Un autre match, une autre dégelée. Ça fait 3 matchs perdus par un écart de 4 buts ou plus en 13 matchs et un 2e blanchissage. Avec la parité dans la ligue nationale, ce genre d’écart ne devrait pas arriver, du moins pas pour une équipe comme le Canadien qui a le talent pour compétitionner. Lorsque tous les joueurs jouent mal, ce n’est plus la faute des joueurs, mais la faute du Coach.

Therrien est-il vraiment le bon coach pour le CH. Plus encore, est-il un bon coach? À écouter certains membres de l’Antichambre, Therrien est un très bon coach, un coach qui sauve le Canadien soir après soir avec ses décisions derrière le banc et ses manipulations de trios. Et c’est vrai, plusieurs de ses décisions lors d’un match semblent porter fruit et donner de bons résultats. Ou peut-être encore est-ce parce qu’on voit les bons changements et on se rappelle des résultats positifs alors qu’on oublie les mauvais. Quoi qu’il en soit, il y a d’autres points de vue, entre autres celui de Benjamin Wendorf de Hockey-graphs.com.

Il y a peu de statistiques qui existent pour évaluer le travail d’un coach dans la LNH. Que ça soit les victoires et défaites ou le Corsi (par l’entremise du système de jeu), ces statistiques sont imputable en partie aux joueurs et en partie au Coach, il est donc difficile d’évaluer par ces statistiques le rôle véritable de celui (ou ceux) qui sont derrière le banc. Benjamin Wendorf a donc tenté de remédier à la situation avec une étude différentielle entre le rendement d’une équipe avant et après un changement d’entraineur. Comme la seule différence (ou presque) dans une telle situation est l’entraineur, il est donc possible d’isoler « l’effet coach ».

Pour évaluer la performance d’une équipe, il utilise une statistique qu’il appelle  2pS% qui inclue les lancers pour et contre des 2 premières périodes (2p) seulement pour exclure l’effet des équipes qui jouent défensivement pour protéger leur avance. La statistique se calcul comme ceci :

lancers pour / (lancers pour + lancers contre)

Il utilise le 2pS% parce que s’il en tient seulement aux victoires et aux défaites, il pourrait rester un élément relatif aux joueurs et parce que les statistiques de lancers ont une corrélation élevée (environ 0,35 pour le Corsi) avec les victoires d’une équipe. Donc une équipe qui lance plus a tendance à gagner plus.

Depuis l’arrivée de Michel Therrien dans la LNH, le scénario que Wendorf recherche, c’est-à-dire des changements d’entraineurs durant la saison, c’est produit 4 fois. Il a remplacé Alain Vigneault en 2000-01, Ed Olczyk en 2005-06 chez les pingouins et c’est fait remplacer par Claude Julien en 2002-03 et par Dan Bylsma en 2008-09. Voici donc le graphique de 3 de ses remplacements, la barre bleue correspondant à la performance de l’équipe avec Therrien et la barre orange avec l’autre entraineur.

Source: Benjamin Wendorf, http://hockey-graphs.com/2014/09/22/nhl-coach-changes-positive-negative-nhl-history/

Dans chacun des 3 cas, l’équipe performait moins bien en termes de lancers avec Therrien qu’avec un autre entraineur. Considérant que les écarts de lancers dans la LNH varient d’environ 10%, l’écart de presque 5% montré dans le graphique est immense.

Dans la 4e situation ou Therrien à remplacer Olczyk à la barre des pingouins, l’équipe menée par Therrien a connu une augmentation de son ratio de lancer d’environ 0,5% ce qui est négligeable. Il est aussi à noter que Olczyk n’a plus jamais coacher dans la LNH et donc qu’il était probablement un mauvais entraineur.

Ces statistiques semblent donc pointer vers le fait que Therrien est coach en dessous de la moyenne pour la LNH et que le CH pourrait avoir avantage à le remplacer. Ce problème au niveau du nombre de lancers et en possession de rondelle est exactement le problème qu’éprouvais le CH l’an passé malgré les bonnes performances de l’équipe en série. Le CH était l’une des rares exemptions de la LNH en ce qui trait à la corrélation Corsi/Victoire. Serait-ce que ces problèmes ont finalement rattrapé le CH?

Quoi qu’il en soit, il n’est jamais facile pour le Canadien de trouver un nouvel entraineur en raison de la langue. Les entraineurs francophones ou bilingues du calibre de la LNH qui n’ont pas déjà un poste ne courent pas les rues.

Vous pouvez voir l'article original de Benjamin Wendorf ici : http://hockey-graphs.com/2014/09/22/nhl-coach-changes-positive-negative-nhl-history/

Et l'ensemble des résultats ici : http://hockey-graphs.com/2014/09/24/nhl-coach-changes-history-good-bad-coaches/