec le Wild, il a déjà amassé sept points en 14 sorties.

Il est vrai que le troisième choix du présent repêchage n’a sans doute pas répondu aux attentes placées en lui, qu’il a obtenu plusieurs chances de se faire valoir, mais le souhait n’a pas été exaucé si bien que le débat n’est plus s’il est un ailier ou un centre, mais bien s’il peut améliorer ou pas une formation.

Une question qui se posait également au sujet de son ancien coéquipier chez le Sting de Sarnia et premier choix du repêchage, Nail Yakupov. Le Russe complétait ainsi la trilogie pour les Oilers d’Edmonton après avoir réclamé Taylor Hall et Ryan Nugent-Hopkins au premier échelon.

La formation albertaine a épuisé toute sa patience avec celui qui avait notamment récolté 101 points à sa première campagne avec Sarnia. Limité à une récolte maximale de 33 points en une saison, Yakupov n’a jamais répondu aux attentes placées en lui et il a expiré également ses chances avec les Blues de St. Louis et l’Avlanche du Colorado. L’aventure de Yakupov dans la LNH ce résume à 350 matchs et 136 points, lui qui évolue dorénavant dans la KHL.

Une horrible transaction des Capitals

Si le Canadien peut se remettre en question en voyant le tableau du repêchage, les Capitals de Washington peuvent très certainement avoir de la difficulté à se regarder dans le miroir. Sans avoir disputé un seul match avec l’équipe qui l’a sélectionné au 11e rang, Forsberg est passé aux Predators de Nashville contre Martin Erat et Michael Latta.

En 62 matchs au total sur deux saisons avec les Capitals, Erat a enregistré 27 points, tandis que Latta a disputé 113 rencontres et il évolue aujourd’hui en Suède.

Ce n’est pas un cas de comparaison avec Tyler Seguin pour le repêchage de 2010, alors que dans son cas, le déclic s’est produit à Dallas après quelques tentatives ratées à Boston. On peut se demander dans son cas si un peu plus de patience aurait véritablement changé la situation, mais pour Forsberg, ce dernier ce serait greffé à une force de frappe offensive déjà débordante de talent. On peut s’interroger à savoir si les Capitals auraient bel et bien attendu à 2018 pour la Coupe Stanley.

Il ne faut pas se faire d’illusion non plus, jusqu’à maintenant, ce repêchage met particulièrement en vedettes les défenseurs. Treize défenseurs ont été choisis en première ronde, dont huit uniquement dans le top-10. Parmi les 15 meilleurs marqueurs de cette classe, sept patrouillent la ligne bleue.

Après avoir vu Ryan Murray se diriger à Columbus et Griffin Reinhart à New York, les Maples Leafs de Toronto ont hérité du joueur qui est actuellement leur quart-arrière dans la brigade défensive.

Morgan Rielly a connu sa véritable première éclosion lors de la campagne 2017-2018 avec une soudaine récolte de 52 points, lui qui n’avait dépassé le cap des 30 points qu’une fois lors de ses quatre premières campagnes dans le circuit Bettman. On écrit première éclosion, car dès la campagne suivante, il a amassé à lui seul 52 mentions d’aide. Il a fait passer son sommet personnel de buts de neuf à 20 pour clore cette campagne avec 72 points.

Jacob Trouba, Hampus Lindholm, Colton Parayko, Matt Dumba, Cody Ceci, Olli Maatta, Mike Matheson, Brady Skjei, Derrick Pouliot et Slater Koekkoek font aussi honneur à leur sélection lors de la ronde initiale.

D’autres défenseurs sont aussi parvenus à faire sourire les directeurs généraux qui les ont choisis un peu plus tardivement lors de la séance de sélection. C’est notamment le cas du 78e choix au total, celui des Flyers de Philadelphie, Shayne Gostisbehere. Son puissant tir frappé et sa présence en avantage numérique offrent une constante menace aux Flyers lorsqu’ils ont l’avantage d’un homme. Après un sommet personnel de 65 points en 2017-2018, le défenseur de 27 ans n’est pas parvenu à se maintenir à ce niveau avec une campagne de 37 points et celle-ci de 12 points en 42 matchs.

