Hier, le 6 avril 2019, les joueurs de la Sainte-Flanelle enlevaient leur équipement pour la dernière fois avant de retrouver leur famille et d’attendre le prochain automne. La saison 2018-2019 aura procuré une panoplie d’émotions. Plusieurs pièges ont été déposés sur la route des Canadiens de Montréal tout au long de la saison : le piège de l’équipe en reconstruction, celui d’une équipe faible, l’assurance de ne pas prendre part aux séries, le manque de profondeur, etc. La plupart des analystes plaçaient le CH dans les bas-fonds de la division Atlantique. On repassera pour l’encouragement, surtout à Montréal où, ne nous le cachons pas, les joueurs vivent pratiquement chaque seconde de leur vie sous la loupe d’un journaliste ou la pression des partisans.

Quelle aura été la réponse à ces pièges?

Tout d’abord, Montréal termine la saison régulière avec 96 points. J’aimerais revenir dans le passé, disons en septembre 2018, et proclamer haut et fort que le CH, au terme de la campagne, aura amassé 96 points. J’aurais, vraisemblablement, été attaché sur une chaise dans le fond d’un hangar pour fabulation. Souvenez-vous au début de l’année comment les spécialistes vantaient les Leafs de Toronto. Aujourd’hui, les hommes de Claude Julien terminent à seulement 4 points desdits Leafs. Premier piège évité.

Donc, les partisans déçus de voir le Bleu-Blanc-Rouge expulsé des séries, je comprends. Cependant, à une victoire en temps réglementaire et une victoire en prolongation près (comme hier, par exemple), le CH participerait aux séries. Ça promet pour l’an prochain si l’énergie et le désir de vaincre habitent toujours les joueurs. De plus, le CH égalait la saison dernière avec 30 victoires en 54 matchs alors qu’il restait 28 joutes à disputer.

Parlons des joueurs. Plusieurs d’entre eux ont connu leur meilleure saison en carrière. Rien de moins. Pensons à Max Domi, Tomas Tatar, Jeff Petry, Philip Danault, Jonathan Drouin, Andrew Shaw et Artturi Lehkonen. À cela, nous pourrons même ajouter Brandon Gallagher récoltant seulement 2 points de moins que l’an dernier, mais il domine les débats du CH avec ses buts marqués. Jonathan Drouin a connu une saison en dent de scie, mais il a tout de même su égaler son palmarès floridien en récoltant 53 points. Vous me direz qu’il a joué plus de parties cette année avec les Canadiens pour le même rendement, vous avez raison, mais entendons-nous pour dire que l’asphalte était parsemé de nids de poule pour lui cette saison.

Que dire des acquisitions de Marc Bergevin, Max Domi et Tomas Tatar ? Bon coup, n’est-ce pas? Domi, avec les Coyotes, avait récolté en trois saisons 135 points. En seulement une année avec le CH, le joueur de Winnipeg a obtenu une fiche de 72 points. Le plus étonnant, c’est le nombre de fois qu’il a fait danser le filet, 28 fois cette saison, l’an dernier, en autant de rencontres, Domi marquait seulement 9 fois. Il mène également le CH au chapitre des mentions d’assistance avec 44 et des minutes de pénalité avec 80. Tel père tel fils comme ils disent!

Tomas Tatar, quant à lui, s’est amené à Montréal avec toute sorte de médisance à son égard. Le Slovaque semble avoir gardé la tête froide par rapport à ces attaques puisqu’il a connu sa meilleure saison en carrière avec un total de 58 points et un différentiel de +21. N’oublions pas qu’il termine déjà sa huitième saison régulière dans la Ligue nationale de hockey.

Sans oublier l’apport inestimable des jeunes, Mete et Kotkaniemi. Ils ont connu la frénésie de la course aux séries éliminatoires. Ils progressent. L’an prochain donnera, il y a fort à parier, des montagnes russes d’émotions aux partisans montréalais.

Notons au passage les exploits d’Andrew Shaw qui en seulement 63 matchs a dépassé toutes les attentes en accumulant 47 points. Souhaitons que Weber et Price demeurent en santé l’an prochain et nous faisons face à un noyau assez intéressant pour entamer une saison du bon pied!

Revenons sur le dernier match de la saison, voulez-vous? Ce ne sera pas très long, je vous le promets. J’ai seulement un petit mot à dire : Ryan Poehling. Le jeune espoir du Tricolore a donné raison à Bergevin de l’avoir signé à la suite de l’élimination de son équipe dans les rangs universitaires. L’athlète de 20 ans sort de la rencontre avec un tour du chapeau en temps réglementaire et le but gagnant en tir de barrage. Pas si mal pour son premier match dans la LNH. Il faut faire attention, rien n’assure qu’il sera toujours aussi performant sur une période de 82 parties. Seul l’avenir nous le dira.

En bref, nous devons remercier toute l’équipe du CH cette année pour l’effort acharné de donner aux amateurs des raisons de ne plus douter d’eux. Ils se battaient pour une place dans le tournoi printanier jusqu’à la 81e partie. Quand même! Nous étions sur le bout de notre chaise les bras dans les airs, les yeux comme des deux dollars et les chevilles tremblantes au moindre revirement en zone neutre à la 81e rencontre. Et pour clore le tout? Une victoire contre Toronto! Non pas en prolongation… en tirs de barrage. Ouf!

Sans l’ombre d’un doute, ce matin, dans leurs maisons, l’amertume s’installe sur la langue des joueurs. Pour des athlètes professionnels, cette fin abrupte représente une défaite. S’il y a bien quelque chose que les sportifs n’aiment pas, c’est ce sentiment d’avoir perdu. Le CH a perdu sa place en série, mais a tellement gagné en maturité et en caractère qu’il me parait évident que l’année prochaine, les hommes de Claude Julien ne voudront pas perdre une deuxième fois.

Le plaisir de jouer ensemble semblait contagieux, les joueurs se complétaient, s’entraidaient, se taquinaient, les recrues ont pris leur place au sein du noyau. Ce faisant, une belle chimie animait l’équipe et électrisait les patinoires extérieures et le Centre Bell. Derrière le sentiment écrasant de l’échec, j’ose espérer qu’au post-mortem, ils prendront note de leur tour de force et que, nous, les partisans, nous nous tiendrons droits et fiers lorsque la rondelle marquer le début de la saison 2019-2020.

Après tout, nous étions si près du but. Jeudi dernier, Petry faisait résonner le poteau à Washington, la prochaine campagne, ce sera un filet silencieux qui accueillera les Glorieux en séries éliminatoires.