Si Damon Severson s’est hissé dans le groupe en tant que choix de deuxième ronde, l’impact aussi instantané de Jaccob Slavin avec les Hurricanes de la Caroline est d’autant plus impressionnant. Le 120e choix de ce repêchage compte déjà 377 matchs et 151 points à son actif.

Une trentaine de rangs plus tard, Colin Miller entendait son nom être appelé par les Kings de Los Angeles. Même s’il en est déjà à trois équipes en cinq campagnes dans la LNH, Miller rend de fiers services et ses entraîneurs n’hésitent pas à l’utiliser comme en témoignent ses 301 rencontres dans le circuit Bettman. Il n’aura finalement jamais joué pour les Kings, portant les couleurs des Bruins, Golden Knights et dorénavant des Sabres.

Si les Kings n’ont pas eu droit à Miller, ils peuvent se consoler avec le 147e choix de la présente sélection qui appartenait aux Canucks de Vancouver, Ben Hutton.

On voit donc comme de fait que pour le moment, les défenseurs volent véritablement la vedette sur leurs collègues attaquants pour ce repêchage. Les meilleurs pointeurs chez les attaquants, outre Forsberg et Galchenyuk, regroupent Teuvo Teravainen et Tomas Hertl qui ont montré des étincelles au fil des dernières saisons.

Par la suite, la situation se gâte, avec Tanner Pearson, Chris Tierney, Tom Wilson, Andreas Athanasiou, Connor Brown et Zemgus Girgensons. Sans rien enlever à ces joueurs, il n’est sensiblement pas question de joueurs de premier plan pour le moment.

Tampa n'en rate pas une ; Pittsburgh trouve le remplaçant de Fleury

Le Lightning de Tampa Bay a encore une fois frappé fort dans ce repêchage, mais cette fois devant le filet. La formation de Tampa a utilisé le 19e choix pour mettre la main sur Andrei Vasilevskiy qui en est à 259 matchs dans la LNH.

Le Russe n’est toutefois pas le gardien avec le plus d’expérience dans le circuit Bettman et au repêchage dans cette cuvée. Pour la deuxième fois de sa carrière, Frederik Andersen a entendu son nom par une formation de la Ligue nationale. Après les Hurricanes en 2010, cette fois, les Ducks d’Anaheim ont opté pour le gardien Danois avec plus de succès. Andersen disputera trois saisons avec la formation californienne avant de prendre la direction de Toronto.

Ce repêchage a aussi permis aux Penguins de dénicher le gardien qui leur permettra de mettre la main sur deux Coupes Stanley et offrira à Vegas Marc-André Fleury, Matt Murray.

Le choix de troisième ronde s’est imposé dès son arrivée avec l’équipe, alors qu’il a disputé 21 parties en séries pour offrir à son équipe les grands honneurs. Les Penguins ont d’ailleurs répété l’exploit la saison suivante.

Ce repêchage a d’ailleurs vu les dépisteurs de Penguins mettre sans nul doute une étoile dans leur cahier. Au final, cinq de leurs neuf joueurs repêchés ont évolué dans la Ligue nationale, soit Murray, Oskar Sundqvist, Teddy Blueger, Matta et Pouliot. Ils ont ainsi disputé un total combiné de 1266 matchs dans le circuit Bettman jusqu’à présent.

À titre comparatif, seuls deux des six joueurs repêchés par le groupe de Marc Bergevin ont patiné dans la LNH. Outre Galchenyuk, Charles Hudon (5e ronde) est l’autre joueur avec de l’expérience dans le circuit Bettman. Le Tricolore n’est pas seul dans cette position, alors que les Blackhawks de Chicago n’ont que deux joueurs qui ont évolué dans la grande ligue.

Il n’en demeure pas moins que ce repêchage doit très certainement vouloir représenter de l’histoire ancienne pour le DG du Canadien.